17/ Interlude Silencieuse
Autour de lui, Quinquati ne voyait rien, ne ressentait rien. Le monde qui l'entourait, vide. Vide. Pas du noir. Pas du blanc. Rien. Juste, rien. Il ne sentait plus la douleur de son dos. Pas non plus le soulagement d'en être débarrassé. Non, c'était vraiment le vide complet. Et pourtant, son cerveau fonctionnait encore. Il avait encore pleinement conscience de son existence.
Il avait essayé de marcher, mais le sol ne se déroulait pas sous ses pieds. Il flottait, au-dessus de rien, dans rien. Du coup, il ne flottait pas vraiment. Il en vint à se dire que même s'il pouvait se déplacer, il n'aurait nulle part où se rendre.
Ses pensées eurent vite fait le tour des possibilités ; impossible de s'échapper d'ici. Plus rien d'autre à faire que d'attendre. Attendre seul. Seul avec soi-même. Seul avec ses souvenirs qui tournaient en boucle. Ces souvenirs qui le hantaient. Les arbres qui avaient composés toute sa vie, palliatif aux relations sociales. Ce moine qui l'avait recueilli en toute générosité, et qui pour seule récompense avait reçu d'injustes disputes. La mort de ses parents, tragique événement encore inexpliqué, le tourmentait encore. On disait son père assassiné. Personne n'avait retrouvé le meurtrier. On disait sa mère prise au piège dans un incendie. Personne n'en avait déterminé la cause. En deux jours de temps, il avait perdu les deux êtres les plus chers à ses yeux. Et Quinquati soudain se dit qu'il s'agissait là de la raison de sa tristesse et de sa solitude. Jamais ce petit enfant n'avait réussi à encaisser le choc. Voilà les conséquences : des monstres déployés dans son monde, l'éternité dans le vide.
Il ressassa de la sorte pendant des heures, des jours peut-être. Le temps existait-il seulement ici ? Puis, la rage, la déception passées, l'ennui prit place. Car rien en ces lieux ne pouvait distraire. Il se résigna soudain à ne plus tenter quoi que ce soit, s'engouffrant dans un état léthargique, sachant que personne ne viendrait jamais le libérer.
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