20/ Ultime hoplomachie

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 Malgati, dans sa tunique de cuir brun, ramassa sa claymore en foudroyant du regard le serviteur fuyant. Puis les éclairs passèrent sur Jankürl, sûr de lui, triomphant toujours de son exploit précédent, et jubilant d'avance de celui qu'il s’apprêtait à accomplir.

 Le soldat décrivit des arcs de cercles dans le sol avec la pointe de son pied, levant des volutes de poussières. Il effectua quelques pas, son adversaire l'imitant, puis :

 — Attends stop ! C'est de la triche !

 — D... De quoi ?

 Aussi sûr que Jankürl l'était de ses aptitudes au combat, il se trouvait toujours décontenancé par les paroles de Malgati.

 — Ben j'ai mal aux jambes. Vous m'avez tiré deux flèches dessus. On n'est pas à égalité.

 — C'est gênant, en effet...

 — Il va pas le soigner avant de le combattre quand même ? songea Karkoff à haute voix.

 Sa remarque amusa ceux qui l'avait entendue, tout en les inquiétant un peu. Jankürl était tout à fait capable de demander à guérir le soldat pour obtenir un affrontement équilibré et démontrer ainsi toute sa force et sa supériorité.

 Le maître archer allait proposer de s'infliger les mêmes blessures que l’humain quand ce dernier déclara :

 — Bah, tu sais quoi ? Peu importe. Je suis tellement fort, je n'ai pas besoin de mes jambes pour te battre.

 — Si tu le dis ! Mais fais attention à toi ! Puisque tu clames être si puissant, j'attends de toi une lutte digne de ce nom !

 — Tu peux compter là-dessus.

 Il se rua sur Malgati, poussant un cri pour se donner de la force. Le soldat avança tant bien que mal, ignorant de son mieux la douleur lancinante lui dévorant les jambes. Il contra avec son épée l'attaque transversale de Jankürl, qui avait prévu qu'elle ne l'atteigne pas. Il poursuivit son mouvement, son espadon grattant la surface de l'autre lame, puis l'envoya vers l'humain. Ce dernier avait eu le temps de percevoir ce qui se tramait et plia ses genoux, ses cheveux courts échappant de peu au croc de l'espadon. Jankürl compensa le mouvement de son arme en fléchissant son corps et en s'ancrant sur ses appuis.

 L'époque où il suivait un apprentissage au combat au corps-à-corps loin derrière lui, des réflexes musculaires avaient tout de même subsisté. Jankürl fut satisfait de sa technique encore présente malgré des années sans pratiquer, et, approchant les mains de son torse, il rabattit sa lame vers Malgati. Mais celui-ci avait également eut le temps de porter un coup d'épée. Jankürl ne l'avait pas anticipé, et le résultat ne fut pas fameux ; son estomac recrachait son dîner de la veille ainsi qu'un geyser érythrocytaire.

 Dans un dernier sursaut, le cerveau de Jankürl envoya une impulsion au corps, qui termina son mouvement sur le flanc de Malgati, avant de ne plus détenir aucun contrôle.

 Malgati poussa un petit cri de douleur et son adversaire, un râle silencieux. Le valeureux guerrier passa ses doigts sur son flanc et remarqua qu'il était tranché de plusieurs centimètres. Niant toujours la vérité, sachant pourtant au fond de soi-même ce qui lui arrivait, il regarda sa main ; son propre sang la tachait. Il lâcha son épée, tomba sur ses genoux et son regard apathique croisa celui tout aussi vide du chef à la chevelure albâtre.

Ce fut au cours de ce bref combat que les deux êtres les plus présomptueux et confiants périrent.

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