Le fil d’Ariane

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Son porte-monnaie enfin en sa possession, elle voit que je suis seul et me propose de la suivre avec une spontanéité si grande et si chaleureuse que je ne peux refuser.

Mais alors qu’elle fait une volte face un peu trop rapide, un fil de son top en tricot se prend dans ma boucle de ceinture, et je n’ai pas le temps de la prévenir qu’elle est déjà en train de marcher, sautillant même, tout simplement de joie d’être.

Le hic est qu’à chaque pas qu’elle marque un peu trop loin de moi, le fil découd un peu plus son haut, qui menace de découvrir sa peau centimètre par centimètre. Alors que je fais tout pour décrocher ce fil, je me trouve là au beau milieu de la foule, en train de la suivre le plus près possible d’une drôle de démarche, passant certainement pour un pervers ayant flashé sur une belle inconnue.

Maddi ne m’entend pas l’appeler, les bandas que nous croisons nous en empêchent. On parcourt au moins 400 mètres comme ça, entre le ridicule et le déplacé. Et c’est bien sûr quand on s’arrête enfin que je parviens à libérer le fil.

Elle me demande mon prénom : Jon. Elle me commande de m’asseoir, et je m’exécute, laissant tomber le sujet trop terre-à-terre du fil tiré, et oubliant au passage tout sens de la fierté masculine.

Elle se place derrière un arbre du jardin de La Poterne et passe sur elle ce que je réalise être une tenue traditionnelle basque. Elle m’envoie un baiser et monte sur une scène, que je n’avais même pas encore remarquée, trop occupé à la dévorer du regard.

C’est alors que commence le spectacle qui aura marqué ma vie entière...

Une musique de mutxiko joue : d’autres danseurs sont sûrement sur la scène avec elle mais je n’ai d’yeux que pour Maddi. Elle a une aura si rare : capable d’être tour à tour candide, directive, gracieuse.

Quel plaisir elle semble avoir à chaque mouvement ! Absolument chaque centimètre de vêtement est parfait sur elle : son corset noir souligne impeccablement sa fine taille, et le soigneux laçage de ses chevilles rend ses jambes sublimes !

Elle arrive en une apparition à ôter la stupide pensée que ce genre de robe est démodé ou que ces danses sont surannées. Au contraire elle me plonge dans une transe envoûtante à travers son fandango arin-arin, me privant de tout sarcasme qu’un non initié pourrait avoir à la vue de telles danses d’autrefois. Pourtant culturellement ces danses sont intemporelles.

Je la regarde, et je me dis que je n’ai de ma vie jamais posé mes yeux sur quelque chose de si beau.

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