Maddi

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Qu’on me croie ou non j’ai de la chance : elle y est encore. Mais alors que je m’approche, elle part avec un groupe d’amies et je suis trop loin pour l’appeler : mais l’appeler comment ? Je décide alors de regarder dans le porte-monnaie pour y trouver un indice. Bingo ! J’y trouve un laisser-passer d’artificière, avec sa photo et son prénom : Maddi. Très joli. Je dois dire que je n’avais jamais pensé à ce métier chaque fois que j’ai joué au P’tit Bac à la lettre A ! Surprenante, Maddi.

Alors que je suis son petit groupe et elle, je les vois toutes entrer dans le palais des glaces des forains le long des quais de la mairie. Je ne réfléchis pas, j’achète mon ticket d’entrée et vite je progresse entre les parois de plexiglas, qui trompent déjà mon œil. Seule différence avec les autres : au lieu de chercher la sortie, c’est vers Maddi que je cherche à aller. Et je me débrouille pas mal : alors qu'elle n’a aucune idée de mon existence même, je me rapproche d’elle et m’apprête à lui remettre ce qu’elle ignore encore avoir perdu à ce moment-là. Par l’heureux hasard de nos parcours respectifs, on se retrouve soudain figés de part et d’autre de la même vitre. Je la regarde avec une intensité folle que je peine à calmer pour ne pas l’apeurer. Elle semble au contraire ne pas être effrayée, à en juger par son sourire, qui me fait fondre.

Je vois soudain sa si jolie bouche s’approcher de la paroi. Elle souffle un air chaud, faisant prendre à sa bouche une irrésistible forme de cœur. Une vapeur perlée apparait: son fin index n’a plus qu’à dessiner un smiley. Je me trouve là, en face, immobile et silencieux, ne sachant que faire.

Faute de mieux je lève vers elle son bien dérobé, pour aller droit au but et passer la soudaine timidité qui me prend. Quand elle le voit, elle fronce les sourcils, croyant certainement que c’est moi le voleur. Je lui fais alors signe de le reprendre en prenant l’air le plus inoffensif du monde.

Elle comprend que je suis innocent et avec ses mains, me fait signe de la retrouver dehors. On commence donc à circuler, toujours coincés dans ce palais des glaces, en se suivant des yeux.

Quel agréable premier moment suspendu de ma participation aux fêtes !

Une fois enfin sortis, elle me remercie spontanément en me prenant dans ses bras comme on le ferait avec une peluche, prise d’une fougue innocente. Elle n’a aucune idée de la quantité d’infos à laquelle elle me donne accès : le petit Lauburu blanc qu’elle arbore en médaillon me dit qu’elle est attachée à la culture basque, son doux parfum poudré me dit qu’elle aime ce qui est raffiné. La fleur fraîche dans ses cheveux confirme qu’elle a le sens du goût et du détail. La douceur de sa peau me dit que la nature a choisi de la pourvoir de la plus exquise enveloppe.

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