Le mercredi 1er septembre 2021.

C'était censé être un jour comme les autres, mais ça ne l'était pas.

Aujourd'hui, c'est la rentrée des classes. Depuis ma seconde, je suis au lycée de la ville de Bellone. Là où j'ai grandi. Je n'y vais pas tout seul. Il y a ma meilleure amie, elle s'appelle Juliana. Elle a le même âge que moi, 16 ans. On se connait depuis que l'on est tout petit.

— C'est l'heure d'aller au lycée, Milian !

Je suis pressé de revoir ma meilleure amie. Bon, j'avoue, on s'est vus pendant les vacances d'été. Mais, ça a été long de ne pas se voir pendant deux jours.

— J'arrive, maman !

Je suis sorti de ma chambre, j'ai descendu les escaliers. On est sortis de la maison.

— Milian !

Cette voix. Je souris rien qu'à l'entendre.

— Juliana !

Je me tourne et je la vois. Elle a un grand sourire. Je suis aussi content qu'elle, de la revoir.

— Le meilleur duo est de retour !

Je ris. Ma mère se racle la gorge.

— Je vous signale que les cours vous attendent, jeunes gens. Et, vous ne voudriez pas être en retard dès le premier jour. Si ?

Juliana pâlit. Son sourire disparait.

— Oh non ! Pas dès le premier jour !

On est donc montés dans la voiture. Et on est partis vers le lycée. Je n'aime pas les cours, mais le temps passe vite quand Juliana est là.

— Oh non. Je viens de me rappeler qu'on va revoir les professeurs. Dont Monsieur Tarrolf.

Ah oui. C'est vrai. Je crois que c'est le professeur d'histoire. Et, Juliana le déteste. Je n'ai pas encore compris pourquoi, mais selon ce qu'elle dit à chaque fois, c'est parce qu'il parle trop vite. Et qu'on n'arrive pas bien à comprendre ce qu'il dit.

— Qui est ce Monsieur...Tarrolf ?

Ma mère n'aurait pas dû poser cette question. Juliana se lance dans une explication, qui semble durer longtemps. Jusqu'à ce que l'on soit arrivé au lycée.

— On est arrivés.

Juliana s'arrête de parler. Elle soupire. Je ne suis pas ravi, moi non plus. Mais autant dire que comme on est tous les deux, ça va être une bonne journée.

— Travaillez bien !

On est sortis de la voiture, nos sacs sur le dos. On est devant le lycée, et rien que les blablas des gens me donnent mal à la tête.

— Bon. Ça y est. On y est.

Oui. J'aurais préféré que les vacances durent un peu plus longtemps. Au moins un mois de plus. Ça aurait été cool.

— On va être en retard. Viens !

On entre dans le lycée. Rien n'a changé ici. Nous ne sommes pas nombreux, il y a seulement 200 élèves. Certains se connaissent, d'autres non. Mais, la plupart des gens savent nos noms.

— Oh regardez qui voilà ! C'est Juliana et...Ah zut, j'ai encore oublié son nom.

Juliana s'arrête. Moi aussi. Elle prend une inspiration, et elle regarde la fille qui est devant elle.

— Milian. Mi-lian. C'est son nom.

Puis, on reprend notre route. On a monté les escaliers, puis on a attendu devant la salle. La sonnerie n'a pas encore retentit. Mais, c'est une habitude. Juliana a horreur d'être en retard.

— J'ai beau lui répéter ton prénom, elle ne le retient pas.

Peut-être parce que mon prénom est rare. Ou parce qu'il est trop compliqué à retenir.

— Ce n'est pas grave, Juliana. Ce n'est pas comme si c'était des amies.

Elle sourit.

— Ah ça, oui. Ce ne sont pas des amies.

La sonnerie finit par retentir. Le professeur est arrivé. C'est un coup de malchance ? Juliana me regarde avec des yeux ronds.

— Bonjour.

On était tous dans la salle. Le cours a commencé. Ce que j'aime bien dans la première semaine de cours, c'est que les professeurs ne font que de parler. Ils nous expliquent les programmes, s'il y a des changements au niveau du personnel du lycée. On ne travaille pas encore. Et ça, c'est génial.

Quand le premier cours est terminé, et que l'on est sortis de la salle, Juliana semble soulagée.

— Tu as vu comme moi ? C'était Monsieur Tarrolf ! Pourquoi il faut que ce soit encore notre professeur principal ? Il parle trop vite !

Elle continue de parler. J'essaye de lui faire signe de se taire, mais ça ne semble pas l'arrêter.

— Oh, vraiment ? Je parle trop vite, selon vous ? Navré de l'apprendre. Mais, vous feriez mieux de vous occuper de vos affaires, jeune fille.

Juliana pâlit, une nouvelle fois. Elle ne se retourne pas. Le professeur vient de partir.

— Pourquoi tu ne m'as pas dis, plus tôt, qu'il était juste derrière moi ?

Je la regarde mal. Ce n'est pas comme si j'avais essayé de le dire en lui faisant signe de se taire...

— J'ai essayé de te le dire, je te signale.

Ça m'a agacé. On est allés en cours, sans dire un mot de plus. C'était l'heure de la pause. On a mangés tous les deux. Et on est directement sortis du self.

— Milian...Il faut que je te dises quelque chose.

Je m'attends au pire. Est-ce que j'ai fais quelque chose de mal ? Est-ce qu'elle a fait une bêtise ? Qu'est-ce qu'elle veut me dire ? Je stresse.

— Quoi ? Si c'est par rapport à la piscine, je ne t'en veux pas.

Je la vois secouer la tête.

— Non. Ça n'a rien à voir. Je... Écoute...Je...

Mais elle est interrompue.

— Alors, Juliana ? Comment ça se passe les cours ? Toujours avec...Oh c'est drôle, tu m'as dis son prénom, mais j'ai encore oublié !

Juliana soupire. Je pense qu'elle se retient de disputer cette fille.

— Juliana, allez viens. Elle n'en vaut pas la peine.

La fille prend un air moqueur.

— Oui, écoute ton ami. Va avec lui ! Et ne reviens pas me voir !

D'abord, c'est cette fille qui est venue voir Juliana. Pas l'inverse.

— Elle va finir par me rendre folle !

Et voilà ! Juliana est agacée. La fille a réussi à l'atteindre. Encore une fois.

— Juliana...Ce n'est rien. Oublie la. Elle n'en vaut pas la peine.

Je la regarde. Je vois une tristesse que je n'avais pas encore remarqué. Je m'inquiète soudainement.

— Est-ce que tout va bien ?

Je la vois sourire.

— Évidemment ! Je suis contente de te revoir !

Moi aussi, je suis contente de la revoir. Mais, il y a quelque chose qui cloche. Ce n'est pas un jour comme les autres.