Prologue
Hivers 2010, dans une lointaine contrée
Une nuit d’hivers, à l’heure où tous sont censés dormir, on pouvait apercevoir une faible lumière émaner d’une maison de pierre éloignée de la ville que seules les Luminées éclairaient encore faiblement.
En nous approchant, il était possible de voir malgré la pluie battante, que cette lumière provenait d’une chambre… Si nous passions la tête à travers cette fenêtre, on constatait la présence non pas d’un, ni de deux, mais de quatres individus témoins du plus beau cadeau qui puisse être donné à un homme et une femme.
La scène pourtant donnait en apparence, l’impression du contraire. La jeune femme, d’une beauté surprenante, était allongé sur un immense lit à baldaquin aux ornures dorées, le visage crispé par la douleur. Un homme, grand, mince, se tenait à son chevet, lui tenant la main avec douceur. Il l’encourageait avec toute la bienveillance dont il était capable mais la jeune femme lui serait la main tellement fort dès qu’une nouvelle contraction arrivait qu’il ne pouvait s’empêcher de grimacer, priant alors pour qu’il n’en perde pas l’usage même si cela semblait sans espoir !
“Allez-y madame, vous y êtes presques !” L’encouragea le vieux médecin, petit homme rond avec de minuscules lunettes ovales. Dans un sourire, il regarda la jeune femme qui lui jetait des regards desespérés. On voyait la tête !
“Cécilia, apportez-moi un linge propre.”
“Tout de suite monsieur !” S’exclama l’infirmière en s’activant. Se tournant alors vers la future mère, elle déclara dans un sourire rayonnant qui masquait la fatigue qui avait commencé à la gagner. “Il arrive !”
Dans un ultime effort, la femme poussa et hurla, donnant toute l’énergie qu’il lui restait, puis retomba dans les draps humides, épuisée.
Délicatemment, le vieux médecin prit le nouveau né dans ses bras et l’enveloppa du linge que l’infirmière qui l’avait secondé, Cécilia, venait de lui tendre timidement. C’était la première fois qu’elle assistait à la naissance d’un enfant. Il coupa le cordon puis déposa l’enfant sur sa mère. Il s’essuya ensuite le front, soulagé que tout ce soit passé sans la moindre complication.
“Monsieur et Madame d’Aurovant, je vous présente votre fille !” Déclara alors l’infirmière très excitée, ayant alors oublié qu’elle était épuisée elle aussi.
La toute jeune maman, les yeux emplis de larmes, observa la petite créature qui reposait paisiblement contre son cœur. Elle pouvait entendre chacune de ses respirations et chacune d’entre elle lui procurait un bonheur infini iradiant son visage.
Son mari aussi souriait, il n’aurait pu être comblé d’avantage. Il y a presqu’un an, il avait épousé une femme extraordinaire qu’il aimait d’avantage chaque jour et aujourd’hui, il avait une fille, une adorable petite fille qu’il aimait déjà plus que tout.
Un coup de tonnerre retentit alors, brisant le petit havre de paix qui s’était installé. Le bruit fut sec, brutal. A travers la fenêtre éclairée, on vit l’arbre touché prendre feu avant de s’éteindre rapidement face à l’intensité de la pluie qui tombait.
A ce bruit qu’elle ne connaissait pas, la fillette se mit à pleurer et hurler sans que sa mère ne parvienne à la calmer. D’un geste tendre, son mari posa une main sur son épaule et prit pour la première fois, son bébé dans ses bras, espérant avoir plus de succès que son épouse.
A peine eut-il calmé les pleurs de l’enfant que la porte s’ouvrit à la volée. Il n’y avait pourtant personne d’autre dans la maison et ni le médecin, ni l’infirmière n’avaient quittés la pièce, toujours occupés à ranger le matériel médical. On avait dû entrer alors même que la foudre s’abattait sur l’arbre.
L’ombre se révela sous la lumière chacelante des bougies éclairant la pièce. Il ne fallut guère plus d’un instant pour qu’Elysia et Faelan ne comprenne de qui il s’agissait. C’était l’ombre d’une femme, une femme que beaucoup respectaient, mais que tous craignaient…
“Gr… Grande Sage Philipine… Que… Que nous vaut le plaisir ?” Begaya Faelan d’Aurovant qui, malgré une grande assurance en temps normal, ne pouvait s’empêcher de penser que la vieille femme ne venait pas pour de simple félicitations…
“Monsieur. Madame.” Les salua-t-elle. Bien que le roi et la reine soient de toute évidence ceux qui détenaient le rang le plus élevé, la vieille sage était de loin la suivante. Elle n’avait par ailleur rien d’une femme égoiste qui profiterait de son rang pour rabaisser les autres, bien au contraire. Elle vouait un grand respect aux d’Aurovant qui, bien que très différents d’elle, n’en étaient pas moins des êtres bons et respectables.
Son regard s’attarda ensuite vers l’enfant. Son visage s’adoucit mais le médecin ébahie de voir cette femme dont tout le monde parlait juste devant lui et qui n’avait ainsi pas bouger d’un millimètre, perçut une once de tristesse dans son regard.
“Je ne suis pas venue en simple visite de courtoisie, vous vous en doutez...” Déclara la vieille sage en s’appuyant sur sa canne en bois massif qui ne la quittait jamais. Elle était usée et tordue, mais elle l’aimait bien cette canne… “La prophétie… Elle est entrain de se produire...”
“Quelle prophétie ?” Demanda le jeune père qui fouilla dans sa mémoire à la recherche d’une quelquonque information qu’il aurait manqué ou oublié.
La vieille sage Philipine rassembla ses esprits. Il ne lui était encore jamais arrivé de chercher ses mots et pourtant, elle ne savait trop que dire ni par où commencer…
“Il est revenu...” Furent les seules paroles qu’elle parvint à prononcer. Ces mots aux oreilles des d’Aurovant, prirent tout leur sens. Pour preuve, leurs visages s’étaient décomposés et la main de Faelan s’était à nouveau faite broyée.
Remarquant cela, sa femme dessera son emprise en murmurant quelques excuses.
Pendant cette petite interlude, la vieille sage réflechit. Pourquoi diable avait-elle du mal à trouver ses mots ? Elle en avait découvert des prophéties, elle avait dû les annoncer et cela n’avait jamais été facile, surtout…
Quoiqu’il en soit, elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’ici, c’était différent.. Pourquoi ? Etait-ce parce que cela touchait le petit être innocent, endormi dans les bras de son père ?
Sans aucun doute.
“Je ne voudrais certainement pas être impertinante ou quoique ce soit mais… Pourquoi être venus nous voir, nous précisemment ?” Osa finalement Elysia, brisant le silence qui s’était installé, sachant pertinament qu’elle regretterait très vite d’avoir posé cette question.
“Quel est son nom ?” Demanda Philipine en désignant l’enfant.
“Lucy… Elle s’appelle Lucy.” Répondit la jeune femme en soupirant tristement. Elle ne mentionnait pas la fillette par hasard. La grande sage Philipine ne faisait jamais rien par hasard.
“Eh bien Lucy d’Aurovant court un grand danger. Il est important d’agir au plus vite.” Elle détourna son regard de la famille et ajouta d’une voix emplie de gravité.
“Avant qu’il ne soit trop tard...”
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