Chapitre 2
Le mercredi 1er septembre 2021, le soir.
Hier, quand la journée s'est finie, on est retournés chez nous. Enfin, Juliana est venue chez moi. Je n'ai pas oublié le fait qu'elle voulait me dire quelque chose. La fille qui l'embête depuis la seconde, elle était arrivée pile à ce moment-là.
— Tu en fais une de ces têtes ! Hé oh ! Tu m'écoutes ?
Je reprends mes esprits. Je suis actuellement dans ma chambre, avec Juliana. Elle a dit qu'il fallait que je l'aide pour les devoirs.
— On est obligés de travailler ? Ce n'est pas grand chose. C'est juste un exercice de français.
Juliana me regarde comme si j'avais dis quelque chose qu'il ne fallait pas. Elle tenait une pochette cartonnée, sur lequel elle avait posé la feuille d'exercices de français.
— Milian. Comme depuis la seconde, je continuerais à travailler. Et ce, même si ça me soule.
Je ris. Elle est très sérieuse. Mais, je sais que c'est uniquement pour faire bonne impression.
— Bon, bon, d'accord.
Elle pose la feuille et le support. Elle me regarde.
— Tu veux travailler l'anglais ?
Je soupire. Cette fois, c'est elle qui rit.
— Je plaisantais. Tu aurais dû voir ta tête !
Je suis assis à côté d'elle.
— Tu voulais me dire quoi ?
Je la regarde pour voir comment elle réagit. Elle hausse les épaules.
— Oh, rien d'important. Juste que je ne comprends pas pourquoi cette fille a voulu qu'on s'embrouille. Elle cherche toujours les problèmes.
Ça, ce n'est pas faux. Je l'ai remarqué quand on était en seconde. Je ne suis pas certain de vouloir connaître les raisons de ces embrouilles entre cette fille et Juliana.
— Elle n'en vaut pas la peine, je te l'ai déjà dis.
Elle a l'air stressée. Pourtant, elle n'a pas à l'être.
— Tu es sûre que tu ne me caches rien ?
Juliana me regarde. Et elle fixe le mur.
— Oui, j'en suis sûre. Et toi, tu me caches des choses ?
Quoi ? Cette discussion part en vrilles.
— Bien sûr que non ! Pourquoi tu voudrais que je te cache des choses ?
Juliana est stressée. Je le vois, elle se tortille les mains. Et elle soupire.
— Je me suis encore pris la tête avec ma mère.
Oh. Ça ne me surprend pas vraiment. Elle a toujours eu du mal à s'entendre avec sa mère. Je la comprends. Elle ne voulait peut-être pas que je lui pose des questions sur ce qui s'est passé.
— Elle a dit que je devais te voir moins souvent. Mais...elle ne comprend pas. Tu es mon meilleur ami. Mon seul ami. Tu me connais par coeur.
Sa tristesse est revenue. Je comprends mieux. Mais, pour quelles raisons sa mère voulait qu'elle doive me voir moins souvent ? Je ne comprends pas trop.
— Pourquoi ? Je suis ton meilleur ami. Elle n'a pas à te dire ça. Est-ce qu'elle sait que ça te rend triste de ne pas me voir ?
Je serais dans le même état qu'elle, si ma mère venait à me dire que je devais moins voir Juliana. Sauf que ce n'est pas possible. On ne peut pas ne pas se voir.
— Bien sûr. Mais, tu sais, je crois qu'elle t'en veut depuis le jour où j'ai eu 10 ans.
Ah oui. Le jour de l'anniversaire de ses 10 ans. Ce jour-là, il est gravé dans ma mémoire.
— Oh, mais je n'ai rien fais de mal. Ce n'était pas de ma faute. Mais celle de l'autre garçon, je ne sais pas son nom.
Juliana réfléchit. Au bout d'un moment, elle finit par dire :
— Moi non plus. Tu as raison, ce n'était pas de ta faute, mais de la sienne.
Ma mère est arrivée à la porte de ma chambre, qui était ouverte. Je ne l'ai même pas entendue.
— Juliana, tu sais que je t'adore, mais il faut que tu partes. Vous vous reverrez demain.
Juliana se lève. Elle a un air triste.
— Mais c'est compliqué. Vous savez, on est inséparables. Personne ne peut le faire, même vous.
Ma mère hausse les sourcils. Moi, je ris.
— À demain, Milian.
Juliana me fait un signe de la main, puis elle sort de ma chambre avec ma mère. Juliana a raison. Personne, ni aucune dispute n'a réussi à nous séparer. Et puis, elle a dit que je suis son seul ami. Elle ne prendrait pas de risques pour me perdre. Si ? Je ne dois pas penser à des choses comme ça.
Je suis descendu. Je vais dans la cuisine, et je me sers un verre d'eau. J'entends la porte.
— Ça y est. Elle est partie.
C'est ma mère. Elle avait l'air fatiguée.
— Ça été les cours aujourd'hui ?
Je soupire. Je n'aime pas parler des cours, je trouve ça ennuyeux.
— Comme d'habitude. Les devoirs, les contrôles. Rien qui a changé.
On a déjà un contrôle prévu la semaine prochaine en français. Le professeur n'a pas perdu de temps. Mais, comme il l'a dit " c'est pour vous aider à ne pas oublier les bases du français"
— Vous avez déjà des contrôles ? Bah dis donc ! Vous avez du temps pour réviser au moins ? Ce n'est quand même pas demain ?
Elle a l'air de se faire du souci.
— Non, ce n'est pas pour demain. Si ça avait été le cas, j'aurais déjà révisé. Pour demain, on a juste du français. Et puis, on l'a déjà travaillé avec Juliana.
Ma mère semble soulagée. Elle ne me prend pas pour quelqu'un qui ne travaille pas. Si ?
— C'est bien. Il ne faudrait pas que tu aies une mauvaise moyenne générale, Milian. C'est important.
Je me retiens de lever les yeux au ciel. Ce n'est pas comme si je n'avais pas eu une moyenne générale de 13.50, l'année dernière. Et ce, presque aux trois trimestres.
— Je sais, maman.
L'heure tourne. Il était déjà 18h57. Comme si mon ventre voulait me le faire comprendre, il gargouille.
— Est-ce que tu as prévu quelque chose pour le repas de ce soir ?
J'ai demandé ça, mais je savais déjà à quoi m'attendre. Ma mère a du talent en cuisine, mais ce soir...
— Pizzas. Ça te va ?
Évidemment que ça me va ! Mais j'espère que ce n'est pas celle aux fromages. Je n'aime pas ça. Je préfère celle au chorizo.
— Bien sûr.
Ma mère part en cuisine. Tandis que je mets la table pour deux.
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