chapitre 12

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Il fallut plusieurs heures à Mary Stanton pour calmer Hope. Elle avait accueilli sa jeune amie bouleversée et en pleurs. Elles avaient longuement discuté et après avoir passé en revue les alternatives que Hope avait ; elles étaient arrivées à la conclusion que la jeune femme n’avait pas d’autre choix que de serrer les dents et de se battre pour sauvegarder son mariage et tenir Ashley à distance. Elles avaient convenu que Hope ne mentionnerait pas l’altercation de l’après-midi. Il n’était pas nécessaire que Stuart soit mis au courant, en tous cas pas par son épouse. Mary l’avait mise en garde ; les hommes supportaient difficilement les mégères jalouses.

Mary était convaincue que le bébé était la solution au problème. N’en déplaise à Ashley, Hope allait être la mère de l’héritier de Stuart et c’était une place importante dans la vie d’un homme.

Les deux femmes avaient tissé un fort lien d’amitié. Mary éprouvait une forme de tendresse maternelle pour sa jeune protégée. Elle souhaitait pouvoir lui éviter du chagrin. Elle se souvenait de sa propre vulnérabilité quand elle avait été enceinte.

Hope décida qu’elle rentrerait à la maison la tête haute. Elle était piquée dans son amour propre et elle n’allait pas laisser cette garce lui voler le père de son enfant les bras croisés. Il avait perdu le droit qu’elle le nomme son mari. Son cœur était amer et plein de colère. Ses sentiments pour Stuart ne seraient plus jamais ce qu’ils avaient été et elle ne pourrait lui pardonner l’humiliation qu’il lui avait infligée. Elle avait cru en lui et aux mensonges qu’il proférait depuis leur retour de Oak Shadow. Elle avait vraiment pensé que leur relation pourrait bénéficier d’une seconde chance. Elle s’était trompée et apprenait rapidement de ses erreurs. Elle ne se ferait plus duper. Elle ne laisserait plus ses émotions la guider.

Elle avait écouté les recommandations de Mary et lui était reconnaissante de ses conseils. Cependant, elle avait tu la rage qui menaçait à tout moment de l’étouffer. Elle ne lui avait pas dit qu’elle tolérerait cette situation tout en restant à l’affût de la moindre opportunité qui se présenterait à elle pour reprendre la maitrise de sa propre vie. Il lui faudra se montrer patiente, mais elle était sûre que tout arrivait à point pour celui qui sait attendre.

C’était une leçon que son père lui avait apprise lorsque, enfant, il l’emmenait pêcher, au grand dam de sa mère, qui pensait que c’était une activité indigne d’une jeune fille de bonne famille. La pêche n’était qu’un prétexte pour passer la journée tous les deux.

Ils s’asseyaient au bord de l’étang et restaient ainsi de longues minutes sans parler, appréciant le silence et la compagnie de l’autre. Les premières fois, Hope avait vite manifesté de l’impatience ; elle ne cessait de poser des questions et de demander à son père quand les poissons mordraient à l’hameçon. Son père lui expliqua qu’il fallait se taire et attendre le bon moment. Hope avait appris la patience et son père lui avait promis que ça lui servirait dans sa vie future.

Le souvenir de son père et de leur complicité la rasséréna et lui redonna de la force. Elle eut un sourire furtif ; elle était prête à affronter Stuart.

Lorsque Hope eut repris ses esprits, son amie la fit reconduire en calèche chez elle, tout en priant pour que tout se passe au mieux.

***********************

Lorsque Hope rentra chez elle, la maison était en effervescence. Stuart avait obtenu une promotion après avoir négocié une importante affaire et il était rentré, quelque peu éméché, accompagné par deux amis, bien décidé à célébrer son succès.

Ella avait dû réorganiser le repas en catastrophe afin de satisfaire son maitre et ses convives. Jackson et Patsy lui prêtaient main forte.

Hope fut rapidement mise au courant et se précipita à l’étage pour se changer. Elle n’était pas mécontente de la tournure des événements. Cette soirée impromptue évitait le désagréable repas en tête à tête avec son mari qu’elle redoutait. Malgré les recommandations de son amie, Hope ressentait une vive rancune à l’égard de son époux. Et la présence d’étrangers, ce soir, lui laissait le temps de réfléchir et de prendre le temps d’adopter la meilleure attitude pour elle et son bébé à naître. Les récents événements lui avaient fait prendre pleinement conscience de sa responsabilité envers son enfant.

Hope prit le temps de revêtir une robe bleu nuit en velours qui mettait en valeur son teint pâle. Elle avait un joli corsage aux épaules qui dégageait son cou de cygne qu’elle orna d’un simple collier de perle. Son épais jupon masquait sa taille qui commençait légèrement à s’épaissir.

Pour se coiffer, elle dût se passer des mains expertes de Patsy, trop occupée à la cuisine et releva ses cheveux en un chignon classique.

Elle avait apporté un soin particulier à son apparence, cherchant inconsciemment à rivaliser avec la beauté d’une certaine Sudiste. Elle sut qu’elle avait atteint son objectif lorsqu’elle croisa le regard concupiscent des amis de Stuart, John et James Wayne.

- Oh ma chère, vous êtes resplendissante. lui dit le premier en baisant sa main galamment.

- Vous ne méritez pas votre chance, Stuart. ajouta le second en lui adressant un clin d’œil.

Hope répondit par un éclat de rire sensuel et une moue enjôleuse qui lui était peu coutumière.

- Vous n’êtes que de vils flatteurs messieurs. minauda-t’elle Elle les prit chacun par le bras et les laissa l’escorter jusqu’à la table.

Elle jeta un bref regard en arrière à son mari et aperçut la petite veine qui se situait sous son œil gauche tressauter, signe d’une vive contrariété, ce qui la remplit d’une joie mauvaise. Elle les avait éclipsés lui et sa promotion.

Hope appréciait sans plus les frères Wayne qu’elle trouvait aussi sots l’un que l’autre.
Ils auraient pu être jumeaux tant ils se ressemblaient. Ils avaient les mêmes cheveux blonds ternes et souffraient tous deux d’un léger strabisme. Il était, néanmoins, facile de les distinguer car l’ainé John avait perdu un bras, enfant, suite à une infection ; même si Hope l’avait déjà entendu conter à une damoiselle que c’était un tribut de guerre.

Ils étaient amis avec Stuart depuis l’enfance ; ils étaient des cousins éloignés et leur père possédait une plantation voisine de Oak Shadow.

Hope leur consacra toute son attention durant le repas, rendant ainsi son mari fou de jalousie. La mine de Stuart s’assombrissait au fil de la soirée, il supportait difficilement d’être mis à l’écart par sa femme et ses meilleurs amis.

Hope se montrait charmeuse et semblait captivée par la conversation de ses convives. Elle les encourageait à s’exprimer et paraissait boire leurs paroles. Elle savait comme la plupart des hommes étaient imbus d’eux même et combien ils se délectaient de parler de leur petite personne.

John et James vivaient tous les deux avec leur mère et leur jeune sœur sur leur plantation. Leur père était décédé quelques années auparavant. Ils expliquèrent à Hope en détail les grandes responsabilités qui leur incombaient. A les entendre, on aurait pu croire qu’ils dirigeaient l’exploitation familiale, mais Hope avait appris, par sa belle-sœur que leur mère était une femme de poigne et que c’était elle qui portait la culotte dans cette famille. Hope trouvait la scène très divertissante, elle avait le sentiment d’assister à une représentation théâtrale.

Son mari, étant totalement en retrait, le regard plongé dans son verre de whiskey, elle parvint à aiguillonner la conversation vers un sujet qui lui tenait à cœur l’esclavage. Stuart, connaissant son sentiment à cet égard, la maintenait à l’écart de toute discussion s’y rapportant.

- Vous comprenez, aujourd’hui, le problème ce sont les discours des abolitionnistes. Ils tentent de faire croire à nos nègres qu’ils ont des droits et qu’ils auraient une meilleure vie au Nord. expliqua James. C’est la raison pour laquelle de nombreux esclaves cherchent à s’enfuir.

- Heureusement il est rare qu’ils puissent aller bien loin et grâce à la loi de 1850, nos biens doivent nous être rendus où qu’ils se trouvent. ajouta John non sans un certain contentement dans la voix.

- La loi de 1850 ? demanda Hope. Que préconise t’elle ?

- Chaque esclave évadé est considéré comme fugitif et c’est un crime fédéral que de les aider. De plus, la loi oblige tous les officiels du pays à arrêter toute personne d’être suspectée d’être un esclave en fuite.

- Ces maudits Nordistes abolitionnistes sont bien obligés d’obéir au congrès. ricana James.

- Il est donc impossible pour un esclave de fuir. s’enquit avidement Hope.

Stuart choisit cet instant pour mettre un terme à la soirée. Il interrompit ses amis et leur demanda d’excuser sa femme qui était fatiguée et souhaitait se retirer. Le regard noir qu’il lui lança la découragea d’objecter. Hope, les joues cramoisies par l’humiliation, prit congé et monta se coucher.

**************************

Hope venait de s’endormir quand elle fut violemment tirée du lit par les cheveux. Il faisait sombre dans la chambre et elle peinait à discerner les traits de son agresseur. Il ne lui fallut que quelques secondes pour comprendre qu’il s’agissait de Stuart. Il empestait l’alcool.

Elle n’eut pas le temps de crier qu’il lui asséna une gifle tout en la maintenant contre lui par les cheveux. Hope, à présent complétement réveillée, se mit à se débattre de toutes ses forces, bien décidée à ne pas se laisser maltraiter. Toute la rage qu’elle avait contenue semblait se déverser. Elle lui rendit sa gifle et le griffa sous l’œil gauche ce qui malheureusement eu pour effet de décupler sa fureur.

Elle tentait vainement de l’obliger à la lâcher. Mais Stuart était beaucoup plus fort qu’elle. Il l’agrippa par la gorge et la plaqua brutalement contre le mur, renversant au passage la coiffeuse et brisant le miroir qui était posé dessus.

- Je ne peux accepter que ma femme se conduise comme une trainée devant mes amis articula t’il lentement. Vous êtes à moi, entendez-vous Hope. ajouta-t’il d’un ton possessif.

Hope avait la tête qui tournait, elle était à bout de souffle, mais elle refusait de s’avouer vaincue.

- C’est étrange, je pensais que vous aimiez les trainées. souffla t’elle. En tous cas, c’est l’impression que m’a laissée la discussion que j’ai eue avec votre chère amie Ashley! continua Hope sardoniquement

Stuart parut décontenancé par sa réponse et desserra sa prise. Hope saisit l’occasion, elle releva son genou jusqu’au bas ventre de son mari et se libéra de lui, le laissant plié en deux. Elle se précipita vers la porte cherchant un refuge dans une autre pièce de la maison. Elle connaissait Stuart et savait que la dispute n’était pas encore arrivée à son terme.

Elle ne put aller plus loin que le couloir qu’il l’avait déjà rattrapée. Il l’écrasa contre le mur et lui asséna une nouvelle gifle. Le visage de Stuart était méconnaissable, ses traits étaient déformés par la rage. Hope prit soudain peur, elle ne l’avait jamais vu comme ça.

- Vous allez me le payer Hope. cracha t’il. Je vais vous apprendre à respecter votre mari.

Un grincement dans l’escalier qui menait aux chambres des esclaves empêcha Hope de lui répondre. La grande ombre de Jackson se dessina sur le mur en face d’eux.

- Jackson, retourne te coucher et ne te mêle pas de mes affaires sinon je te vends au premier marchand venu. lui cria Stuart.

L’ombre de l’esclave disparut aussi vite qu’elle était apparue.

Stuart prit Hope par le bras et la ramena à leur chambre, il la jeta sur le lit. La chemise de nuit de la jeune femme se souleva révélant ses longues jambes blanches. Le regard de Stuart changea. Un air lubrique se peignit sur son visage. Il s’approcha d’elle lentement en détachant son pantalon.

- Je vais vous montrer qui est le maitre ici. dit il.

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