Chapitre 26 - Confessions
Sur la dalle de la cour d'entraînement où venait s'exercer Anario, Sauron était assis par terre, les jambes croisées. Il avait posé sa claymore sur ses cuisses et l'aiguisait doucement avec une pierre ronde. Devant les grandes montagnes, il essayait de vider son esprit mais les mots de Dagnir hantaient néanmoins ses pensées. Est-ce qu'il connaît vraiment mon père ? se demandait-il. Lui qui s'était promis de ne jamais le chercher, à moins que ce dernier ne veuille le voir, ne savait plus ce qu'il voulait. Pour la première fois, quelque chose lui disait au fond de son cœur d'aller le retrouver. Depuis son arrivée dans la Guilde, de nombreuses choses lui étaient arrivées et il ne s'était jamais senti aussi vivant. Cependant, il en était presque effrayé. Trop de choses le bouleversaient et, lorsqu'il vivait encore chez ses grands-parents, il n'avait pas tout ce temps à consacrer à ce qu'il voulait faire. Jamais il n'avait eu à faire face à tant de questions. Et si mon père avait besoin de moi ? Et s'il était là, quelque part, mais que je l'ignorais ? Mais vite, la réalité de l'abandon le rattrapa. Pourquoi refaire surface maintenant après toutes ces années ?
Sauron arrêta ses mouvements. Il serra la pierre dans sa main droite et son épée de l'autre. Il inspira, expira et contempla l'horizon. Il concentra alors son aura autour de lui et plongea dans une profonde méditation, essayant de s'apaiser. Derrière lui, à une centaine de mètres, se trouvait Rana. Il marchait dans les couloirs du château, toujours seul, comme à son habitude. Lorsqu'il emprunta l'allée bordant la cour d'entraînement, il sentit une immense puissance émaner du sol. Il s'avança et vit Sauron assis au loin. Il l'observa quelques instants. Il remarqua que celui-ci était soucieux et désorienté.
Rana n'aimait pas se mêler des sentiments des autres. Il avait toujours enfermé les siens au plus profond de lui. Certains disaient même qu'il avait abandonné son cœur dans son pays de glace. Cependant, après une grande inspiration, il s'avança vers Sauron. Ce dernier, qui était en méditation, sentit la présence de Rana à travers son ondo et se tourna vers lui en le regardant.
— Tu as senti ma présence de si loin ?
— Je l'ai senti à travers l'ondo. Anario m'a appris à le maîtriser.
— Je suis impressionné. Je ne maîtrise que quelques bases, remarqua Rana.
Ce dernier s'assit aux côtés de Sauron. Ils restèrent tous deux silencieux pendant un long moment. En regardant vers l'horizon, Rana se confia à son nouveau compagnon :
— Quand j'étais petit, mes parents et ma sœur ont été tués par des sorciers. Ils disaient que c'était un sacrifice pour leur divinité.
— Quelle divinité voudrait d'un sacrifice humain ?
— Raug. Malheureusement, comme beaucoup de croyants, je pense qu'ils ont mal interprété les paroles de celui qu'ils vénèrent. Seulement, je n'avais que dix ans à l'époque, et j'étais envahi par une telle haine que je voulais tous les tuer. Mais que voulais-tu que je fasse avec ma seule force ? J'errais les rues, allant de ville en ville, quand je suis tombé sur un homme qui maîtrisait l'ondo. En le voyant, je savais que c'était la technique qu'il me fallait pour me venger. Je l'ai donc suivi nuit et jour pendant des semaines, jusqu'à ce qu'il accepte de me prendre comme apprenti.
— Tes parents te manquent ?
— À chaque seconde, mais plus le temps passe, plus j'ai du mal à me rappeler leur visage.
— Je ne sais même pas quel visage avaient les miens, ajouta Sauron en soupirant.
— Tes parents sont morts ?
— Ma mère est décédée en me donnant naissance. Tous les habitants de mon village affirment que c'était un ange tombé du ciel avec de somptueux cheveux d'or. Quant à mon père, je ne sais pas où il est.
— N'as-tu pas envie de le revoir ?
— Si j'avais une chance de le retrouver, crois-tu qu'il voudrait de moi ?
— Sauron, tu ne pourras pas le savoir tant que tu ne le lui auras pas demandé. En réalité, tout dépend de ce que tu veux toi.
Ce que je veux moi ? se demanda Sauron. Rana se leva doucement et frotta son pantalon avec ses mains pour enlever les résidus de poussière sur lesquels il s'était assis. Il frotta la tête de Sauron en passant rapidement sa main dans ses cheveux et, tout en marchant vers l'intérieur du château, il ajouta :
— Allez, viens. Nous devons nous préparer. Nous repartons demain.
— Nous repartons ? Où ça ?!
— À la cité de Ladolar !
Histoire écrite par A.L MATHERS ♥ IG @a.l_mathers
Illustrée par Noémie DUMONT ♥ IG @la_noun
Corrigée par Mélany BIGOT
Actuellement disponible sur Amazon en version papier !
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