Les tourments
Monsieur Satan peaufinait son œuvre et commença par envoyer à l'écrivain des cauchemars, des visions d'horreur, des voix menaçantes. Il lui faisait revivre ses pires moments, ses pires peurs, ses pires regrets. Il lui faisait sentir sa présence, son emprise, son pouvoir. Il lui faisait comprendre qu'il était à lui, qu'il n'avait aucune échappatoire, qu'il n'avait aucun espoir.
Il continua par lui envoyer des signes, des messages, des avertissements. Il lui faisait trouver des plumes noires, des croix renversées, des pentagrammes. Il lui faisait entendre des rires sardoniques, des cris déchirants, des murmures maléfiques. Il lui faisait voir des ombres, des silhouettes, des yeux rouges. Il lui faisait sentir son souffle, son odeur, sa chaleur. Il lui faisait savoir qu'il était là, qu'il le surveillait, qu'il le guettait.
Castaing ne se doutait pas que Monsieur Satan s'amusait de ses souffrances. Il ne se doutait pas que Monsieur Satan le manipulait, le contrôlait, le dirigeait. Il ne se doutait pas que Monsieur Satan lui faisait faire des choses horribles, des choses abominables, des choses impardonnables. Il ne se doutait pas que Monsieur Satan lui faisait écrire des livres, des livres maudits, des livres damnés. Il ne se doutait pas que Monsieur Satan se servait de ses livres, de ses mots, de ses idées, pour corrompre les âmes, pour semer le chaos, pour répandre le mal. Il ne se doutait pas que Monsieur Satan était fier de lui, de son œuvre, de son disciple. Il ne se doutait pas que Monsieur Satan l'aimait, à sa manière, à sa façon, à sa folie.
Annotations