Chapitre 33 - Le Retour des Explorateurs
Cirth et Sauron arrivèrent au pont de Nevrestir. Nessa les attendait, inclinée sur un balcon. Lorsqu’elle les vit, elle descendit immédiatement dans la cour principale. Ils étaient recouverts de sang. Cirth avait encore son arc à la main, des gouttes s’en échappaient, salissant le sol blanc. Deux serviteurs s’empressèrent de venir à eux pour leur apporter des serviettes qu’ils utilisèrent pour s’essuyer le visage, les bras et les mains. Nessa les fixa de haut en bas avant de froncer les sourcils.
— Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ?!
— J’ai trébuché, répondit Cirth.
— Et j’ai glissé, ajouta Sauron.
— Vous trouvez ça drôle en plus ? s’écria-t-elle.
— Pourtant, c’est ce qu’il s’est passé, insista Cirth.
— Venez avec moi, bande d’idiots !
Nessa les tira par la manche jusqu’à l’un des nombreux réfectoires. Quelques bancs formaient un cercle au milieu d’une place où se trouvait un récipient en pierre monté sur une fine colonne. Elle les fit s’asseoir et partit jusqu’à une grande étagère où se trouvaient plusieurs fioles. Elle revint avec une boîte et la posa à côté d’eux. Elle l’ouvrit et dévoila toute une panoplie de premiers secours. Elle commença par sortir un chiffon propre et alla l’humidifier dans le récipient se trouvant au milieu, puis revint nettoyer le visage de Cirth avec délicatesse. Ce fut très rapide. Elle lui tendit quelques bandages à appliquer sur les égratignures les plus profondes. Elle se tourna vers Sauron, beaucoup plus amoché. Ce dernier posa sa claymore à terre et retira les vêtements couvrant son torse. Nessa examina la morsure sur son bras.
— Vous allez me dire que la terre vous a mordus ?
— C’est une longue histoire, répondit Sauron en souriant.
— J’ai tout mon temps, insista-t-elle en appuyant fort sur sa plaie avec de l’alcool.
— Aïe, aïe, aïe, c’est bon ! On a vu le dragon de Sanire ! Il existe vraiment ! expliqua Sauron.
— Je crois qu’on l’a mis en colère, poursuivit Cirth. C’était de ma faute.
— Alors c’est vrai ? s’exclama Nessa avec un grand sourire avant de les dévisager. Enfin, vous auriez dû faire attention, imbéciles !
— On est tombés en fuyant et on a atterri à la cité de Done. C’est là qu’on a été attaqués. Il y avait de nombreux wendigos. C’était un vrai troupeau ! Mais d’un coup, Sauron a sorti sa claymore et les a tués un à un.
Cirth conta l’histoire à Nessa en mimant les scènes comme s’ils y étaient encore tandis qu’elle nettoyait les plaies de Sauron. Elle désinfecta les profondes marques de dents avant d’appliquer un bandage sur son bras qu’elle prit soin de bien serrer. Sauron préféra se charger du reste. Il se leva et marcha jusqu’au point d’eau où il s’éclaboussa le visage avant de se l’essuyer. La jeune femme était attentive à chacun des mots et des gestes de son cousin, complètement captivée. Anario arriva au loin. Il marcha jusqu’à eux et attendit que Cirth eût fini son histoire sans se faire remarquer.
— Eh bien, je savais que vous alliez avoir des problèmes. Mais vous vous en êtes sortis… presque indemnes, ajouta-t-il en regardant Sauron.
— Tu as fini ? demanda-t-il en se rhabillant.
— Pas encore, c’est plus compliqué que ce que j’imaginais, répondit Anario en s’asseyant à leurs côtés. Le seigneur Lomion n’est pas encore décidé à envoyer ses troupes. Pour lui, nous n’avons aucune chance de gagner. S’il y a vraiment autant de créatures qu’on le prétend, elles ne feront qu’une bouchée de nous.
— Il ne peut même pas envoyer une troupe ? demanda Sauron. Nous devons au moins essayer !
— En réalité, la Nuit Sanglante lui fait vraiment peur. Il dit que lorsque les portes s’ouvriront sur nous, ils s’approprieront nos vies et nos terres.
— Alors pourquoi ne pas plutôt essayer de les arrêter ? demanda Nessa, perplexe.
— Il aurait vu notre mort à tous, la mienne, la tienne, celle de Cirth, Narmacil, Rana et Vorondil ainsi que nos proches, tués par l’un d’entre nous. Je ressaierai demain. Je ne lâcherai rien tant que mon frère est à Ladolar.
Tous se regardèrent, soucieux. Une sorte de mal-être les accompagna jusqu’au dîner. Ils n’avaient même plus d’appétit, alors que ceux qui les entouraient étaient complètement joviaux et souriants. Nessa commença à retrouver son sourire en discutant avec ses amis. Cirth écoutait les multiples récits de son père comme le faisaient la plupart des invités. Sauron se contenta de regarder son assiette et de manger ce qui se trouvait devant lui. Ce n’étaient pas les mots d’Anario qui le préoccupaient mais sa vision de Dagnir. Il regarda autour de lui et vit que tout le monde était concentré. Ils ne tournèrent même pas un regard lorsqu’il se leva. Il décida donc de s’éclipser discrètement.
Il retourna chercher sa claymore dans la chambre, la fixa sur son dos et se regarda quelques instants dans le miroir en face de lui. Il soupira puis serra son foulard autour de son visage. Il quitta la pièce, se retourna soudainement pour contempler les couchages de ses deux compagnons et ferma la porte avec le sentiment qu’il ne reviendrait pas. Il descendit les marches dans le calme et emprunta le pont avant de couper par le bois.
Il partit sans même que personne ne le vît, discrètement dans la nuit. Du moins, c’est ce dont il était persuadé. Quelques mètres plus haut, Anario était assis à une terrasse en train de boire une chope de bière. Il prit une gorgée et, lorsqu’il reposa son verre, vit Sauron s’éloigner au loin. Il se leva pour mieux le voir. Où est-ce qu’il va ? se demanda-t-il. Il faisait déjà nuit noire et seule la lune éclairait les environs. De plus, Sauron était blessé au bras. Anario était plutôt inquiet et surtout curieux de ce que son camarade comptait faire. Il prit son épée qu’il avait posée sur le côté et décida de le suivre dans l’ombre.
Histoire écrite par A.L MATHERS ♥ IG @a.l_mathers
Illustrée par Noémie DUMONT ♥ IG @la_noun
Corrigée par Mélany BIGOT
Actuellement disponible sur Amazon en version papier !
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