Crac. Qu'est-ce ? Quelque chose s'est brisé. C'est moi. Je suis détraquée. Tout est en désordre à l'intérieur. À force de battre, de plus en plus fort, de plus en plus vite ; à force de trop se remplir et de ne jamais trouver la paix, l'Organe a fini par exploser. Et BOUM ! La fumée étouffe mon âme, les rêves se confondent avec les cauchemars, les espoirs en lambeaux se noient dans les larmes. Qu'est-ce qui m'arrive ? Je suis restée trop longtemps debout, sans bouger. J'ai cru que je pouvais être aussi impassible que la statue de bronze. Mais le plomb a fini par remonter à la surface et tout est parti en vrille. Mon armure de pacotille : en miettes ! Alors les flèches du temps se sont abattues sur moi en rafales et ont criblé mon corps de cicatrices indélébiles. Ce n'est plus la froideur du métal que je sens en moi, ce n'est plus l'acide qui me brûle les yeux. La vérité s'est dressée dans la clarté, et c'est elle seule qui me blesse. Qu'est-ce que je dois faire ? L'Organe est trop lourd, je ne puis me redresser. Je rampe. Je me traîne dans la boue. Parce que les balles qui grouillent dans ma poitrine font partie de moi maintenant, et rien ne peux les extraire. Ce que je ressens ne peut pas changer. C'est moi qui doit changer.