Pas de Dan à 23h10. Ça me fait chier d'un sens même si j'ai pas vu le temps passer. Je ne sais pas si quand Dan dit 21h00 c'est 22h00 ou 23h30 ? Mais ça me fait chier.

Je ne sais même pas pourquoi je l'attendais.

La serveuse laide accuse le coup j'ai l'impression mais elle sourit toujours quand je la regarde et c'est moins un supplice qu'au début. Mais bon dieu quelle mocheté !

Je règle mes verres, putain la note est salée ! Je laisse 10 euros à la serveuse et j'ai envie de lui donner l'adresse d'un coiffeur mais je ne dis rien et j'évite de la regarder parce qu'elle sourit de plus belle.

En me dirigeant vers la sortie, j'avise la table de ma jolie champêtre et elle est seule avec un fond de boisson rose dans son verre. Je m'assieds devant elle, ne me demandez pas pourquoi. Un léger mouvement de recul, un air en point d'interrogation, un sourire malgré tout. Alors je reste. Elle triture juste son collier avec une pointe de nervosité, juste un soupçon. La verroterie autour de son cou envoie des petits flashs lumineux et colorés et une plume verte caresse son menton. Je fais de mon mieux pour faire le gars à la cool, nature et tout. Pas le gars passablement pété quoi. C'est pas facile.

Elle est vraiment jolie, à peine maquillée. Par contre, même de près, elle ne sent pas l'herbe coupée ce qui me déçoit un peu. Je n'ai rien à lui dire à part lui parler de cet enfoiré de Dan que j'attends depuis plus d'une heure parce que Dan clignote comme un néon dans ma tête. Ça fait Dan, Dan, Dan comme une enseigne bleue fluorescente.

Quand elle me demande si ça va je me lève d'un bond et elle sursaute elle aussi. Ma chaise tombe. Je l'enjambe comme je peux et me mets à courir, enfin marcher vite puis courir.

Je pousse brutalement la porte comme si ma vie en dépendait. Je slalome entre les bagnoles sur le parking.

Manquerait plus que l'hideuse serveuse fasse sa pause dehors et me croise pour que j'en conclus à une sorte de malédiction.