La célébrité, mais à quel prix
Gérard Castaing était un écrivain frustré, mécontent, aigri. Il avait toujours rêvé de devenir un grand écrivain, de publier des best-sellers, de recevoir des prix littéraires, de faire la une des médias. Il avait passé des années à écrire, à réécrire, à peaufiner ses romans, à les envoyer aux maisons d'édition, à attendre des réponses. Il n'avait reçu que des refus, des critiques, des silences. Il n'avait jamais compris les "pourquoi", il n'avait jamais accepté les "pourquoi", il n'avait jamais supporté les "pourquoi". Il était persuadé qu'il était un génie incompris, qu'il était victime d'un complot, qu'il était au-dessus du lot.
À cause de cette situation, il avait développé en lui, arrogance, jalousie, et rancœur. Il haïssait le monde, le système, les autres. Il était toujours en quête d'un nouveau moyen, d'une solution, d'une revanche. Jusqu'au jour où il croisa la route de l'éditeur tant espéré : Monsieur Satan.
Aussitôt ce personnage, promis à Gérard, tout ce dont il rêvait. L'écrivain était au comble de l'extase. Enfin, il allait être reconnu, enfin une nouvelle vie s'ouvrait devant lui.
Ce contrat qu'il venait de signer était exceptionnel, inespéré, irrésistible. Il lui garantissait une publication immédiate, une diffusion mondiale, une rémunération astronomique. Il lui accordait une totale liberté, une totale créativité, une totale originalité. Il lui promettait reconnaissance, admiration, consécration.
Il lui offrait tout ce qu'il avait toujours voulu, tout ce qu'il avait toujours cherché, tout ce dont il avait toujours rêvé. Cela semblait trop beau pour être vrai, trop parfait pour être honnête, trop généreux pour être sincère. Il ne se doutait pas qu'il y avait un piège, un prix, une contrepartie.
Il ne se doutait pas qu'il venait de signer le contrat de sa vie, mais aussi, celui de sa mort.
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