8. pas chaud lutin (par la klandestine)
« Mais quel couillon, celui-là ! », s’énervait toute seule la fée klandestine. Elle allait lui apprendre la vie au lutin du tiroir ! Il venait de lui passer devant trois fois sans la regarder. « Non, mais, c’est une blague ?! »
La fée rongeait son frein. Elle était allée jusqu’à se coller des paillettes sur les ailes pour que le lutin la remarque. Irresistible body glitter disait l’emballage. « Encore un mensonge ! », la fée n’en pouvait plus. Elle avait beau scintiller comme une boule à facettes, il était passé devant elle sans la voir. Et comme si elle n’existait pas, il avait tapé une petite lettre pour « demander si on pouvait faire un peu moins de bruit siouplait les gars j’aimerais dormir » . « Dormir ? Mais qui parle de dormir ici ??? »
Cela faisait DES MOIS qu’elle fantasmait sur lui. Son « petit lutin ténébreux, énigmatique, solitaire, incompris… » Elle lui avait prêté toutes les qualités, rêvant du jour où, alors que la chaleur dans l’atelier aurait fait fuir tous les auteurs en direction de la plage, leurs corps en fusion allaient se laisser emporter par la fougue de leur jeunesse et la créativité du lieu, mettant sans dessus dessous tous les meubles et défonçant les touches de l’antique machine à écrire, à la fois victime et témoin direct de leurs ébats… Mais non. Il fallait se rendre à l’évidence : le libidogramme du mec était plat. Il n’avait qu’une seule ambition : dormir.
« Encore un autiste ! », ruminait la fée. « Ou au mieux, un vieux garçon. » Ou alors… ou alors il était timide. Oui, ça devait être cela ; forcément.
Alors la fée klandestine lui laissa un petit mot qu’elle tapa sur la pointe des pieds. Sa dernière tentative avant de tourner la page. S’il ne voulait pas d’elle après cela, alors elle devrait s’y résoudre.
Pourquoi s’mentir
Place aux désirs
Aux longs soupirs
Pour mieux dormir
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