chapitre 1
Ça y est... Je levai la main, ma main droite, et la plaçai dans mon champ de vision. Elle était belle, vraie, et bougeait selon mes volontés. Le bout de mes doigts frémissait même au contact de l'air. Je tournai ensuite la tête, d'abord à gauche puis à droite. Mes yeux scannaient de vue l'immense pièce. Un doux frisson m'enveloppait petit à petit. Je regardai les docteurs, debout face à moi. Ils ne parlaient pas, n'osaient bouger. Ils me fixèrent simplement de leur regard de scientifique fou. Je devais sans doute les intimider... J'étais leur toute première réussite, leur premier trophée.
Je décidai soudain de marcher. Je levai la jambe dans un mouvement trop brutal ce qui me fit perdre mon équilibre un court instant. Un des docteurs voulut intervenir et venir à mon aide mais je le stoppai d'un bref mouvement de la main. Je devais réussir seule. Je recommençai l'opération et réussis cette fois à mieux me contrôler. Je ne pus avancer que d'un pas. Ce n'était pas tout à fait naturel, mais qu'importe. J'étais là, debout. J'étais là.
— MESDAMES ET MESSIEURS. Je me permets d'affirmer haut et fort et avec fierté la réussite de notre travail. A-28 est une réussite !
Des applaudissements jaillirent de partout. Je pris de grandes bouffées d'inspiration et me contentais de sentir mon environnement.
— Ne devrions-nous pas l'appeler par son vrai prénom ? demanda Robert.
— Oui c'est vrai. Excusez-moi.
Il se tourna vers moi puis m'appela :
— Mademoiselle Félicia. Si vous me le permettez...
Il se positionna à mes côtés et m'attrapa poliment la main :
— Longue vie à notre Félicia ! Et bravo à nous tous !
La gêne m'embêta brièvement mais je l'oubliai très rapidement et la remplaçai par la joie. Certes, ce n'était que le début, mais il avait enfin commencé. Je devais juste me montrer un peu plus forte et plus patiente. Et qui sait, un jour viendra où j'oublierais toutes les douleurs du passé.
Ce 28 avril 2218, je me sentis bien, forte et heureuse. Cela faisait longtemps que je n'avais pas ressenti ça. La main d'Hector, le responsable de ce projet, se fit plus insistant. Je penchai alors la tête et entrevis son visage. Il présentait un regard victorieux, plein de promesses sur son public. Il était intimidant et faisait peut-être un peu peur à ce moment précis, mais c'était grâce à lui qu’aujourd’hui mon rêve s'était réalisé. J'étais fier de son travail, j'étais... Merde.
Je ne pouvais plus bouger. Mon corps était comme paralysé. J'eus soudain froid puis, plus rien. J'étais hors-service.
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