Pst ! Stp !
de Simon Folio
Pst ! Stp...
" Pas mal.
- J'avais commandé un double expresso, ce goût sonne comme n'importe quel café.
- Ho ! Mon bus, je te laisse, à demain.
- Plus."
Je ne te connais pas vraiment collègue. Bon, dix minutes et je peux rentrer chez moi. Y en a marre d'attendre. J'ai encore un peu de travail à rattraper, j' espère que Cherry a pu préparer a manger. Je me ferai cuir des nouilles vite fait, si ce n'est pas le cas. Elle est probablement devant Tpmp et les enfants doivent déjà dormir. Aucun message sur mon portable, c'est tant mieux. Je m'égare, je ne dois pas perdre les chiffres que j'ai en tête. Pour monsieur Marcel...
" Vous auriez une cigarette ? "
Personne en face, à droite, à gauche, quoi ça viendrait du pigeon ? Il insiste en me regardant.
" Une garo, nan ?
- ... '
" Kong ! "
La plaque d'égout ?
" Arrêtes de chercher midi à quatorze heure une minute et prends une seconde pour bien regarder. "
Peut-être que je dois encore changer de lunettes, j'ai dû mal les frotter. Personne d'autre que moi sous cet abri bus , aucune fenêtre ouverte dans l'immeuble d'en face, je me lève.
" J'y crois pas, il ne trouve vraiment pas. Je suis ton créateur, je suis l'être au delà de l'ombre et de la lumière, celui n'a ni temps ni origine. Soufflant l'âme de ta Terre-mère, j'aspirerai la tienne dans le froid d'espaces infinis. "
Regarder à droite, à gauche, à l'intérieur de soi et n'y voir qu'un désert.
" C'est quoi cette tête ? T'as vraiment cru ce délire. Trop commun."
Un type en capuche planqué dans le coin de l'arrêt d'à côté, j'ai pas l'air fin. S'il avait laissé ses pieds dépasser au lieu de se coller au mur pour me parler je l'aurai vu : " Tiens, la voilà ta..."
Une capuche vide, une personne sans corps, vient de m'attirer à elle...
" Qu...
- Juste un produit comme un autre."
Il allume et fume tête baissée, que veut-il cacher dans cette absence de forme ? Je ne l'ai même pas senti me la prendre.
" Alors, tu veux regarder oui ou non?"
De quoi il parle ? Et merde, de où ça parle ? J'ai vraiment besoin de dormir. Oh ! Mais il m'a soufflé dessus le machin ! Attend, ce n'est pas l'odeur que je connais. Voilà, encore quelque chose, où est-il passé ?
" Rou-rou !
- Qui êtes-vous ?
- Regarde. Touche. Hihihi. "
Ce n'est définitivement pas le pigeon. Se déplacer aussi vite, c'est encore moins normal que de parler sans avoir de tête. Cela reste néanmoins plus acceptable qu'un décor théâtrale tout droit sortie d'une scène de Belphégor, auquel il faut maintenant faire face, sans explication.
" Où suis-je?
- Tu étais fatigué d'attendre non ? Voilà bien un lieu dédié à l'action et au jeu, n'est-il pas ?
Derrière les rideaux, il va voir si je ne lui botte pas les fesses et au trot qui plus ait.
" Vous... Je dois rentrer chez moi. "
Je l'attrape dès que j'ouvre le rideau. Et, un, deux, tr... L'océan ? Non ! Il est debout sur l'eau et voilà que je coule. Drôle de fin, je n'y aurai pas cru si on me l'avais dis, quelle sensation désagréable.
" Rou-rou "
Quoi ?
" Croâ ! "
Quel beaux corps, que cette réfraction de la lumière sur ce vol que reflète le calme de l'océan. Les choses perdent déjà leur sens, c'est dingue. Un corbeau blanc, pourquoi cette dernière vision ? C'est ce que je suis devenu ? Ce n'est clairement pas sa place. Aïe, satané corail, tu aurais pu te placer ailleurs que derrière mon crâne. Je tombe dans la vapes, je n'assisterai même pas à ma propre mort, quelle plaie ! Je fus le pigeon, je pars comme le corbeau.
" Qu'est-ce qu'il y a ? Elle ne t'intéresse plus ta maison tout coup ? "
Cherry ! Elle est en train de coucher les enfants. Depuis combien de temps, je suis perdu cause de lui. Qu'est-ce qui est en train de se passer ? Plus d'océan, plus d'arrêt de bus, ce trottoir devant chez moi qui n'a même plus les couleurs habituelles, mon dieu... Où est encore passé cette chose ?
" Haa... La curiosité humaine. "
Encore cette apparition impossible.
" Pourquoi ? Pourquoi ? Que me veux-tu ? "
Il ne parle plus, il avait l'air particulièrement bavard pourtant. Je n'avais jamais crié aussi fort.
" Ta famille. Était-ce vraiment ton choix, ou simplement la peur qui t'a fait entrer dans ce train-train tout ce qu'il ya de plus banal ? Arrives-tu encore à te retrouver ?
- Je vais retrouver la famille que la vie m'a donner. Ramènes-moi où tu m'as trouvé. "
Il ne me répond plus ...
" Dis-moi quand même qui tu es, avant qu'on s'en aille.
- Lorsque tu te cherchais et que tu voulais ressembler à quelqu'un d'autre. Je peux être cet amas de clichés dans lequel on tombe un moment où un autre, ce gouffre abyssale qui dévore de vrais personnalités. Je peux être cette impétuosité que tu as perdu à force de sacrifice. Suis-je sans nom ? Suis-je sans vie ? Je suis là à chaque âge, pour tout changer. Alors, qui suis-je ?
- Curieux... "
Cet arbre aussi n'a jamais été dans mon jardin, quel goût peut avoir ce fruit orangé ? Ah! c'est acide, trop acide. Quel inconscient, J'ai compris le manège, j'ouvrirai les yeux et tout aura encore changé.
" N'ouvre pas. "
Pile ce qu'il ne fallait pas dire.
" Je t'ai eu."
Un chenil, Où cela me mène-t-il ? Une hallucination depuis le début ? Si c'est le cas, réparons cet esprit avec toutes ces symboliques.
" C'était une forme de leçon très certainement, mais ne t'emballes pas. Commence par faire ton choix."
L'impossible me parle. J'étais le pigeon, j'ai accompagné le corbeau vers sa fin. Il me parle de mes relations familiales et il me montre ce chien. Les yeux de cet animal sont si intriguant.
" On va chez toi ? "
Pas de regard cette fois.
" Je prends le chien, je rentre à pied. Adieu."
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