Chapitre 34 : 1990, UN NOUVEAU DEPART, UNE NOUVELLE ANNEE
L'année débute sous de bons auspices. Oliver nous a réservé de nombreuses salles, de très nombreuses salles et les demandes ne font qu'augmenter. On reçoit des dizaines de lettres par jour et dans chacune d'elles, les fans nous demandent des dates supplémentaires. Nous engageons régulièrement aussi. Il nous faut du personnel afin de répondre aux demandes dans tous les genres que nous avons, cela va des dates supplémentaires, aux rendez-vous, sans oublier les demandes de mariages ou nettement plus sérieux, les demandes d'interview. Oliver connait beaucoup de monde, les relations de Jon nous aident elles aussi. Bon Jovi est toujours en tournée et nous sommes régulièrement dans la salle, mais pas en première partie, nous y sommes soit le jour avant, soit le jour d'après. Nous enchaînons les titres de notre premier album, mais nous avons aussi passé un accord avec Jon, certains de ses gros succès sont repris par notre groupe. Au début, Jon souhaitait simplement que nous les reprenions, mais il faut être réaliste, sans eux, nous ne serions pas sur scène. Nous avons passé un accord commercial avec eux, et nous versons dix pour cent de nos recettes, vu que nous employons une partie de leurs titres.
Cette année, nous permet de travailler, de travailler et de travailler encore. Nous vivons continuellement ensemble, ce qui ne nous dérange pas, nous en avons l'habitude. Nous voyons régulièrement les enfants aussi, Carole et Adam se déplacent régulièrement afin de nous rendre visite et nous rentrons régulièrement à la maison. Nous avons besoin de nous resourcer, la vie de rock star n'est pas évidente. Nous n'allons pas nous plaindre, loin de là, notre métier est notre passion, mais les horaires sont difficiles, nous changeons d'hôtels régulièrement, faire et défaire les valises fait partie de notre quotidien, et parfois, nous voudrions juste rester au lit, faire la grasse matinée, jouer avec les kids.
— Les gars, j'ai besoin que l'on fasse le point sur diverses petites choses, nous dit Oliver en rentrant dans notre chambre. Nous sommes à LA, il fait splendide, nous sommes au mois d'avril, et nous avons décidé de prendre quelques jours de relâche. Oliver prend l'habitude de nous réserver les suites du dernier étage, cela nous permet d'être entre nous et de rester dans nos chambres si nous le souhaitons.
— On t'écoute, on a des ennuis ? Interroge Thomas.
— Non, pas des ennuis, mais quelques contrariétés, ajoute Oliver.
— De quel genre ? Demande Hugo. Des problèmes financiers ?
— Non, pas du tout, aucun problème de ce côté-là, je vous l'assure.
On s'installe sur la terrasse, nous avons fini de déjeuner, nous prenons le temps de savourer un café, les orteils en éventail.
— Raconte, mec, on t'écoute ! Tu sais que tu peux tout nous dire, je précise à Oliver.
— Je sais bien Julian, il n'y a rien de grave. On a besoin de personnel. On ne sait plus suivre. Tout le monde est sur les genoux. Je sais que vous ne voyez pas ce genre de choses, mais on a vraiment besoin de personnel.
— Quel genre ? Tu veux une assistante personnelle ? demande Thomas.
— Grande, blonde, bien roulée, ajoute Hector.
— Bah, si vous le proposez, je veux bien, oui, mais je voudrais une brune si moyen. Ajoute Oliver, en souriant. Je lui jette un coussin à la tête en ajoutant "et monsieur fait le difficile en plus".
— Sérieusement les gars, oui je voudrais une personne de confiance qui travaille au même niveau que moi, qui connaisse vos déplacements, vos hôtels, votre timing, qui sache ce que vous aimez, en vin ou en bouffe. Oui j'ai besoin d'aide, il faut quelqu'un qui puisse avoir les mêmes pouvoirs que moi et …
— No way, mec, pas question, coupe Thomas.
— Pourquoi ?
— J'ai, nous avons confiance en toi et pas question qu'une autre personne s'occupe de notre fric, ni de déposer les brevets, ni de faire les investissements. J'ai donné Oliver et Julian aussi, tu sais de quoi je parle. Plus jamais je ne veux vivre comme cela, je ne ferai plus jamais cela, et plus jamais je ne veux crever de faim, c'est non et c'est sans appel. Je sais que je ne vous demande pas votre avis, je ne vous ai pas laissés parler, mais le manager véreux, on a donné, les finances restent entre nous cinq, personne d'autre.
Thomas se lève et regarde au loin en prenant appui sur la barrière de la terrasse. Personne ne dit rien. Il ne lui arrive pas souvent de réagir de cette façon, alors il faut le laisser décanter, parfois cela fait du bien de dire ce que l'on a sur le cœur. Au bout de deux ou trois minutes, il se retourne, attache ses cheveux en une espèce de palmier sur le sommet de son crane, soupire plusieurs fois, puis nous parle :
— Je suis désolé, je ne t'ai même pas écouté Oliver. Toutes mes excuses, je suis désolé. Désolé les gars, tout le monde a bossé et je n'ai cité que Julian. Je ne minimise pas votre travail, ni à toi Hugo, ni à toi Hector. Quand on faisait les gigolos, mes enfants étaient dans de très bonnes mains et le travail d'écriture que vous faites en musique est essentiel à ce que nous faisons. Je suis désolé, je ne voulais pas vous vexer, aucun d'entre vous, toutes mes excuses les mecs.
— Bon, t'a fini ou tu veux un mouchoir pour pleurer ? Je sais je suis la grande gueule du groupe, ce n'est pas nouveau. Tu as raison sur ce que tu as dit, tu n'as pas laissé parler Oliver, mais je suis d'accord sur le principe, les finances restent entre nos mains à nous cinq, personne d'autre.
— Je suis d'accord pour les finances Thomas, tu as raison, ajoute Hugo.
— Tout à fait d'accord, on a eu assez de surprises, ajoute Hector. Les finances, cela nous concernent et personnellement je n'ai aucun doute sur le travail que l'on fait et je n'ai aucun doute sur l'amour que je porte à tes enfants, et aucun regret de m'être occupé d'eux et de continuer à le faire.
— Hector à raison Thomas, on te connait, tu as besoin de t'exprimer, voilà c'est fait et je pense comme Hector, il n'y a rien de personnel dans ce que tu as dit, on a tous fait et on fait encore chacun notre partie de boulot et l'ensemble est génial, en tant que musiciens ou en tant que papa. On fait un taf formidable, et on va continuer, nous dit Hugo.
— Oliver, je suis désolé, vraiment, j'ai une grande gueule, mais je pense que la force de notre groupe c'est la franchise, on a toujours été franc, il faut que cela continue, mais vas-y, je t'écoute, nous t'écoutons.
— Merci à vous tous de votre franchise. Oui, j'ai besoin d'aide et quand je dis une personne qui s'occupe de vous, comme je m'occupe de vous, je pensais à tout, sauf aux finances. S'il y a une personne qui connait la merde financière dans laquelle vous avez été, c'est moi. Je ne fais rien en finance sans vous en parler, mais votre patrimoine grandit tous les jours et je voudrais pouvoir me consacrer aux investissements. Je pense que vous devez penser à investir dans des briques, il y a de nombreuses choses que l'on pourrait faire, cela nous éviterai aussi de vivre dans des hôtels à longueur d'année, il faudrait aussi acheter des avions, enfin j'ai un tas d'idées, mais je ne sais pas réaliser cela et m'occuper de votre quotidien pour vous réserver vos hôtels ou vos restaurants.
— J'ai bien entendu mec, tu parles d'acheter des baraques et des avions ? C'est ce que tu as dit ?
— C'est ce que j'ai dit Julian, vous êtes une mine d'or, l'argent rentre par paquet. Il faudrait travailler aussi sur une ligne marketing, des dérivées du groupe, les t-shirts, les casquettes, les programmes signés, j'ai un tas d'idées, mais j'ai besoin d'aide.
— Oliver, il y a un an, on avait quatre-vingt mille dollars de dette, maintenant, tu parles d'acheter des maisons et des avions, j'avoue que je suis aussi abasourdi que Julian, ajoute Hector.
— Les gars, vous produisez des tunes, partout ou vous passez, on s'arrache vos albums, la production est régulièrement en rupture de stock. Depuis que l'on parle de lancer votre deuxième album, il y a eu cinq millions d'exemplaires réservés et les albums ne sont pas produits !!!! Vous êtes une mine d'or et il faut travailler dessus. Tout ce que vous touchez se transforme en or, alors oui, je veux investir, pas question de tout dépenser, je veux assurer vos vieux jours et les miens aussi par la même occasion. Vous brassez des milliers de dollars par jour et je vous souhaite que cela dure aussi longtemps que les Stones. Mais vous pouvez tout perdre demain ou dans quarante ans, personne ne peut répondre à cela, alors oui, on va investir tant que l'argent rentre, en briques par exemple. Je vais bloquer de l'argent afin d'entretenir ce que nous achetons. Il faut aussi acheter de plus petites maisons ou appartements qu'il faut louer, cela rapporte un intérêt et si un jour, vous êtes dans la merde, on vend les grosses baraques et on a toujours un toit sur la tête, c'est l'idée.
— J'adhère, tout à fait, mais c'est d'accord, "tu" et personne d'autre ne s'occupe des finances et je souhaiterai, enfin si vous êtes tous d'accord, que tu te mettes dans les achats qui sont faits. Quelqu'un est contre ? Demande Thomas.
— Excellente idée, ajoute Hugo.
— Parfait pour moi, nous dit Hector.
— J'approuve à cent pour cent, j'ajoute.
— Les gars, vous êtes le groupe, je suis votre assistant. Je vais investir de mon côté.
— Tu achètes pour nous quatre, tu achètes pour cinq. Tu achètes une maison, mais comme proprio tu mets cinq noms, pas quatre, insiste Thomas. Et tu n'es pas notre assistant. Tu fais partie du groupe.
— Thomas c'est votre argent, pas le mien. Et oui, je sais que je fais partie du groupe.
— Oliver sans toi, je n'aurais pas mes enfants à plein temps et Sarah n'aurait pas une tombe décente, alors si quelqu'un est contre, qu'il le dise maintenant, mais autrement, s'il y a un achat à quatre, je veux que cet achat soit à cinq personnes, maisons, appartements, avions... et je ne sais pas tout quoi. Tu es sûr d'aller bien ? Je réalise ce que je te dis, tu parles d'acheter des avions ? Je ne sais pas ce que coûte un avion, mais je ne pense pas que pour dix mille dollars on va trouver cela...
— Je vais bien ne t'inquiètes pas, je sais ce que je raconte et non pour dix mille dollars, on ne va pas acheter un avion. Vous êtes une mine d'or sur pieds, fais-moi confiance comme tu l'as fait, et si tu veux une vérification par un bureau comptable, vas-y, mais je sais ce que je fais. Et si vous êtes tous d'accord, je me joins à vous pour l'achat de diverses petites choses, mais une partie de l'argent viendra de mon côté aussi, c'est à prendre ou à laisser.
— Ok, si tu veux cela, pour moi c'est bon, et vous les gars ? demande Thomas.
Nous avons tous été d'accords avec la proposition, ce n'est que juste, Oliver a fait un boulot extraordinaire et sans lui, nous ne serions pas ce que nous sommes, nous ne serions pas ici aujourd'hui, nous n'aurions peut-être pas les enfants avec nous.
— Bon, on est d'accord, mais je n'ai toujours pas d'assistante avec cela.
— Engage, si tu parles d'acheter un avion, je suppose que l'on peut payer une personne supplémentaire ? nous dit Hugo.
— Oui, il ne faut pas s'inquiéter de ce côté-là, oui on peut engager sans souci.
— Tu as déjà fait un screening je suppose ? demande Thomas.
— Oui, j'ai eu des candidates, mais il y en a une qui sort du lot et je voudrais vous la présenter.
— Brune, blonde, bien roulée ? je questionne, un sourire aux lèvres.
— Brune, petite, charmante, souriante, elle parle trois langues et elle a un diplôme de secrétaire de direction en mains. Elle se nomme Katie Andrews, et elle est dispo directement.
— Son contrat est fait je suppose demande Thomas, en souriant. Autant de détails, tout doit être prêt....
— Heu, ouais, il manque votre signature, mais autrement, oui c'est prêt et elle devrait arriver pour que vous fassiez sa connaissance et soyez honnêtes, je veux votre avis. Si vous estimez que cela ne va pas, vous le dites, d'accord ?
Le téléphone sonne à ce moment et je décroche :
— Bonjour Monsieur, désolée de vous déranger, mais Mademoiselle Katrine Andrews est à la réception. Elle me dit qu'elle a rendez-vous avec Monsieur Oliver. Je pense qu'il est avec vous ?
— Bonjour, oui tout à fait, Oliver est ici. Faites montez mademoiselle Andrews, nous l'attendons. Merci et bonne journée.
— Je la fais monter, merci Monsieur et bonne journée à vous aussi.
— Katie arrive les gars, je dis en sortant sur la terrasse.
— Julian, tu veux bien t'habiller s'il te plaît ?
— Je dois faire quoi ? M'habiller ?
— Oui, s'il te plaît, je voudrais qu'elle puisse répondre aux questions que l'on lui pose sans devoir baver devant ton corps, enfin si possible et toi aussi Thomas. Cela vous dérange ?
— Mais non mec, on va s'habiller, on va enfiler une chemise, promis. On revient.
Nous sommes entrés dans notre chambre et comme promis, nous avons enfilé une chemise.
— Thomas, c'est la première fois qu'il nous demande de nous habiller, cela ne l'a jamais dérangé de nous voir torse nu, tu penses à la même chose que moi ?
— C'est certain, il l'a dans la peau sa Katie, dit-il avec un grand sourire.
Katie Andrews est une jolie petite brune très sympa qui a conquis le cœur de notre "manager" c'est certain. Je n'ai jamais vu Oliver bavé devant une fille, ce n'est pas son genre, pourtant, ici, il a craqué, cela se voit comme le nez au milieu du visage. Oliver ne sait pas où se mettre, il ne fixe pas Katie, chose qu'il ne fait avec personne, il regarde toujours les gens dans les yeux.
— Les gars, je vous présente Katie Andrews, c'est elle que je souhaiterai avoir comme assistante.
— Katie, je te présente Julian, Thomas, Hugo et Hector. C'est pour eux que tu vas travailler, enfin avec moi, mais pour eux.
— Bonjour à tous, Oliver m'a dit que je devais travailler pour quatre hommes, je vous voyais un peu plus âgés.
— Bonjour Katie, non, nous sommes plus jeunes qu'Oliver. Mais pas de soucis, tu es la bienvenue. Tu nous parles un peu de toi ? Tu veux un café, un thé, de l'eau ?
— Un thé avec du sucre, s'il te plaît. Merci.
Katie nous a fait un portrait de sa vie, elle est l'ainée d'une tribu de cinq, elle a fait des études de secrétaire de direction, elle n'a jamais travaillé, à part un stage de six mois, elle parle français, vu que papa est Français, italien, vu que maman est Italienne et anglais vu qu'elle a fait ses études aux Etats-Unis. Elle a conquis Oliver c'est certain, et dès qu'elle explique qu'elle parle italien, elle a conquis Thomas en moins de temps qu'il ne faut pour le dire et j'avoue que je ne suis pas indifférent non plus. Elle est pétillante et j'adore cela, elle va bien s'intégrer dans notre vie, même si je manque de m'étouffer lorsqu'elle nous pose une question à laquelle je ne m'attendais pas, mais alors pas du tout :
— J'ai une question messieurs, vous faites quoi comme métier ?
— C'est une blague Katie ? demande Hugo en arquant les sourcils, il a l'air vraiment étonné et nous aussi.
— Non, je suis désolée, je ne sais pas ce que vous faites. Oliver m'a expliqué qu'il fallait une secrétaire de direction prête à voyager entre huit et dix mois sur l'année, Australie et Europe comprise, mais non, je ne sais pas ce que vous faites, je suis désolée, nous dit-elle en ayant le rouge qui lui monte aux joues.
— Tu es engagée ma belle, j'adore ! Une nana qui ne sait pas ce que l'on fait, tu es engagée ! je lui confirme.
— Super, Julian, merci, mais je ne sais toujours pas ce que vous faites.
Thomas s'est levé, il a été prendre quelques revues dans lesquelles nous apparaissons. Il lui tend les revues, elle lit les gros titres genre "la naissance des Hard Night" ou encore "le rock dans toute sa puissance". Elle nous regarde, et ajoute :
— Vous faites de la musique ? Du rock ? Vous êtes les Hard Night ?
— Tout à fait, c'est nous.
— Je suis désolée, je ne vous ai jamais vus en concert, toutes mes excuses.
— Tu as notre album au moins demande Hector ?
— Heu.... non pas directement, je suis désolée.
Elle se tourne vers Oliver en espérant s'accrocher à une bouée de secours, et elle a raison, elle la trouve, il intervient :
— C'est ce que je veux les gars, Katie va faire son job, pas parce qu'elle est en admiration devant vous, mais parce qu'elle veut travailler. Je ne veux pas une nana qui va rougir ou tomber dans les pommes à chaque fois qu'elle vous voit. Je veux une nana consciencieuse, et pas une fille qui va s'écrouler à chaque fois qu'elle vous entend pousser la chansonnette.
— Une nana qui n'est pas en admiration devant nous ??? Cela existe tu penses ? Je réponds à Oliver en prenant Katie dans mes bras et en la faisant tourner. Elle me sourit et j'ajoute : "trop tard, mec, je viens de conquérir son cœur, comme toutes les autres".
— Sois pas vexé, Julian, mais je ne sais vraiment pas qui vous êtes, je ne connais pas votre musique, mais je vais écouter, c'est promis, enfin engagée ou pas, je vais découvrir.
— Tu es engagée ma grande, aucun souci.
En ce jour du mois d'avril 1990, nous apposons notre signature sur son contrat et lorsque je lève les yeux, je vois un immense sourire sur les lèvres d'Oliver. Si je me fais mener par le bout du nez par une petite fille de quelques mois, Oliver a trouvé son maître en la personne de Katie. Ces deux-là c'est une histoire qui roule !
Katie fait maintenant partie de nos proches, nous avons pris une bonne décision, elle est douce, calme et précise dans ce qu'elle fait. Je sais que nous allons bien nous entendre, j'ai un sixième sens pour ce genre de chose. Enfin je ne sais pas si c'est un sixième sens ou un trait de caractère, mais quand j'aime c'est pour toujours, par contre si je déteste, il y a peu de chance que cela change. Je n'ai jamais aimé Brian et cela s'est vu approprié.
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