36/ De l'autre côté
Nolmeraïsha envoya dans une des cages une rebelle obèse, peut-être aussi enceinte, qui fut à l'étroit à l'intérieur, puisqu'elles n'étaient pas adaptées selon les envies du prisonnier. Il ne manquerait plus que ça ! Pour la future mère, comme pour plusieurs auparavant, Nolmeraïsha ressentit de la pitié. Puis, comme pour tous auparavant, elle se convainquit qu'elle l'avait bien cherché !
Les serviteurs constructeurs avançaient vite, très vite même. Ceux de tous les autres campements avaient déjà fini, il ne restait plus qu'une quinzaine de cellules à ériger dans celui où Ashal se trouvait, car elle pouvait maintenir en place un grand nombre de personnes.
Les autres dieux — exceptés Nz'jrg l'infatigable, persuadé comme Ba qu'il fallait plus de guerriers ; Aarask le scarabée enfermé ; et évidemment Karathris — avaient rejoints leurs appartements, mais Ashal s'était désignée d'elle-même pour s'occuper des contrevenants. Certains y voyaient une preuve de son investissement. D'autres, qui ne l'exprimaient pas, une preuve de son penchant sadique et dominateur.
— Tu fais du très bon travail, Nolmeraïsha, la complimenta la créature de lierre. Karathris serait fière de toi !
— J'espère.
— Mais bien sûr ! Elle te le montrera dès qu'elle reviendra.
— Où est-elle, au fait ? J'ai entendu les prisonniers dire qu'elle n'était pas dans sa demeure.
— Elle se balade, elle explore ce monde désuet.
— Ils racontent qu'elle viendra les libérer.
— Enfin ! Tu sais bien qu'il ne faut pas les écouter ! Ne te mets pas à douter d'elle, elle est de notre côté, tu le sais bien.
— Je le sais, oui.
***
Iridar n'avait pas choisi de réveiller ces trois dieux pour rien. Le premier, tel un fantôme, pouvait se désincarner, traversant les flammes sans se blesser, repérant et secourant les victimes, avec l'aide du second, qui, grâce à sa robustesse colossale, dégageait les débris et frayait un passage sécurisé pour les blessés ou les piégés, en attendant que le troisième éteigne le feu grâce à sa capacité à créer et à manipuler l'eau. Nz'jrg s'occupaient alors des premiers soins. L'incendie stoppé après un peu moins d'une heure, le Gardien observa l'étendue des dégâts. Le feu s'était propagé à une vitesse folle, et la moitié des respectables Florantiis de la région n'avait plus d'habitation convenable, et encore moins de fondations. Iridar se concentra alors. Dans son esprit apparut le sol calciné, les arbres détruits. Et la vie renaissait de ses cendres. Les micro-organismes de la terre revenaient, la haute herbe repoussaient, de nouvelles fleurs apparaissaient, des pousses d'arbres grimpaient. Et, comme sortant de sa tête, ces pensées eurent lieu. Les micro-organismes de la terre revinrent, la haute herbe repoussa, de nouvelles fleurs apparurent, des pousses d'arbres grimpèrent. Bientôt, les Florantiis pourraient rebâtir leur cité.
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