58. De la mort en liqueur
Au grand jamais Jilam n’aurait imaginé qu'il y eut tant de démons sur terre. Quant aux offrandes, hormis la majorité d’elfes et de lutins on trouvait ça et là quelques gnomes, pointant tels des champignons parmi la farandole de têtes et de corps divers ; point de trolls mais des fées en nombre ainsi que plusieurs espèces de sangs-mêlés. Jilam repéra une multitude de bêtes de somme, animaux sauvages apprivoisés à coups de trique, parmi eux un pégase aux plumes arrachées dont le pelage, sûrement blanc à l’origine, avait viré au gris. Le jeune homme croisa le regard d'une fée : des yeux ternes sans pupille. On lui avait lié les ailes dans le dos ; de petites ailes de mouche, blanches et atrophiées. Après la liberté meurt l’espoir, dit-on. Tout juste survivait-il sur certains visages, pauvre lueur à un souffle du trépas. Le reste se partageait la terreur ou l’abandon.
L'atmosphère était si étouffante que Jilam avait la sensation de respirer dans un sac de toile. Ses bras engourdis l’élançaient, il ne sentait plus ses doigts. Il s’assura que Nellis se trouvait toujours près de lui, reliée à son poignet par la corde qui les entravait et que tirait Quo. Les deux amants s'échangèrent un sourire, enlaidi par leurs lèvres gercées. L’époux caressa son manteau. Il sentit au travers du cuir d’hériphant les tressautements de Mousse. Garde courage, petit père. Je ferais de même. Réconforter quelqu’un se révèle parfois le meilleur remède à sa propre peur.
Quo saluait ses semblables à tour de bras dans un florilège de bénédictions. En cette nuit sacro-sainte, les démons, si ancrés dans leur solitude, mettaient de côté leur ego au nom de la paix instaurée durant la lune de sang. Les rivalités n'étaient tolérées que dans un cadre strict régi par les lois de Morbani, et les litiges, inévitables chez ces esprits, ne pouvaient être tranchés que par la seule main de la reine des démonifées, maîtresse absolue de ce royaume de l’outre-monde, dont la parole faisait aussi loi parmi les démons et les jugements office de couperet.
D’une œillade, Jilam aperçut loin en contrebas le pont des chimères bravant l'insondable précipice telle une passerelle reliant l'existence à l'après-vie. Alors qu’ils venaient de traverser les portes d’Ashari s’imposait à lui la certitude qu’il n’était plus de retour en arrière possible. Les crocs du loup les cernaient de toute part. Un sentiment étrange l’habitait : celui de s’être perdu alors même qu’ils touchaient au but de leur pèlerinage.
Le groupe se tenait à présent devant la grande fontaine surplombant l’escalier tentaculaire. Une hydre de pierre trônait en son centre, ses têtes crachant leur venin blanc, tandis que ses démonifées se baignaient en toute quiétude dans ses eaux néfastes. Derrière la fontaine d’autres statues bordaient une vaste terrasse. Les visages sculptés représentaient des anges à tête de diable ou des diables à tête d’ange, veillant sur les âmes errantes pour leur éviter de s’égarer sur le chemin de l’au-delà.
Les démons affichaient la certitude du juste tout en guidant leurs troupeaux d’offrandes vers l’autel. Les figures des captifs, qui semblaient sculptées dans la craie, brillaient de l'éclat d'un vivant trépas alors que la mort magnifique les survolait sur ses ailes de papillon flamboyant.
La maigre compagnie conduite par Quo se fondit dans le tourbillon des corps.
Le palais d’Ashari se dressait devant eux avec ses murs et dômes blancs nichés au sommet d’un noir tumulus ensemencé de splendides terrasses aux bassins bordés de parterres cristallins et nourris par des cascades. Les démonifées, n’ayant nul besoin de portes, d’escaliers ou de chemins pavés, volaient par-dessus leurs propres murailles. De leurs perchoirs, elles lorgnaient les démons et leurs cheptels forcés d’emprunter le dénivelé de marches d’un œil hautain. Quelques-unes hélaient les pèlerins, d’autres encore chantaient d’obscurs refrains.
Jilam aurait tant aimé pouvoir serrer la main de Nellis, inconscient qu’il était des dilemmes intérieurs de son épouse. Car à mesure qu’ils s’enfonçaient dans la gueule de Morbani, le nœud chaotique de pensées, de souvenirs et de visions dégluties par le masque maudit se montrait davantage complexe à démêler et il lui était de plus en plus pénible de séparer son moi de la lie. Le florilège quasi-infini de bric et de broc – bribes d’images et sensation fugaces, sentiments émiettés, éclats de personnalités – que renfermait le trésor de Nazukahi s’épanouissait dans la coquille percée de l’esprit de la sorcière, se nourrissant du vide qui l’habitait. La pression liée à ses responsabilités la rattachait de justesse à la raison et écartait la folie latente. Consciente de son rôle, elle devait demeurer inflexible. Au nom de leur tâche sacrée – qu’elle aboutisse ou échoue – pour Jilam et leurs compagnons, que ce périple – ce sacrifice ? – à la fin, ne se révèle pas vain.
Était-ce une prière ?
L'instant fatidique, longtemps appréhendé, parfois évincé de son esprit morcelé, galopait désormais vers elle à bride abattue. Un odieux sentiment la triturait : celui de se tenir enchaînée sur une plage dans l'attente de la vague déferlante qui, immanquablement, finirait par les emporter, Jilam, elle et les autres. Tous, des coquillages, rêvant d'aventures, aux pensées d'humus et de bourgeons, aveuglés par l'écume et le sable, persuadés de détenir la clé du mouvement mais bien impuissants lorsque le pied s'abat. Ne reste dès lors plus que des esquilles, que la marée et le vent font sable. Souvenirs engloutis par l'oubli. Qui se souviendra d'eux ? Se rappellera leurs actions ? Qui pour honorer leurs souffrances ? Qui pour prendre leur relève ?
Des coquillages sur une plage. Du sable par-dessus du sable, et rien d'autre.
Tel était le jugement des statues, innombrables, qui les guidaient sur le chemin de leur destinée. Un sang noir et figé irriguait les veines de leurs bras blancs… qui soudain prirent la teinte pourpre du vivant. Démons, offrandes et voyageurs égarés, d’un seul élan, levèrent la tête au ciel. La voûte du monde semblait en pleine mue. Les écailles de nuit tombaient pour laisser apparaître la chair à vif. Le sang palpitait à travers les veines célestes, et la lune, tel un cœur battant, nourrissait leur immensité. Sa figure conservait encore des lambeaux de pâleur argentée lui conférant un air de jouvencelle devant son premier amour.
La foule s’attarda à contempler le premier sang de l’astre. Les démons, dont les cornes paraissaient s’enflammer au contact des rayons, s’agenouillèrent pour rendre grâce. Démonifées entamèrent en chœur un chant lancinant et vibrant aux notes très aigues.
Alors le gong macabre gronda son ultime avertissement avant de se taire pour de bon. Le cratère se mit à trembler. Les aventuriers virent au loin les immenses portes de jade se refermer lentement sous l’action des géants squelettiques animés par quelque magie funeste. Les esprits ne purent retenir leur effroi et songèrent pour la première fois à rebrousser chemin, alors même que la voie de sortie se scellait définitivement.
La procession repartit une fois les prières des démons achevées. Les démonifées poursuivirent leur chant, voltigeant au-dessus du populeux cortège ou bien lascives dans les bassins, desquels s’échappait une vapeur nauséabonde. Leurs doigts, effilés et pâles comme la craie, caressaient les nénuphars de cristal flottant à la surface des eaux mortelles. D’autres encore séchaient leurs ailes étendues sur les rebords des terrasses baignées du sang lunaire. Jilam aurait pu aisément se noyer dans leurs regards qui invitaient à la contemplation. Il n’en était pas une qui en possédait un identique : des yeux privés de pupilles, fondus d’un seul tenant en une infinité de nuances de couleurs changeant en fonction de leurs désirs et émotions, leur avait raconté Quo.
Au prix d’une interminable ascension qui les laissa sans jambes, les pèlerins parvinrent enfin au sommet, ou peu s’en fallait, du sombre tumulus. Jilam voyait dangereusement trouble. Il songea que la nuit les avait enveloppés trop tôt. Une nuit, non pas sombre mais sanglante, oui, vibrante d’une promesse de mort et de douleur entonnée par les litanies crissantes des démonifées et répétée en échos vrombissants par la gueule de Morbani.
Au-dessus d’eux, les murs d’Ashari poussaient dans la roche. L’éclat lunaire leur conférait une teinte rose. Nulle entrée n’était visible. L’accès devait se faire par les sous-sols ou plus probablement par les airs. Le palais, gargantuesque, s’étendait encore sous leurs pieds jusqu’à des profondeurs ignorées et creusait telle une fourmilière les vestiges du cratère originel du Seratusor ; lequel, toujours selon Quo, formait la grande arène où les festivités auraient lieu.
Un feu vert et bleu, déteint par la lune de sang, brûlait sur la crête qu’ils occupaient. L’âtre couvait une bâtisse aux allures de sanctuaire. Un étroit sentier serré par deux précipices y conduisait. La cohue de pèlerins cornus et d’offrandes en laisse se plaça à la queue leu-leu pour suivre la voie dangereuse. Une haie de démonifées en tenues de cérémonie gardait l’entrée du sanctuaire et filtrait le cortège. Ces dames, malgré leurs dehors de prêtresses, se prêtaient à des jeux de séduction avec les démons. Ces derniers leur contaient fleurette sous couvert d’une prose fleurie tout en vantant les mérites de leurs troupeaux. Les maîtresses de Morbani, tantôt mielleuses, tantôt dédaigneuses, se délectaient de l’intérêt dont elles étaient les cibles et n’hésitaient pas à jongler d’un prétendant à l’autre pour nourrir la jalousie. Jilam évitait à tout prix de croiser leur regard enivrant, Quo les avait plusieurs fois alertés sur ce point.
Chaque battement de cœur effréné s’accompagnait de la crainte de voir leur couverture éventée.
Nazukahi avait-elle le don de déceler leur présence malgré la foule innombrable ? Nellis l’ignorait. Elle avait partagé ses doutes avec ses compagnons. Peut-être la sorcière-vampire savait-elle tout depuis l'instant où ils avaient foulé les pentes du Seratusor. De toute façon, plus rien ne pouvait changer quoi que ce soit désormais. Ils n’étaient pas venu de si loin, n’avaient pas traversé toutes ces épreuves, enduré la douleur et la peur, pour qu’une simple suspicion interrompe leur quête.
Chacun tâchait, en cet instant, d’accomplir le deuil de sa propre vie.
Obscurité et lumière sanguine dansaient en harmonie sous l’œil rouge de mère lune. Des tentures en soie arachnéenne finement brodées à l’entrée du sanctuaire jetaient un voile de mystère sur le lieu. Une démonifée fit signe à Quo d’entrer en écartant un pan du tissu servant de porte. Son regard de peinture mouvante traça un coup de pinceau à la surface de chacune des nuques qui passa à sa portée.
À l’intérieur du sanctuaire une irradiante chaleur les cueillit. L'air ondulait et faisait se mouvoir le décorum. Les frontons du plafond s’imprimaient de fresques sculptées sur métal doré qui défilaient et prenaient vie au contact des regards. Une moiteur pesante couplée à un relent moisi imprégnait l’atmosphère. L’arôme évoqua à Jilam l’haleine de Mú ; lequel se tenait toujours bien au chaud sous le sein de Nellis. Le parfum était certes rebutant mais aussi envoûtant. Le jeune homme se sentait attiré par ces fragrances malgré sa nausée.
La chambre du sanctuaire était occupée par des démons et des offrandes debout en cercle autour d’un piédestal accueillant un énorme chaudron en fonte crachant des vapeurs, si massif que Jilam aurait pu s’y baigner sans avoir besoin de rabattre ses jambes.
Une figure familière se tenait sur le piédestal près du chaudron en compagnie de ses offrandes et en conversation animée avec une démonifée à la robe blanche cousue de perles. Alphamas et ses cornes bleues affichaient une mine méchamment joyeuse et un sourire de pâmoison tout en blablatant avec entrain. Le brouhaha des discussions entre démons, ajouté à la musique discordante d’instruments inconnus de Jilam, le gênait à saisir le sens de la conversation, laquelle allait, semblait-il, davantage dans l’un que dans l’autre. Si l’ouïe humaine peinait, celle du bois, en revanche, captait les paroles mais seule Quo en comprenait les mots, prononcés en langage de la nuit.
« … Dire que tu te coltines encore cette corvée cette année. Elle n’a pas de cœur de te confier toujours cette tâche. Mais je suis ravi de te voir. »
Au petit bonheur du démon, la démonifée à la peau de lune et aux cheveux de cendre répondait par une inflexible froideur. Son visage, d’une beauté divine, semblait taillé dans la glace et son regard aussi tranchant que des éclats de verre. Pas une ride ne trahissait ses sentiments. S’ennuyait-elle ou bien bouillonnait-elle de l’intérieur telle une Nellis en furie ? Impossible de le certifier.
Quoi qu’il en soit, cela ne refroidissait en rien le verbiage de son courtisan. « J’ai hâte que nous reprenions notre dernier tête-à-tête là où il s’était interrompu. L’autre fois tu…
─ Alphamas. » Le timbre était aussi clair et gelé qu’une source de montagne.
« Oui, Aramië ? » Les yeux verts d’Alphamas pétillaient de désir.
« Aurais-tu la gentillesse de te pousser. J’aimerais poursuivre, si tu le veux bien. » Le respect dans son plus modeste appareil. Impitoyable.
Le sourire du démon s’éteignit au même titre que toute trace joie sur ses traits. À croire qu’un troll venait de lui asséner un coup de gourdin en plein occiput. « Ah. Euh. Oui, bien sûr. Que suis-je bête ! Pardonne-moi. »
Sur ces excuses bredouillées, il s’écarta, tirant sur la laisse qu’il tenait en main. La créature à l’autre bout tituba, à demi étranglée par son collier. Quo reconnut l’elfe récalcitrant aperçu plus tôt.
« Mâte un peu le beau spécimen que je nous ai ramenés. Plein de fougue, gorgé de rancœur. À ne pas mettre dans toutes les bouches. Que dirais-tu de le garder pour plus tard ? Nous pourrions le déguster rien que tous les deux. Nous trouver un coin intime, loin des yeux jaloux. » Malgré la claque verbale qu’il s’était reçu, le démon n’en démordait pas. Quo eut presque pitié de lui.
La démonifée ignora son prétendant et se pencha sur l’elfe chez qui toute trace de rébellion avait disparu. Elle l’écorcha du regard mais sans le toucher, concluant son inspection par un soupir neutre. À côté d’eux, Alphamas respirait le dépit par tous les pores de sa peau de suie. Sûrement qu’il aurait apprécié d’être écorché vif par ces mêmes yeux, véritables flaques d’or nimbées de mercure.
La froide prêtresse tendit alors le bras à l’intention d’une congénère occupée à remuer le contenu du chaudron géant à l’aide d’une grande louche. Une autre créature ailée approcha avec un plateau sur lequel étaient posés des flacons en cristal que la servante à la louche s’attela à remplir d’un liquide bleu. Leurs ailes de papillon miroitaient dans la pénombre à la lueur des braises du grand âtre et des braseros fumants.
Les flacons pleins, la démonifée aux perles s’en empara d’un sans lâcher du regard l’elfe tétanisé. Le malheureux frémit de dégoût, puis d’envie, puis de dégoût, lorsque les vapeurs dégagé par la mixture lui rentrèrent dans les narines. Les longs doigts blancs tatoués et chargés de bagues le saisirent délicatement au menton et l’invitèrent à avaler la gorgée offerte. Nellis sentit les pensées de l’elfe se relâcher d’un seul tenant, comme si la mort s’était brutalement écrasée, au point qu’elle en eut le souffle coupé. Pourtant, le petit être se tenait bel et bien vivant à quelques pas d’elle. Et il souriait, d’un air béat, à la démonifée insensible qui lui caressait la joue.
Le corps détendu, les bras ballants, le regard vide, et ce bonheur éthéré tamponné sur la figure, l’offrande regagna sa place auprès d’Alphamas, dont le teint brillait d’une criante jalousie. Jilam n’en croyait pas ses yeux alors qu’il fixait, ingénu, l’elfe sans dénicher trace ni de peur ni de colère, ou d’un quelconque sentiment d’ailleurs. Sa conscience semblait simplement… partie.
« Pour celui qui boit, tout au monde se confond dans le même goût, c’est-à-dire aucun. » Telles avaient été les mots de Quo. Vie et mort réunies, se répéta le jeune homme.
L’effet de la potion se révélait plus effarant encore que Nellis l'avait imaginé par les dires de Quo. Cette concoction, chaque offrande entrant à Morbani se voyait forcée de l’ingurgiter. Les démons l’appelaient « trompe-la-mort » et les démonifées gardaient jalousement le secret de sa fabrication. Quo ne connaissait qu'un seul de ses ingrédients : le propre sang de ces dames.
Le trompe-la-mort engendrait une puissante paralysie sensorielle, tuant les sentiments et condamnant la raison. Une seule gorgée suffisait à vous endormir la conscience d'un être vivant sans pour autant le plonger dans le sommeil. La victime marchait, percevait et pouvait même parler à condition qu’on l’interroge, mais se retrouvait en revanche coupée de son être intime. Elle ne ressentait rien, plus le moindre besoin, et surtout aucune peur. Ses instincts étaient comme éteints, ou bien dépecés. Ainsi, démons et démonifées pouvaient jouir de la liberté de festoyer sans craindre que leurs précieux mets ne s’échappent durant le banquet.
La curiosité piquait Nellis en dépit de la terrifiante réalité. Elle aurait vendu ses cheveux pour connaître la recette. Certes, il lui suffirait pour cela de fouiller la mémoire d'une démonifée. Mais alors, elle risquait de se trahir auprès de Nazukahi.
La sorcière-vampire cachait comme elle sa présence. Impossible pour Nellis de détecter son aura. Morbani brouillait les flux de magie tout en les exacerbant, les rendant difficiles à saisir et brûlants au toucher.
La tribu d'Alphamas goûta au trompe-la-mort et une à une les offrandes enfilèrent les mêmes masques de bonheur hagard que leur compagnon d’infortune. C'était un tableau terrifiant.
Le démon tenta de renouer la conversation avec la dénommée Aramië qu’il ne cessait d’appeler, jusqu’à ce celle-ci ordonne au pèlerin suivant de s'avancer avec son cheptel. Navré, le berger aux cornes bleues se vengea sur ses pauvres brebis. Ses sévices ne provoquèrent en revanche aucune réaction parmi elles, ni de peur, ni de douleur. Leur volonté était défaite, aussi simplement que cela. Le trompe-la-mort avait achevé ce que des semaines et des semaines voire des lunes de marche éreintante dans le froid, l’estomac vide et l’effroi au ventre, n'avaient su abattre.
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