6. Victime collatérale (Patricia Novi)
Le texte gisait sur le bureau, déjà épuisé de ces va-et-vient permanents.
On ne savait pas s’il était déjà mort ou s’il faisait semblant.
Et à côté de lui, il y avait un vieux carnet, couverture cuir, intérieur ligné, sûrement un truc de qualité.
Lui, il en avait à raconter.
On lui avait tout fait : câliné, caressé, rempli avec soin et avec des promesses de retrouvailles quotidiennes, on l’avait caché, sorti, ressorti, abandonné. On l’avait adoré puis détesté. Et on l’avait jeté sur tous les murs de l’atelier.
On lui avait tout dit : les espoirs et les regrets, les envies, les plus-envies, la rage, la colère, l’éternité.
Des trucs drôles et puis des banalités, des meurtres à n’en plus finir avec le sang qui dégouline, des textes chiants comme la pluie et d’autres beaux à en crever.
Des phrases de quelques mots qui attrapaient toute la lumière du monde et qu’on barrait de toutes ses forces comme un imbécile parce qu’on était passé à côté.
Mais à cet instant, il est là, ce carnet.
Il n’est plus très épais mais il reste quelques pages vierges…
Pour ceux qui n’aiment pas les claviers.
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