Le lutin du bureau observe avec circonspection cet orgueilleux bellâtre qui fait tant de ramdams, par l’interstice du tiroir.

Le précédent écrivain était vieux et sentait fort, mais au moins il était calme ! Par ses ongles trop longs, le petit être le préférait largement !

Enfin, cet adonis du dimanche arrête son vacarme et laisse tranquilles les pauvres touches de la machine à écrire, puis s’en va rejoindre sa voiture.

Le lutin sort donc sa grosse tête du tiroir et jette un œil au manuscrit.

« Meh. Aussi grossier et imbus de sa personne que son auteur ! » commente-il.

Il époussette la surface du bureau, pose son postérieur devant la machine, se retrousse les manches, puis commence à écrire :

« Au prochain qui aura le privilège d’écrire ici, je vous invite à ne pas faire trop de bruit. Je vis dans le tiroir central de ce bureau et quand vous tapez trop fort sur les touches, cela fait trembler mon lit ! Sans parler de mon sommeil que vous pourriez déranger en parlant à haute voix !

Je vous remercie d’avance,

Le lutin du bureau »

Là dessus, satisfait et espérant ne pas avoir fait de fautes, il retourne dans son logis.

Mais quelle idée de filer la possibilité à tous de se servir de cette machine, sérieusement !