27/ Biathlon improvisé
Malgati passa de la marche à la course lorsqu'il remarqua les serviteurs de nouveau à sa poursuite.
"Pourquoi ça n'a pas fonctionné ?"
La flèche du pendentif avait redoublé d'intensité, mais comment savoir laquelle indiquait le passage ? En parlant de flèche, une se fracassa sur l'armure reconstruite du soldat.
— Je... Je suis tout puissant, vous avez oublié ? tenta-t-il, peu confiant.
— On connaît la vérité ! hurla Karkoff en sautant sur une branche. Tu as encore l'opportunité de te rendre !
— Hors de question !
— Dans ce cas, nous te tuerons !
— Plutôt mourir !
— Euh... Oui.
Malgati n'avait jamais été très doué pour courir, et son blindage le ralentissait. Malgré ses efforts, les archers ne ressentaient pas le besoin de changer d'arbres aussi souvent qu'il l'aurait voulu. Un peu moins de quatre projectiles atteignaient l'homme de métal toutes les dix secondes.
— Visez la jointure des jambes ! ordonna le chef. C'est son point faible !
— Pourquoi on le poursuit, déjà ? questionna Morlan qui n'avait pas tiré depuis le début de cette seconde chasse.
— Je vous expliquerai tout après, éluda Karkoff, qui manqua de peu le pied de l'humain.
— Non, maintenant ! exigea l'élite. Je ne tire pas si je ne connais pas la raison de no...
— Il n'est pas immortel, il s'est emparé d'une fiole de guérison divine ! Il a dû la subtiliser à Roubõn... Pourtant je croyais qu'il avait déjà utilisé la sienne... bref ! Tirez-lui dessus !
Morlan s'exécuta, et toucha la cuisse.
Tout le monde ratait la fente. Elle se mouvait trop rapidement, et personne n'était aussi bon ni aussi précis que Jankürl.
***
Trois minutes passèrent, et aucun n'avait réussi, lorsque Morlan atteignit le jarret. Il poussa un semi-cri de victoire, avant de se rendre compte qu'il courait toujours.
— Comment c'est possible ? s'étonna-t-il, pourtant certain de son succès. Et s'il était vraiment inv...
— Tu l'as touché pendant qu'il avait la jambe pliée, lui détailla Milœf, un œil fermé pour concentrer sa visée sur un seul. La jointure était refermée à ce moment.
— Eh merde ! râla l'élite
Constatant la quasi-impossibilité de la tâche, Karkoff eut une nouvelle idée.
— Changement de plan ! Tirez sur les lanières !
Plus grosses et toujours visibles, les lanières, surtout celles improvisées par les serviteurs eux-mêmes, seraient plus simples à atteindre.
Il ne fallut qu'une trentaine de secondes pour que l'une d'elles soit à moitié déchirée.
De son côté, Malgati commençait à s'épuiser. L'endurance, ce n'était pas son fort non plus... Sa vitesse, divisée par deux depuis son sprint initial, restait dure à maintenir. Sa respiration haletante et sa crampe lui rappelaient qu'il serait bientôt contraint d'arrêter. Malgré la fatigue, il remarqua qu'une de ses courroies céderait sous peu. Il plaça sa main gantée devant.
— Il est malin, pesta Yassnä.
— Je n'irais pas jusque-là, rétorqua Karkoff. Mais il est vrai qu'il nous donne du fil à retordre.
— J'ai plus de munitions ! cria l'archère. Qui peut m'en passer ?
— Désolé, j'en ai plus que quatre dans mon carquois.
— Pareil.
— Je suis presque à court aussi ! Où est la réserve ?
Ils s'arrêtèrent un instant pour regarder autour d'eux. Quatorze archers, et deux porteurs restaient en retrait. Yassnä s'approcha d'eux, les sourcils en triangle.
— Vous faites quoi, putain ?
— On est à sec, justifia un porteur. On pensait récupérer les flèches tombées au sol pour vous rejoindre ensuite...
— Laissez tomber, ça sert à rien, ce sera trop tard. Et la deuxième réserve ?
— Ils pouvaient plus la trimballer, l'un s'est pris l'épée dans les jambes et l'autre est resté pour s'occuper de lui.
— On est foutus ! désespéra un serviteur grand et fin à la tenue brodée.
— Non, dit Karkoff. Il nous reste une solution...
Il désigna six d'entre eux, et les autres leur confièrent leurs dernières munitions.
***
Malgati s'autorisa à ralentir lorsque le déluge cessa. Il osa un regard derrière, et s'aperçut que ses assaillants s'étaient arrêtés plus loin.
"Ils ont abandonnés. Enfin, ils ont compris la toute-puissance de Malgati, le plus grand sol..."
Les archers s'étaient séparés et voltigeaient à nouveau dans sa direction.
"...dat de l'uni... Bordel de merde !"
Le guerrier courut à nouveau, ignorant son point de côté. Sa boussole devenait éblouissante. Était-ce le bon moment ?
Karkoff et sa bande eurent tôt fait de rattraper l'humain exténué.
— Euh... Attendez, c'est qui ça, là-bas ? demanda Milœf qui avait vu quelqu'un d'autre, plus loin dans les arbres.
Personne ne prêta attention à sa remarque. Six archers restèrent en l'air, les huit autres et les porteurs mirent pied à terre, en croissant de lune devant le soldat. Il ricana intérieurement.
"Alors on veut se la jouer comme ça ?"
Seuls trois de ceux au sol tenaient encore un arc. Ils envoyèrent une salve tandis que leurs acolytes se préparaient à recevoir l'envahisseur. Celui-ci dégaina son épée et trancha un trait en plein vol avec. Les deux restantes ricochèrent sur la cuirasse.
Karkoff se débarrassa de son arc puis saisit sa dague. Il se tordit le cou, attendit le bon moment, puis lança l'offensive :
— À l'attaque !
Annotations
Versions