chapitre 5

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  Le soleil venait de se lever et les oiseaux chantaient de leur petite voix fébrile. La nuit m'avait quelque peu calmé mais aucune amélioration ne s'était déclarée depuis. La déception s’immisçait en moi petit à petit mais je ne cédais pas. Soudain, un bip retentit puis la porte de la chambre s'ouvrit. Quelqu'un entra et s'avança lentement vers moi. J'entendis des coups de stylos sur une feuille et des pas tout autour de moi. L'individu s'arrêta enfin au bout de quelques minutes puis m'appela :

— Félicia ?

  Sa voix était douce et attentionnée. Pourtant, je fus mal à l'aise. Il était rare qu'on m'appelle par mon vrai prénom. C'était réconfortant et bizarre à la fois. Ce prénom me rappelait ma famille, ma vie d'avant, mais il m'était aussi étranger comme si je ne pouvais plus, ne devais plus être appelé ainsi.

— Félicia ? Est ce que tu m'entends ?

  Encore et toujours la même question... Et bien sûr, aucune réponse de ma part. Une certaine lassitude se développa en moi.

— Félicia...

  Qu'est-ce que ce prénom me faisait mal au cœur... Il reprit la parole après un court temps de pause.

— Je vais te faire passer quelques tests. J'aurais besoin que tu coopères avec moi. Si tu es là, et je n'en doute pas une seconde, j'aurai besoin que tu me le montres... Commençons.

  Il s'approcha un peu plus près de moi. Je vis alors son visage. C'était Robert. Il me mit plusieurs capteurs ici et là. Puis il débuta ses séries de test. J'essayais quant à moi de me montrer la plus coopérative possible.

  A la fin, le bilan fut assez mitigé. Mon cerveau était bien réactif, ce qui me rassura un tant soit peu mais cela n'assurait en rien que c'était moi qui le faisait réagir et que même si c'était le cas, si je n'arrivais pas à bouger, je risquerais d'être débranchée, n'étant plus opérationnelle. Génial... On resta ainsi tous les deux immobiles un bon moment. Puis, alors que je m'attendais à ce qu'il sorte de la pièce les tests étant finis, Robert s'avança encore plus près de moi. Son visage se colla presque au mien et il me chuchota à l'oreille :

— Félicia. Il faut que tu réagisses, et très vite. Sam veut t'éteindre et passer à un autre patient. Hier, tu nous a prouvé que tu avais toutes les capacités pour cette mission. Ne nous déçois pas en si bon chemin. Réveille toi.

  Je voulus le regarder dans les yeux. Lui montrer que je voulais me réveiller aussi, que je souffrais intérieurement à cause de ça.

— Tu m'entends Félicia ? On risque de te débrancher si tu ne réagis pas vite. Tu veux qu'on t’éteigne, c'est ça ?

  Mon cœur me faisait mal, de plus en plus mal. Mais pourquoi me parlait-il sur ce ton ? Ce n'était pas de ma faute si je n'arrivais pas à bouger. C'était de la faute à ce corps !

— Félicia... Tu ne veux donc pas revoir tes parents ? Ils t'attendent dehors. Tu veux donc que je parte leur dire que leur fille risque de mourir définitivement sans possible retour en arrière. C'est cela que tu veux ?

Bah merde alors. Il s'était réveillé du mauvais pied ou quoi. JE NE PEUX PAS BOUGER !!

— Bon. Je vois. Tu n'es décidément pas assez forte. J'aurais cru le contraire. Je vais dès maintenant demander aux autres de t'éteindre. Que ce soit maintenant ou ce soir, cela reviens au même, non ?

  La colère explosa en moi. Mais pour qui se prenait-t-il ? J'avais mal. Je hurlais intérieurement de tous mes poumons. C'était comme si un tremblement de terre détruisait tout en moi. Je serrai mes dents de toutes mes forces. Puis, je tentai d'ouvrir ma bouche. Je m'imaginais en train de hurler pour de vrai. Je m’imaginais entendre un cri aigu, fort et rempli de douleurs. Un cri tellement fort à m'en détruire les tympans et à briser quelques verres. Des bouts de verres qui éclateraient de mille feux dans la chambre comme un feu d'artifices. J'eus soudain vraiment très mal au oreilles. Si tout cela avait été réel, j'aurais pensé qu'ils saigneraient. Et ma gorge.... Qu'est ce qu'elle me brûlait ! Mon imagination était vraisemblablement très convaincante.

— ARRETE CA !!!!! CA SUFFIT !!

  Hein ?... Arrêter quoi ? Je ne faisais que m'imaginer une scène qui ne se réalisera jamais.

— FELICIA ! S'IL-TE-PLAIT ! STOP !!!

  Je le regarda alors. Je le regardai ? Je fermai d'un coup ma bouche. Il saignait des oreilles. Mais pourquoi ? Je me regardais instantanément. J'interceptais sur le matelas un peu de liquide jaunâtre de part et d'autre de mes oreilles. Du sang robot ? Je me redressai brusquement. Puis, je le fixai du regard, incrédule. Venais-je de crier ?

  Robert hocha de la tête positivement, me lança un timide sourire puis tomba dans les pommes.

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