9/ Invité surprise

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 Devant ses exploits, Malgati sentit un regain de confiance monter en lui.

 « C'est mon moment. Pour aider le village. Pour ses habitants. Je dois libérer Quinquati des griffes de ces monstres. Et j'y arriverai car, moi, Malgati, suis le plus preux des chevaliers. »

 Il atteignit l'orée d'une autre clairière, plus vaste encore que celle de l'Immense. Trois bâtiments étaient installés en son sein, construits à base de pierre et étrangement de bois. À l'extérieur de ceux-ci, une trentaine de créatures semblables à des hommes occupaient l'endroit. Ils mangeaient, buvaient, parlaient, dansaient, chantaient, dormaient, riaient, bref, ils vivaient. De la lumière provenait de deux grands orbes flottant en l'air. Comme une ombre, Malgati emprunta les chemins les moins éclairés et les moins occupés, lui permettant d'attendre la porte de l'un des édifices. Plusieurs personnes à l'intérieur le virent rentrer. Un silence s'installa dans la bâtisse.

 Pour une fois, Malgati choisit la politesse. Il ignorait qu'il n'était pas de taille face à tant d'adversaires en même temps, mais il désirait récolter des informations.

 — Bonjour à tous ! Je cherche mon ami Quinquati. Je sais qu'il est détenu ici.

  Les membres de la foule échangèrent entre eux à voix basse :

 — Qui c'est, lui ?

 — Je sais pas, jamais vu.

 — Quinquati ? C'est le nom du gars qu'ils ont ramenés ?

 — Je sais pas. Possible.

 — Alors ? demanda Malgati.

  Le silence retomba.

 — Qui me dit où il est ?

 — Il est retenu dans les geôles invisibles ! s'avança un vieillard. Vous ne retrouverez pas votre ami, et personne ne vous laissera le libérer. Les dieux ont décidé de son sort, plus rien ne peut le modifier.

 — Les dieux ? s'exclama le soldat. Vous parlez de ces monstres dégoûtants ?

 — Eh bien... Oui, je suppose que ce sont eux.

 — Vous êtes qui, vous, alors ?

 — Leurs fidèles serviteurs, expliqua le barbon. Nous avons emménagé ici il y a quelques heures sur leur demande.

 — Quoi ? Vous me prenez vraiment pour un con. Personne ne peut construire de maisons aussi vite.

 — Oh oh oh, s'amusa le vieil homme, nous ne les avons pas construites, mais amenées.

 — Bien sûr, souffla Malgati. Bref, j'en ai rien à faire de vos histoires. Alors vous allez tout de suite me rendre mon ami, sinon ça va barder, je vous préviens.

 — Il n'est pas ici, monsieur, répéta un des habitants.

 — Et ce n'est pas de notre ressort de vous le confier, ajouta un homme trapu.

 — En effet, confirma le vieillard. Les dieux seuls peuvent décider de cela. Mais, je vous évite de suite des ennuis et vous confie un secret, monsieur... ?

 — Quoi ? ne comprit pas Malgati.

 — Comment vous appelez-vous ? reformula l'ancien.

 — Soucia, mentit l'ingénieux soldat. Le deuxième plus valeureux soldat du monde, après l'impressionnant Malgati, bien évidemment.

 — Très bien, Soucia. Les dieux ne réviseront pas leur jugement. Il a été donné définitivement, de leur parfaite impartialité, et vous devez accepter que votre ami ne peut faire autrement que subir sa punition. Essayez de remettre en cause leur choix, et vous aussi serez puni. Quinquati est condamné, et rien ni personne ne pourra rien y changer.

 — Mensonges, une fois de plus !

 — Désolé. C'est la stricte vérité. Vous m'en voyez navré. Rentrez chez vous désormais, avant que l'on vous reproche de vous aventurer dans des contrées interdites.

 — Appelez-moi vos dieux, exigea Malgati. J'ai à leur parler, en face à face.

 — Mais enfin, ne m'écoutiez-vous donc pas ?

  Soudain, la porte s'ouvrit derrière Malgati.

 — Le voilà, c'est lui ! Je t'avais bien dit que j'avais vu quelqu'un de bizarre !

 Le guerrier se retourna vers les deux individus basanés qui venaient d'entrer. Il donna un coup de pied dans l'entrejambe du premier, qui s'écroula au sol pour contenir la douleur, puis enroula son bras autour du cou du second.

 — Que vous prend-il ? s'inquiéta le vieil homme.

 — Si vous ne me rendez pas Quinquati, je fais un massacre. Je vous buterai tous, un à un, jusqu'à mon dernier souffle. Je réduirai vos dieux en charpies !

 — C'est de la folie ! s'exclama l'homme à la carrure imposante. Relâchez-le, vous l'étouffez !

 — Libérez mon ami ! s'obstina Malgati

 — Mais on n'y peut rien ! répéta encore une des femmes.

 — Si vos dieux en sont réellement, ils m'arrêteront avant que je vous tue tous.

 Malgati resserra son étreinte. Le prisonnier suffoquait. Son compagnon se releva et fonça dans les jambes de métal, provoquant la chute de Malgati, libérant son otage. Ce dernier reprit sa respiration, encore saccadée. Son camarade frappa alors la cuirasse de ses poings de toutes ses forces. Évidemment, le soldat ne ressentit rien sous cette protection. Il le repoussa et sortit son épée. Son adversaire de suite cessa sa fougue et leva les mains devant son visage.

 — Doucement, doucement. Ne fais rien que tu puisses regretter.

 Les deux se relevèrent en même temps. Malgati faisait danser son arme dans les airs.

 — D'accord, accepta-t-il finalement.

 Son casque cachant un sourire amusé, il trancha un bras de l'homme au sol, qui se mit à hurler.

 — Il est taré... Il est complètement taré ! s'affola le compagnon debout, amorçant sa fuite.

 Malgati l'empêcha d'alerter ceux dehors d'un coup d'épée vertical, qui déchira son épaule jusqu'à son nombril.

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