Chapitre 37 - La Fuite
Sauron était allongé sur le lit de Cirth. Il était grand, construit de magnifiques troncs de bois sculptés et recouvert d’une épaisse couverture en soie. Sur le côté, il y avait une petite table de nuit avec une lanterne, quelques fioles et un rouleau de bandages propres. Nessa était assise dans le coin de la pièce. Elle lisait un livre aux pages jaunies, attendant patiemment que son ami se réveille. Sauron avait été gravement blessé par sa claymore qui lui avait laissé une large entaille au niveau du torse. Il avait perdu beaucoup de sang. Soudain, ses yeux se plissèrent. Il bougea légèrement l’index de sa main droite et lâcha un profond souffle. Ses paupières se levèrent doucement, se refermèrent et s’ouvrirent à nouveau. Sa vue était d’abord floue, puis elle devint peu à peu nette. Il fixa le plafond pendant quelques secondes, essayant de se remémorer les derniers instants où il était encore conscient. Nessa se leva, posa son ouvrage et s’approcha de son chevet.
— Sauron ? Comment tu te sens ?
Il resta silencieux, se visualisant le combat qu’il avait mené avec Dagnir. Le basilic, l’aura sanglante, mais surtout, sa terrible transformation en démon devant les yeux d’Anario et le coup brutal qu’il lui avait infligé. Anario ? Il se releva brusquement.
— Anario ? Est-ce qu’il va bien ? Où est-il ?
— Doucement ! s’écria Nessa.
Elle releva l’oreiller pour que Sauron puisse s’asseoir confortablement sans trop d’efforts. Cela risquerait d’endommager le bandage recouvrant son torse et de le faire saigner à nouveau.
— Anario va bien, ne t’inquiète pas. Il a seulement quelques égratignures qui disparaîtront très rapidement.
— J’en suis soulagé. Est-ce… Est-ce qu’il t’a raconté ce qu’il s’est passé ?
— Plus ou moins. Il m’a dit qu’il s’était fait attaquer par un étranger et que tu es venu à son secours.
— Est-ce que je pourrais lui parler seul à seul ?
— Ce sera assez compliqué dans l’immédiat. Il est parti à Ladolar avec Cirth il y a quatre jours.
— Parti ? Il y a quatre jours ?!
— Tu as dormi pendant tout ce temps. Ton corps avait besoin de récupérer. Les attaques ont commencé à Ladolar. Cirth est reparti aux côtés de la Guilde et Anario a rejoint son frère pour commander ses propres hommes.
— Et moi, je dormais pendant tout ce temps… murmura Sauron. Est-ce que c’est grave ?
— La bataille ? J’en ai bien peur, mais je n’y suis pas pour juger. Tout le monde se prépare à un affrontement. Ils essaient de réunir des hommes et de former des troupes solides. Pour l’instant, ça n’a pas commencé, tu devrais te reposer et les rejoindre au plus vite.
Nessa lui fit avaler un mélange d’herbes pour le détendre. Elle se leva et, avant de quitter la pièce, sortit une enveloppe de sa veste. Elle l’examina, regarda Sauron, ne dit rien pendant quelques secondes avant de la lui donner. Elle était scellée par de la cire rouge avec le sceau du roi Calion.
— C’est pour toi, de la part d’Anario.
— Merci, répondit Sauron.
Sauron se plongea dans ses pensées. Il était perdu. Il n’avait pas encore eu le temps de réaliser tout ce qu’il s’était passé. Était-il réellement un démon ? N’était-ce vraiment pas un sort jeté par Dagnir ? Il ne pouvait pas accepter d’être le descendant de Raug. Pourtant, il était bel et bien un démon et la dure réalité sommeillait en lui depuis tout ce temps. De plus, il s’en voulait énormément d’avoir attaqué Anario et avait peur de recommencer sur lui ou quelqu’un d’autre.
Un démon ? Et si je tuais l’un d’eux ? Et si je leur faisais du mal ? Trop de questions se bousculaient dans sa tête, le rendant complètement fou. Dès qu’il commença à concentrer son aura, il la vit d’un rouge sanglant et plus puissante qu’autre fois. Cela l’inquiétait. Sans même bouger, l’air et les objets se trouvant à sa portée furent écartés. Il se referma brusquement et se mit en boule sous sa couette, ayant peur de la laisser s’emparer de lui. Il avait peur de lui. Il sentait les larmes monter et était énervé. Je ne pourrai jamais protéger qui que ce soit. Sauron se leva avec difficulté. Il enfila un nouvel uniforme de guilde, regarda sa claymore, hésitant, et l’accrocha finalement dans son dos. Il prit la lettre d’Anario mais ne voulut pas l’ouvrir, se sentant encore trop coupable de ce qu’il s’était passé. Il quitta la chambre discrètement, se faufila dans les couloirs sans se faire remarquer et atteignit l’écurie.
Sauron se retrouva face à sa monture. Il la sella très rapidement et saisit les rênes pour la tirer derrière lui. Il emprunta les chemins les plus obscurs pour quitter Nevrestir. Arrivé devant le pont, il attendit qu’il fut vide avant de passer. De l’autre côté, il monta sur son cheval, regarda une dernière fois derrière lui et partit en coupant par la forêt pour que personne ne puisse le rattraper sur la route. Je pensais pouvoir y arriver mais je ne peux pas rester avec eux. Je ne vais que les gêner.
Histoire écrite par A.L MATHERS ♥ IG @a.l_mathers
Illustrée par Noémie DUMONT ♥ IG @la_noun
Corrigée par Mélany BIGOT
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