chapitre 9
Le lendemain matin, Hope fut réveillée par les ronflements de son mari qui était couché en travers du lit. Il n’avait pas pris la peine de se dévêtir et il empestait l’alcool et un effluve d’un parfum capiteux qui en disait long sur sa fin de soirée. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, il ne lui fallut que quelques minutes pour que son humiliation de la veille ne lui revienne en mémoire. Elle avait rapidement quitté le bal et n’avait pas attendu Stuart pour se coucher évitant ainsi une confrontation qu’elle ne se sentait pas capable d’avoir tant elle était meurtrie.
Hope se libéra péniblement du bras de Stuart qu’il avait négligemment posé sur elle. Elle ne se sentait pas bien, elle avait la tête qui tournait et les relents qui émanaient de son mari lui donnait le haut le cœur.
Elle n’eut que le temps de se lever et d’atteindre le pot de chambre qu’elle vomit. Elle dut s’asseoir par terre, elle était étourdie et nauséeuse. Que lui arrivait-il ?
Elle lança un regard noir à Stuart qui profondément endormi ne se doutait pas de l’état de sa femme.
- C’est lui qui s’enivre et c’est moi qui suis malade ! pesta t’elle.
Lorsqu’elle se sentit mieux et put se relever, elle sentit monter en elle une immense colère. Comment avait-il osé lui mentir et l’humilier publiquement ainsi ? Elle ne pouvait tolérer qu’il la traite de cette façon ! Que s’était-il passé avec cette femme pour que son parfum reste imprégné dans les vêtements de son mari !
De rage, elle se saisit du pichet d’eau, déposé sur la table de chevet, et le lui déversa sur la tête, le sortant abruptement des bras de Morphée.
Il se leva d’un bond l’air hagard.
- Stuart, comment avez-vous osé me trahir de la sorte ? lui cria Hope. Je n’ai jamais été aussi humiliée de ma vie ajouta t’elle en prenant son visage dans les mains.
Stuart esquissa un geste dans sa direction qu’elle stoppa immédiatement en le fusillant du regard.
- Ne me touchez pas !
- Hope, mon amour, vous vous méprenez. lui répondit Stuart d’un ton conciliant. Je ne vous ai pas menti. Il est vrai que je ne vous avais pas parlé d’Ashley car elle appartient à mon passé. Elle…
- Votre passé dites-vous ? l’interrompit Hope. Et elle éclata d’un rire cynique. Qui cherchez-vous à convaincre de ce mensonge, vous ou moi ? Vous auriez dû vous voir la dévorer du regard.
- Ca m’a fait un choc de la revoir après toutes ces années. Concéda t’il. De plus, j’ignorais qu’elle serait présente.
- Et comment expliquez-vous que vous portiez l’empreinte de son parfum ce matin encore ?
A ces mots, Stuart pâlit, puis ses joues s’empourprèrent. Il semblait se décomposer. Il n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche que Hope lui asséna une magistrale gifle. Elle s’était transformée en une furie et tenta de lui en donner une deuxième. Mais Stuart avait récupéré ses facultés et lui attrapa les poignets.
Il la prit dans ses bras en la maintenant fermement et Hope éclata en sanglots. Il ne la relâcha pas et lui murmura des mots doux entrecoupés d’excuses. Il lui jura qu’il l’aimait. Hope était inconsolable, son rêve était brisé, elle se sentait seule au monde, loin de chez elle et de sa famille. Elle n’aspirait qu’à retrouver ses parents et quitter ce pays inhospitalier qui n’était pas le sien. Elle s’en voulait de ne pas s’arracher à son étreinte, mais elle avait conscience que même si Stuart était la source de son malheur, il était également son seul réconfort.
Ils restèrent, plusieurs minutes, enlacés au milieu de leur chambre.
- Je veux rentrer à la maison. Dit-elle d’une petite voix plaintive.
- Oui, mon amour, ne vous inquiétez pas, nous allons rentrer à Savannah aujourd’hui même. Lui répondit Stuart inconscient de ce qui se jouait dans la tête de son épouse.
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Comme promis, Hope et Stuart regagnèrent leur maison le jour même. Ils firent leurs adieux à la famille Hamilton, après le déjeuner. Tous étaient mal à l’aise.
Même si les parents de Stuart ne semblaient pas avoir connaissance de ce qui s’était déroulé lors du bal, ils sentaient la tension entre le jeune couple. Hope ne fit aucun effort pour la dissimuler et s’offrit le luxe de se montrer glaciale avec ses beaux-parents, frisant l’impolitesse.
Le retour à Savannah se fit en silence. Hope ne desserra pas les dents et découragea tous les efforts de Stuart à engager un semblant de conversation. Elle paraissait retranchée dans une tour imprenable. En fait, son cerveau était en ébullition. Elle réfléchissait à la meilleure manière de sortir de cette situation. Elle pensait que son mariage était terminé. Stuart avait perdu sa confiance et bafoué sa dignité. Elle était désormais convaincue d’avoir été un lot de consolation et que leur grande histoire d’amour n’était qu’une chimère.
À tout moment, s’interposait dans ses réflexions, l’image de la resplendissante Ashley Munroe Hollister.
Hope lutta tout le trajet pour ne pas laisser couler ses larmes.
Lorsqu’ils arrivèrent chez eux, sans lui laisser le temps de parler, elle lui dit.
- Je monte me coucher, je vous saurais gré de prendre une autre chambre. Puis elle rajouta perfidement. Vos souvenirs de la nuit passée vous tiendront compagnie.
Elle s’enferma dans la chambre, se jeta sur le lit et laissa cours à son chagrin.
Les jours qui suivirent, Hope fut contrainte de garder le lit. Elle souffrait de violentes nausées et de maux de tête. Elle était affaiblie et ne se sentait pas le courage d’affronter Stuart et de lui annoncer qu’elle avait décidé de rentrer en Angleterre.
En effet, elle avait décidé de quitter son mari. Elle avait élaboré un plan. Elle prétexterait une visite à ses parents et ne reviendrait jamais. Elle resterait mariée à Stuart officiellement, mais n’aurait plus à le voir. Cela impliquerait, bien entendu, qu’elle ne pourrait jamais se remarier et avoir des enfants, mais elle n’en avait cure. Elle en avait définitivement terminé avec l’amour et les hommes.
Maintenant que sa décision était prise, Hope avait hâte de pouvoir la mettre à exécution. Cette soudaine maladie retardait son projet et lui mettait les nerfs à vif. En plus, elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Elle n’avait été que très rarement malade dans sa vie et ce qui était curieux c’était que son état s’améliorait dans la journée pour se détériorer au réveil chaque matin.
Au bout du quatrième jour, Stuart rentra à la maison, accompagné du Docteur Wilson. Il était terriblement inquiet pour son épouse et la culpabilité le rongeait. Il ne cessait de se demander s’il était responsable de cette étrange maladie.
Le Docteur monta examiner Hope dans sa chambre, laissant Stuart, seul, en proie avec ses démons, dans le salon. A la fin de la consultation, il pria Patsy d’aller chercher son maitre pour qu’il les rejoigne.
Hope était allongée sur le lit, aussi pâle qu’une morte. Elle paraissait en état de choc. Stuart s’assit à ses côtés et lui prit la main. Elle n’offrit aucune résistance.
Le vieil homme affichait un air rassurant et annonça à Stuart, avec un grand sourire.
- Votre femme n’est pas malade, elle porte votre enfant !
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