Chapitre quatre-Le voyage

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Georges rattrapa ses compagnons alors qu’ils arrivaient au carrefour qui croisait la route en direction de Colmar. Ostheim était leur première étape.

Ceux qui n'étaient jamais sortis de leur village étaient stupéfaits par tant de monde et de remue-ménage sur les routes.

Au fil des jours, dans tous les groupes, nombreux étaient les jeunes hommes épouvantés d'avoir à quitter seuls, pour la première fois, leur famille, leur paroisse. Gaston ou Georges devaient les motiver en permanence pour qu’ils marchent. La première semaine, les crises d'hystérie et de nerfs étaient monnaie courante. Non seulement ces désespérés ralentissaient l’expédition, mais leur anxiété avait aussi une répercussion sur les plus fragiles psychiquement.

Lorsque aucun régiment ne résidait sur l'itinéraire pour les recevoir, chaque soir après leur passage à la gendarmerie afin de viser le sauf-conduit, ils devaient trouver un gîte. Aux étapes et jusqu'à Toulon, les rixes étaient habituelles entre groupes. Chacun tentait d’obtenir un coin sec où dormir. Parfois certains conscrits, trop batailleurs ou ivres morts, étaient assassinés ou, au mieux, blessés pour un quart de vin ou un bout de paillasse convoitée. Lorsque les gendarmes ou les militaires intervenaient, pour tapage, ivresse ou agression de femmes, beaucoup étaient mis aux arrêts soit dans des prisons municipales ou dans des casernes.

Rarement, des habitants charitables les hébergeaient. Le plus souvent, on leur demandait de payer pour dormir dans des étables ou des écuries. Pour économiser, lorsque le temps le permettait, ils couchaient où ils pouvaient, dans des halles de marché couvert certes, mais toujours exposées aux intempéries. En général, ils se recroquevillaient dans des encoignures de rues, généralement disputées par d’autres sans-abri. Mais moins sujette aux courants d'air.

Dans les casernes, ils logeaient aux « petits châteaux » comme les militaires appelaient les salles mises à leur disposition. Ce n'étaient rien de plus que des locaux rudimentaires, souvent aménagés dans d’anciens corps de garde, non chauffés. Si par hasard, un poêle, ou une cheminée s'y trouvait, les jeunes étaient contraints de dénicher de quoi allumer et alimenter le feu. Alors, ils ouvraient la porte et la fenêtre, car la fumée envahissait la pièce. Ils se couchaient à même le pavé ou la terre battue, aucune paillasse ne les protégeait de l'humidité. Presque toujours, ils avaient d'énormes difficultés pour obtenir le bol de soupe chaude, comme pourtant mentionné en toutes lettres sur le sauf-conduit.

De Colmar, à Beaume-les-Dames, quelques flocons de neige et un vent froid les accompagnaient, leur gelant les mains, les pieds et le visage. Ils suivaient le Doubs depuis quelques jours, lorsque peu avant Besançon, ils s'aperçurent qu'il n'y avait plus grand monde sur la route. Le ciel était gris, quasiment noir. Tout à coup, la neige, poussée par le vent du nord, s'abattit en bourrasques épaisses. Elle masqua rapidement les chemins déjà mal entretenus qui n'étaient plus qu'une succession de fondrières boueuses où les jeunes gens s’enfonçaient parfois jusqu’aux mollets par temps normal. Maintenant, ils ne pouvaient plus avancer.

Ils étaient transits, recouverts de neige, lorsqu’ils croisèrent une ferme.

Ils cognèrent leurs brodequins contre le seuil de la porte qui s’ouvrit avant même qu’ils frappent le battant.

- Bonjour monsieur, nous sommes des conscrits, nous nous rendons à Toulon. Pourriez-vous nous héberger dans votre étable pour la nuit ?

- J’espère que vous n’y pensez pas ? vous êtes dix « cherches-pain »[1]. Si vous êtes vraiment des conscrits, il y a une caserne à une lieue plus avant. Encore quelques pas et vous y serez rendus… Bon courage ! et l'homme ferma brutalement la porte à peine entrouverte.

Les jeunes gens grognèrent :

- Encore au moins quatre kilomètres à se trainer les pieds gelés. On ne voit même plus la route.

- Si cette caserne existe vraiment ? renchérit un autre.

- Du courage, dit Georges, que peut-on faire de plus ? On ne va pas attaquer le fermier pour qu’il nous loge tout de même. Il ne nous reste plus qu’à marcher. Sinon, on va geler sur place.

- Eh bien les gars, vous voilà propre ! leur dit l’officier de garde qui les reçus. Vite, brigadier, emmenez-les à une douche chaude. Faites-leur avoir des vêtements secs et une gamelle.

Le lendemain, deux d’entre eux gardèrent la paillasse. Ils frissonnaient malgré le poêle qui ronflait et que les autres entretenaient sans relâche. Le médecin-major consulté prescrivit la chambre et ordonna quelques remèdes. Quatre jours plus tard, le soleil revenu, ils repartaient à bord de la patache hippomobile de la liaison militaire en direction de Lyon. Gaston était satisfait, l’équipe repartait complète.

- Vous avez de la chance les gars d’avoir obtenu l’autorisation de circuler avec la patache militaire. C’est la première fois que j’emmène avec moi des conscrits ! leur dit le vieux conducteur… Ne vous attendez pas à avoir la même opportunité au départ d’une autre caserne.

Relativement à l’abri, ils affrontèrent encore la neige jusqu’à Lons-le-Saunier où ils firent escale pour une nuit. Personne ne remit en cause leur voyage en patache qui dura jusqu’à Lyon. Peu avant Bourg-en-Bresse. Ils rencontrèrent une pluie fine et glaciale.

Sans penser, les dents serrées sur leur fatigue, le cerveau endormi, les conscrits n’osaient plus se demander ce qu’il leur restait de trajet à parcourir lorsqu’ils arrivèrent enfin à Lyon. Ils étaient trempés jusqu’aux os et épuisés. Mais la perspective de se retrouver bientôt dans le confort d'une caserne et de pouvoir se reposer les réconfortait un peu. Comme de coutume, ils espéraient y être accueillis avec bienveillance.

Hélas, ils furent de nouveau confrontés à la méfiance, mais cette fois de la part du corps de garde. L’officier de la garde leur jeta un regard méprisant et demanda d’une manière brusque à leur conducteur :

- Soldat ! qu'est-ce que c’est que cet équipage ?

- Mon lieutenant, ce sont des conscrits qui viennent de l’Alsace et vont à Toulon. J’ai eu ordre de mon colonel de les transporter jusqu’ici. Voici le document.

- Qui commande le groupe ?

- Moi, lieutenant annonça Gaston.

- On dit mon capitaine à un officier de garde... Votre sauf-conduit ?

Gaston présenta les feuillets réclamés qui leur permirent de pénétrer dans la caserne et d’obtenir un dortoir dans lequel ils purent se réchauffer et se reposer.

- Malgré la lenteur de la patache, avec tout ce mauvais temps, nous avons gagné quelques jours, dit Georges. De plus, vous l’avez entendu, nous ne sommes plus autorisés à emprunter celle qui descend vers le sud. « Vous êtes des civils » nous a signifié l’officier. Donc la patache nous est interdite. Heureusement, le fourrier[2] nous a habillés de neuf.

Déterminés à achever leur voyage le plus tôt possible, Georges et Gaston suggérèrent de chercher un moyen de transport plus rapide :

- Nous devrions peut-être essayer de nous procurer des billets pour une malle-poste. Cela pourrait nous coûterait moins cher qu’une diligence, dit Georges.

- Oui, c'est une bonne idée, approuva Gaston. Mais pourquoi pas une diligence. Nous pourrions essayer de trouver chacun du travail avant de repartir. Les gains regroupés pourraient sûrement nous payer une promenade en diligence.

- Nous connaissons la diligence et la patache ; mais qu’est-ce qu’une malle poste ? demanda l’un des coéquipiers.

Les autres hommes hochèrent la tête en signe d’assentiment. Tous avaient déjà vu passer des malles postes sur les différentes routes qu'ils avaient empruntées jusque-là, mais ils n'en connaissaient pas l'utilité exacte.

- Les malles postes, expliqua Georges, sont des véhicules exploités par la poste pour transporter en priorité les courriers, ou les colis de manière rapide et efficace. Vous l’avez vu, leurs dimensions sont entre la diligence, le tombereau et la patache. Leurs roues sont énormes. Elles sont conçues pour rouler plus rapidement sur toutes les routes et dans toutes les conditions de climat, de jour comme de nuit. Les malles postes sont toujours tractées par deux chevaux de traits. Quelques fois, suivant la place restante, des voyageurs sont autorisés à l’emprunter à peu de frais. Nous sommes dix, je ne pense pas que nous soyons les bienvenus même dans une diligence au prix fort.

- Très bien, conclut Gaston, quelqu’un vient avec moi, je vais en ville pour me renseigner sur les opportunités de travail temporaire. Quelques sous ne nous feront pas de mal. De votre côté, discutez avec les militaires, on ne sait jamais. Ils connaissent toujours quelque chose.

- Nous devons être encore plus prudents et ne pas trop dépenser notre argent, ajouta l’un d’entre eux, mais si ce travail peut nous aider à terminer notre voyage plus rapidement et en toute sécurité, cela vaut la peine d’essayer.

Georges en profita pour écrire une lettre à son épouse.

Correspondance Page 867

***

Ils ne trouvèrent que du travail à tenir sur plusieurs jours et encore pas pour tous. Le temps leur était malgré tout compté. Aussi, après avoir perdu deux jours en vaines recherches sous la pluie, reprirent-ils le chemin à pied par une journée ensoleillée.

Au sud de Lyon, le climat se radoucit.

- La route est plus sèche, plus large et mieux entretenue ici, reconnut Gaston.

Vers midi, Georges annonça en plissant les yeux :

- Attention, les six qui viennent vers nous sont armés. Ce sont certainement des brigands. Ils ont un comportement bizarre. Ils regardent souvent derrière eux.

Tous mirent la main dans la poche où se trouvait leur surin[3].

Deux hommes vêtus d'une tenue grise épaulaient une arme tandis que deux d'entre eux, les mains ligotées, étaient enchainés aux derniers.

L’un d'entre eux interpella le groupe :

- Holà qui est le chef ici ?

- Moi ! répondit Gaston, nous sommes des conscrits en chemin vers Toulon pour y accomplir notre service.

- Des conscrits ? Vous y croyez-vous autres ? Vous me semblez bien mis pour des conscrits. Je penserai plutôt à des calotins[4] en balade. Voyons voir ça de plus prêts. Montrez-moi votre sauf-conduit ?

- Nous n’exhibons notre document uniquement qu’aux gendarmes et aux officiers de garde des casernes ou des particuliers qui nous reçoivent.

- Mais moi, je suis officier ! n’est-ce pas les gars ? Donc, je suis en droit de vous demander et de voir votre sauf-conduit.

Les individus enchainés se libèrent et un couteau apparait dans leurs mains.

Les hommes se jaugent tout en se tournant imperceptiblement autour, n’attendant qu’un signe de leur chef.

- Bon, assez parlé, nous sommes armés. Vous nous donnez votre bourse sans coup férir et l'on se quitte en bons amis, intervint le second en brandissant son fusil.

- Nous n’avons pas d’argent… rétorqua Gaston sans perdre son calme.

- Tiens, elle est bien bonne celle-là ! comment faites-vous pour bouffer et dormir ?

Georges fit un signe infime et ses amis se ruèrent sur les faux soldats, gardiens et détenus. Les couteaux furent arrachés. Des coups plurent. Gaston maitrisa promptement son interlocuteur qui s’était empêtré dans la bandoulière de son fusil.

Georges qui relevait la tête vit des tricornes se profiler au loin. Il cria :

- Des gendarmes !

Aussitôt le combat cessa. Les fusils furent précipitamment propulsés d’un coup de pied dans les herbes côtoyant la route. Les couteaux regagnèrent les poches.

- Alors les gars, des problèmes ?

- Non ! chef, on est des conscrits.

- Montrez-moi vos sauf-conduits !

- On se préparait à manger un bout ensemble, annonça l’un des faux militaires, tout en sortant un sauf-conduit de sa musette.

Après quelques minutes de lecture, le cavalier reprit en souriant :

- Deux groupes ? L’un vient de Strasbourg et va à Toulon. L’autre se rend à Belfort depuis Marseille… La vie est mal faite, n’est-ce pas ? ajouta-t-il en rendant les feuillets.

- Évitez les bagarres si vous ne voulez pas perdre quelques jours et arriver en retard à votre affectation. Ce serait mal vu… Allez bon appétit et bonne route les gars. Ah ! encore : méfiez-vous, il rode des détrousseurs dans la région. Ils volent les gens qui dorment à la belle étoile. Cette nuit, deux soldats qui rejoignaient leur cantonnement à Valence se sont fait voler leur arme durant leur sommeil.

Une fois les gendarmes partis, l’altercation reprit, mais cette fois verbalement.

- C’est vous qui avez volé les deux soldats ? demanda Georges ?

- Non, c'est vous, on vous a vu. Vous aviez deux fusils... dit l’escroc.

Gaston se rua sur les armes.

- Voici ce que j'en fais des pétoires. Au moins personne ne les aura dérobées !

Joignant le geste à la parole, il les brisa en les tapant sur le sol. En criant :

- Que quelqu’un court après les gendarmes pour dénoncer ces voleurs.

D'un croche-pied, Georges bloqua le voyou qui tentait de se sauver. Aussitôt ses compagnons ressortirent leur couteau.

- C’est bon les amis, restons courtois, on n’va pas se battre pour un petit malentendu. On va casser une croute ensemble et tout ira mieux. Dit le faux militaire en levant les mains. Tout en parlant, il réunit le reste des armes et le jeta dans un fourré.

- Voilà, je suis d’accord, il n'y a jamais eu de vol de fusil.

Ils s’éloignèrent les uns des autres. Tout en se regardant en chiens de faïence, ils s’assirent dans le pré chacun de leur côté. Toujours sur leur garde, ils sortirent leurs croutons de leur besace.

- Bien les gars, faites plus la gueule… On vous doit quelques explications… Nous sommes bien des conscrits. Hier, à la tombée de la nuit, nous avons été agressés par les deux militaires dont le gendarme parlait. Ils en voulaient à notre bourse tous comme nous l’avons fait pour vous. Sauf que malgré leur avantage, ils n'étaient que deux. Nous nous sommes emparés de leur réticule[5] et leurs armes. Ils se sont enfuis sans demander leur reste.

- Cette agression nous a donné l’idée pour nous refaire. Nos économies sont en baisse. Comme nous n’avions que deux fusils, nous avons inventé le stratagème des prisonniers en transfèrement. Vous étiez nos premiers clients. Nous vous avions pris pour de naïfs séminaristes. D’ailleurs, heureusement que l’on vous a rencontré, sinon nous aurions été surpris par les gendarmes avec nos fusils à l’épaule. On vous doit toutes nos excuses.

- C'est vrai ce qu’a dit le gendarme, rétorqua un autre, nous avons rencontré de nombreux conscrits déserteurs, et aussi des bagnards marrons. Ils se cachent dans les bois ou dans des grottes. Ils se sont constitués en bandes et sont de véritables détrousseurs.

Plus ils descendaient vers le sud, plus ils croisaient des colporteurs à pied, des fripiers, des vanniers, des chaudronniers, des ramoneurs, des brocanteurs. Beaucoup de ces ambulants étaient accompagnés de leur famille qui les suivait pédestrement ou juchée sur des charrettes tractées par des mules. Ils proposaient à toutes les personnes qu'ils rencontraient des livres pour les uns ou de mercerie aux femmes, des images laïques ou pieuses pour les autres.

Un soir, à un relais de poste, alors qu'ils avaient été autorisés à dormir dans une baraque très propre aux environs d’Avignon. Ils discutaient avec des garçons d’écurie, lorsque Georges s'étonna de la multitude de diligences et de cabriolets qui circulaient sur cet itinéraire.

L'un des palefreniers se mit à rire en lançant :

- Dites les gars, d'où sortez-vous ? Ici, c'est la route qui va de Paris à Marseille... c’n’est pas un quelconque chemin.

Georges détestait les escales dans les auberges de poste, même s'ils y étaient invités à loger gratuitement. Il y avait toujours ce genre de personnage imbu de sa personne et de ses sciences limitées. De plus, le soir, les beuveries se terminaient souvent mal et le matin, certains conscrits ou autres clients ivres voulaient monter à bord des véhicules en partance. Ils provoquaient des débats vifs avec les conducteurs qui ne souhaitaient pas emmener des personnes en état d’ébriété ou les voyageurs qui espéraient ne pas être importunés. Certains rouliers admettaient gratuitement sur leur toit les militaires en uniforme et à jeun, tandis que d'autres essayaient de les arnaquer. Seuls les charretiers ou les paysans acceptaient de convoyer deux ou trois conscrits à la fois contre quelques sous, à condition qu’ils s'assoient à l'arrière de leur charrette ou tombereau. Cependant, le transport n’était pas toujours très long.

De jeunes hommes plus téméraires couraient derrière les cabriolets, ou les diligences pour s'accrocher à la plateforme à bagages. Les marcheurs les retrouvaient généralement quelques kilomètres plus loin. Les cochers, lorsqu'ils s'en apercevaient, claquaient leur long fouet jusqu'au dos de la voiture. Alors, les passagers clandestins s’éjectaient du véhicule, ce qui pouvait parfois entraîner des fractures à l'atterrissage. Les piétons avaient deux solutions. Si le type était inconnu, avant d'être abandonné à son sort dans le fossé, le malheureux était aussitôt dégagé de la route pour qu’il ne se fasse pas écraser par le véhicule suivant. S’il était de leur groupe, ses amis le transportaient le plus prestement possible au village le plus proche. Dans tous les cas, gravement blessés ou non, les gendarmes le conduisaient vers la caserne du canton pour y être mis au cachot pour infraction.

Les Alsaciens étaient, de la même façon, tentés par la facilité. Georges et le chef de l'équipe avaient souvent du mal à ramener leurs équipiers à la réalité. Les discussions étaient difficiles et parfois violentes. Les tensions, s’apaisaient lorsqu'ils rattrapaient ou étaient dépassés par un convoi militaire hippomobile. Ils demandaient l'accueil au commandant de détachement, qui refusait rarement de les transporter, ce qui satisfaisait momentanément tout le groupe. Bien que cela prenne plus de temps que de se déplacer en véhicule civil, ils avaient le privilège d’être transportés et d'arriver sans détour, sans souci et sans fatigue, dans une caserne. Ils pouvaient alors manger au moins une soupe chaude et espérer un gîte sec pour la nuit avec en prime le remplacement de leurs vêtements trempés de sueur.

[1] Bouches à nourir

[2] Fourrier, est un gradé militaire, généralement du rang de sous-officier, attribué au chargé de l'intendance.

[3] Surin est un terme argotique. Il désigne une arme blanche, de type couteau de conception artisanale comme celles fabriquées en milieu carcéral.

[4] Familier et péjoratif en rapport avec les ecclésiastiques.

Ils avaient visité le port. Ils s’étaient émerveillés devant la grosseur des bateaux, la hauteur de leurs mats et l’agilité des hommes qui y montaient et descendaient.

L’agitation des portefaix courbés, traînant et tirant, tête basse, des fardeaux de toute sortes leur avait paru normale.

Aujourd’hui, ils sortaient de la gare de Marseille tout aussi abasourdis que la veille. Tous allaient de leur commentaire. Ils paraissaient enchantés de ce monde de progrès et de technologie qu’ils ne soupçonnaient pas.

- De mon point de vue, dit Gaston, c'est un endroit étrange avec ces locomotives au nez de cuivre qui sentent mauvais et respirent sans cesse jetant des flots de vapeur sur tous ces gens qui circulent un peu dans tous les sens. De plus, se mêlent aux voyageurs, qui ne semblent pas les voir, de nombreux ouvriers et tout autour des rails, il y a des forges et de vastes ateliers bruyants qui me laissent une impression de monde animé, mais désordonné. Si c'est cela le progrès, alors j'y renonce. Je préfère de loin la marine.

Ce matin, partis de la caserne de Marseille, ils se dirigeaient vers Toulon. Des anciens leur avaient conseillé d'emprunter la route côtière qui était des plus agréable. Mais avant de partir, l’officier de garde leur dit en signant leur sauf-conduit :

- Prenait le chantier de la voie ferrée. Adressez-vous à l’ingénieur ou au chef des opérations sur place. Ils vous aideront et dans trois jours tout au plus, vous serez à Toulon. Bon courage !

Plutôt que de suivre la route officielle, Georges et son équipe choisirent de s’engager sur le chantier du chemin de fer. Ce fut une bonne idée. Très souvent, ils étaient autorisés à s’asseoir sur les marchepieds des locomotives ou sur des wagons qui transportaient du matériel. Même si le parcours était court, ils gagnaient du temps sans fatigue. Le soir, les chefs de chantier leur permettaient de se laver avec du savon et de se reposer dans un dortoir sec et aéré muni des lits et des paillasses propres. Ils profitaient aussi et gratuitement des restes des cantines des ouvriers.

[5] Petit sac fermé par un fil plus communément nommé bourse.

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