Il était une fois,
Une énième fois,
Un petit cochon oublié.
Dernier né d'une fratrie de quatre bambins anglais,
À l'intelligence mesurée,
Pour ne pas dire bête,
Enfin, disons qu'il était légèrement en retard sur ses aînés,
Même sur celui qui construisit une maison en paille en rempart à un certain loup féroce ;
Bref, il était con comme le manche à balais d'une sorcière analphabète.
Mais, au moins, il passait inaperçu.
Il n'avait pas de charisme,
Il n'était pas très beau,
Si tant est qu'on puisse trouver beau un cochon.
En fait, il ne laissait pas d'impression particulière,
Comme un arrière-goût de rien après avoir essayé de boire dans une bouteille vide.
Même grillé à la broche, ou mariné dans du soja,
Il n'aurait aucun goût,
Ni bon, ni mauvais,
Simplement neutre.
Donc, tout le monde l'eut un jour oublié,
Ses parents, ses frères (son auteur ?) et le Grand Méchant Souffleur.
Ainsi, et ce n'est pas une morale,
Mais un fait avéré,
Il survécut à l'assaut du loup,
Dans l'indifférence totale,
Car il n'était pas intéressant,
Car personne ne l'avait vu
(Du moins, personne ne le connaissait)
Et parce que tourner notre regard dans sa direction était une perte de temps.
De toute façon, si le Loup l'avait eu dans le collimateur,
S'il l'avait mangé,
Personne ne s'en souviendrait.
Par la suite,
Bien qu'il restât en vie,
Nul ne sut ce qu'il était devenu.