Devait-elle partir comme le lui avait conseillé le principal ? Sans doute était-ce le choix le plus résonnable et pourtant, Lucy s’assit sur le banc, prenant tout de même soin d’être le plus loin possible de l’homme à la barbe de charpentier.

“Qu’est-ce que vous me voulez exactement ?”

“J’aimerais te révéler la vérité… Sur tes origines.”

Lucy comprit alors. Il parlait de ses parents biologiques. Peut-être les connaissait-il… Et s’il était son…

“Rassure-toi, je ne suis pas ton père. Mais je le connais, ainsi que ta mère. C’est d’ailleurs la raison de ma venue.” Déclara l’homme comme s’il avait lu dans ses pensées.

“Je… Je m’en fiche.” Fit Lucy d’une petite voix, détournant vivement le regard en fixant le sol.

“Bon, alors je m’en vais...”

Astor fit mine de se lever mais à la dernière minute, Lucy le retint en prononçant un simple mot.

“Attendez” Après tout, qu’est-ce que cela pouvait bien lui couter ? Elle n’allait pas fuir alors que la vérité était peut-être là, prête à être entendue…

“Je suis conscient que ce n’est pas simple, tu ne les as jamais connu et tu leur en veux peut-être. Il n’empêche que ton cas est un petit peu… Particulier.”

“J’ai une famille que j’aime et qui m’aime, je n’ai pas peur de ce que vous allez me dire… Allez-y je vous écoute.”

“Bien. Je te demanderais de ne pas m’interrompre. S’il-te-plait, c’est important.”

Une fois qu’elle eut acquiescé, il se toucha la barbe, réflechissant à la meilleure manière d’aborder son histoire. Finalement, il se lança, regardant droit devant lui pour éviter d’être perturbée par la jeune fille visiblement curieuse qui attendait qu’il commence.

“Tes parents viennent d’une contrée que tu ne connais pas, dont tu n’as jamais entendu parler et qu’aucun de tes proches ne connaitra non plus. C’est endroit, c’est Xolandias, terre solitaire dans notre langue ancienne. Ils étaient si heureux de te voir arriver, si tu avais pu voir la joie qui irradiait leurs visages dès qu’ils ont pu te tenir dans leurs bras pour la toute première fois ! Malheureusement, leur bonheur n’aura pas duré bien longtemps. Une prophétie a été annoncée, elle concernait le plus grand ennemi que notre peuple ait jamais connu, ainsi que… Leur adorable nourrisson, leur petite Lucy.”

Il s’arrêta pour respirer, prenant le temps de rassembler ses esprits. Lucy, bouche-bée, n’argumenta pas ni ne posa de question, attendant simplement qu’il continue son récit.

“Pour te protéger, ils ont prit la plus lourde décision qu’ils n’aient jamais du prendre. Ils décidèrent de te cacher pour qu’il ne te trouve surtout pas. Ce ‘il’ Lucy, représente le Mage Noir, un être extrêmement puissant qu’on n’avait plus revu depuis trois siècles. Mais il avait réussi, il était réapparu cette nuit ou tu étais née… La guerre fut alors déclarée, le royaume se divisa. Alors que certains voulaient livrer l’enfant, les autres refusaient de jouer dans la direction de celui qui les avait detruits il y a de cela plusieurs siècles. Cette guerre dura treize longues années, années qui resteront à jamais dans nos mémoires… Mais elle s’est arrêtée, il y a plus d’un an, sans que personne ne sache ni comment ni pourquoi, le Mage Noir a disparu, comme volatilisé. Tout porte à croire que nous avons gagné, qu’il est parti, pour de bon cette fois… Tes parents m’ont alors envoyé te chercher pour te ramener… Si tu le voulais bien. Sache que le choix t’appartient entièrement mais tu n’imagines pas la joie que cela leur apporterait d’enfin te retrouver...”

Lucy continua de le fixer, sans rien dire. Elle avait bien compris qu’il avait terminé son récit mais pourtant, elle restait là, attendant qu’il ajoute quelque chose.

Elle réalisa finalement qu’il attendait d’elle une réaction ou bien une réponse. Alors elle éclata de rire…

“Qu’est-ce qui est donc si drôle ?” Demanda Astor en la dévisageant le plus sérieusement du monde possible…

“Heu, vous êtes sérieux ?” Finit-elle par prononcé en calmant le rire nerveux et un peu forcé qui l’avait prit, lui permettant tout de même de cacher la petite larme qui avait coulé le long de sa joue. Si cet homme était prêt à inventer tout ça, c’était que la situation était bien plus horrible qu’elle ne pouvait l’imaginer. “Non mais vraiment ? C’était passionnant, vous avez un don sans conteste pour raconter des histoires, mais… Vous pouvez me dire la vérité vous savez. Je vous l’ai déjà expliqué, j’ai une famille aimante sur laquelle je peux compter. Alors qu’importe ce que ceux qui m’ont donné la vie sont… Ils sont drogués c’est ça ? Des psychopathes peut-être ? Allez-y, je veux la vérité...”

“Je savais bien que j’aurais du mal à te convaincre… Je peux pourtant t’assurer que je ne suis pas du genre à mentir, d’autant plus à propos d’un tel sujet...”

“J’ai du mal à vous croire… Comprenez, je veux dire, vous me parlez d’un Mage Noir, d’un endroit qui n’existe que dans votre histoire et d’une prophétie de laquelle je serais le peronnage principal. Normalement, je me réveil après une telle révélation. Parce que ça n’existe que dans ma tête ce genre d’histoire...”

Et pourtant, Lucy ne pensait pas vraiment ses propres paroles. En réalité, une petite voix lui disait de l’écouter, cet homme à la barbe de charpentier, que ce qu’il disait n’était peut-être pas complètement faux…

“Bon, viens… Je sais comment te prouver que ce que je t’ai raconté est vrai.”

Lucy, hésitante le suivit, ne sachant pas encore que cette discussion changerait à jamais le cours de son existence...