Mel était entrée dans la bibliothèque de Scribay en quête d’inspiration pour son ouvrage. Elle adorait la mythologie mais voulait approfondir le sujet avant de vraiment se lancer dans la grande aventure.

Alors qu’elle passait à côté d’un rayon concernant les dieux grecs, elle entendit le bruit d’une vieille machine à écrire comme on n’en voyait plus que chez les antiquaires. Entre curiosité et nostalgie d’enfance, elle se tourna dans la direction du bruit et vit un petit lutin hocher la tête d’un air satisfait avant de disparaître dans un tiroir du pupitre juste en dessous d’une vieille Hermès en bon état.

Elle s’approcha d’un pas tranquille et se pencha sur la machine. Un texte était tapé. Voyant qu’il lui manquait le début, elle observa la table par curiosité. Fort heureusement, elle retrouva une chemise en cuir où il y avait les autres feuilles, le début du texte. Elle aurait vraiment été très ennuyée de devoir déranger le lutin dans son tiroir…

Elle se mit à lire les différents textes et découvrit par l’intermédiaire de ce cadavre exquis, cet exercice qu’elle adorait faire dans un domaine peu valorisé — la fanfiction —, des plumes différentes et pour le moins attrayantes. Attention, pas toutes. Elle ne pouvait pas tout aimer non plus. Mais la façon de parler, de conter, de s’exprimer était importante.

Elle s’installa alors sur le pupitre et commença à taper lentement, aussi silencieusement que possible afin de ne pas déranger le petit lutin endormi juste en-dessous d’elle.

“En quête de Calliope, Melpomène et Thalie, je me suis arrêtée en cette contrée magnifique. Chaque arbre qui pousse ici y est entretenu avec attention et les feuilles qui tombent chaque jour devant mes yeux sont de magnifiques chapitres qu’il me tarde de découvrir. J’espère pouvoir m’occuper des miens aussi bien que vous des vôtres, mes chers amis écrivains. Mais je ne m’en vais pas écrire plus ici pour ne pas importuner plus mon hôte.”

Mel relut un instant son texte avant de sourire. Elle se releva et sortit un cahier un peu abîmé qu’elle n’utilisait pas et qui trainait depuis des mois dans son sac. Elle se dit qu’il pourrait servir au lutin. Peut-être même le réparerait-il en échange de quelques victuailles ? N’était-il pas un cousin des nutons ? Ils ont les mêmes moeurs non ? Elle déposa à côté de ce carnet aux pages blanches et racornies un petit paquet de tucs.

Elle repartit ensuite vers les rayons à la recherche de documentation sur les dieux grecs afin de pouvoir enfin terminer la trame principale de son histoire.