Chapitre 4
Le samedi 4 septembre 2021.
Je n'ai toujours pas de nouvelles de Juliana. Qu'est-ce que je vais devenir ? Je n'arrête pas de me répéter que ma meilleure amie a disparu. Comment une chose pareille a pu se produire ?
Vers 13h, je suis allé chez elle. J'ai vu sa mère. Elle était encore plus mal que moi.
—Elle n'a sûrement pas fugué. Je le sais. Je connais ma fille. Elle était heureuse. Et puis, ce n'est pas elle qui a mit sa chambre en bazar. Elle est maniaque.
Si Juliana avait des problèmes, elle m'en aurait parlé. Elle n'est pas du genre à garder les choses pour elle. Par exemple, si elle n'aime pas un professeur, elle est capable de le dire. Et ce, même si ledit professeur se trouve juste derrière elle. Comme M.Tarrolf. Elle est sans gêne.
— Je sais que Juliana était heureuse, Madame.
On était assis à une table ronde. Le silence était effrayant. Je regrette le fait que je disais souvent que Juliana était une vraie bavarde. Son absence se fait ressentir. Et, ce n'est pas agréable du tout.
— Est-ce que tu connais un endroit où elle aurait pu aller ? Si elle n'est pas chez toi...Je ne vois pas où elle aurait pu aller.
Elle était venue faire ses devoirs chez moi hier soir. Il lui est forcément arrivé quelque chose pendant qu'elle était chez sa mère. Mais à quel moment ? Sa mère était absente durant la journée. Et moi j'étais au lycée.
— Je pense qu'il lui est arrivé quelque chose. Je ne sais pas encore quoi, mais quelque chose s'est passé quand elle est retournée chez vous. Elle est venue faire ses devoirs, ma mère l'a raccompagnée jusqu'à la porte, elle a dû la voir rentrer chez vous.
Je vois la mère de Juliana qui tremble. Elle pose sa tasse de boisson chaude et, elle me regarde. Ses yeux brillent, elle retient ses larmes.
— Oui...Elle était sortie pour te voir, ça je le savais. Mais, qu'est-ce qui aurait pu lui arriver ?
Je ne dis rien. Je bois le verre d'eau qu'elle m'a servi si gentiment. Je ne vois qu'une solution : la trouver. Mais, tout seul. Quitte à prendre un risque, je préfère la sauver tout seul.
— Je reviens.
J'ai prétexté que j'avais besoin d'aller aux toilettes, quand la mère de Juliana m'a demandé où j'allais. Je suis sorti de la cuisine. Je suis allé jusqu'à la porte d'entrée, et j'ai monté les escaliers. Je ne suis pas certain que je devrais faire ça. L'étage est calme. À gauche, il y a la salle de bains. À droite, il y a la chambre de la mère de Juliana. Et en face...il y a la chambre...de Juliana. J'avance jusqu'à la porte. Elle est fermée. Je pose ma main sur la poignée. Je prends une grande inspiration. Et, j'ouvre la porte. Sa chambre n'a pas changée. Mais, une chose me retient. C'est le bazar. Tout a été fouillé. Le lit de Juliana est défait. Je pose une main sur ma bouche. La mère de Juliana a raison.
J'ai envie d'appeler la mère de Juliana. Si c'est arrivé pendant la nuit, elle a forcément entendu quelque chose, ce n'est pas possible. Je vois des feuilles de cours sur le bureau de Juliana, mais je n'arrive pas à échapper à un papier. Il est de couleur jaune flashy. Je garde ma main sur ma bouche. Je prends le papier. Mes yeux s'agrandissent. Je suis choqué. Sur le papier, il y a écrit : N'essaye de me retrouver. Et, c'est signé Juliana.
Je hurle. C'est plus fort que moi. Je hurle.
— JULIANA !
Je garde le papier dans les mains. J'entends le bruit des escaliers. Quelques secondes plus tard, je vois la mère de Juliana qui est là.
— Qu'est-ce qui se passe ?
Je me tourne vers la mère de Juliana lentement. Je la regarde. Je lui tends le papier. Elle le regarde avec hésitation, avant de me l'arracher des mains. Elle a la même réaction que moi : elle ouvre des yeux ronds. Une tristesse visible grandit dans son regard. Je n'arrive pas à croire ce que je vais dire. Je n'en reviens pas.
— Peut-être que...Juliana...a été...enlevée.
La mère de Juliana pose les mains sur son visage, faisant tomber le papier. Elle ne retient plus ses larmes.
— Je... n'ai...rien...vu...
Je pleure. Juliana. Ma Juliana. Elle n'est pas en sécurité. Je dois la retrouver. Et ce, même si je dois risquer ma vie. Je ferais tout pour la revoir sourire.
— On va la retrouver. J'en suis sûr.
Je n'en suis pas certain. Mais, il le faut. Pour Juliana. Pour sa mère. Pour moi. Pour sa vie, et la mienne.
— Je suis désolée...C'est...Je...
Elle sort de la chambre de Juliana. Je me retrouve tout seul face à ce bazar. C'est forcément des gens qui sont venus ici. Si la mère de Juliana n'a pas entendu, j'ai besoin d'avoir une explication. En parlant d'elle, est revenue. Elle a une boite, de ce qui me semble être des médicaments, dans les mains.
— J'ai pris...ces cachets... pour le...sommeil...Et...Le stress...
Elle renifle. J'attends la suite.
— Ce sont...des cachets...qui...font dormir...Je...ne...réagis...pas...au...bruit...
Je la vois regarder la boite. Elle souffle. Elle lève la tête vers le plafond, avant de me regarder avec des larmes qui coulent à nouveau sur ses joues.
— Je...suis...désolée...
Je ne sais pas comment je dois le prendre. Est-ce que je dois me dire que c'est de la faute de sa mère si Juliana a disparu ? Ou alors, je dois en vouloir aux gens qui ont emmenés Juliana ? Les deux.
Je ramasse le papier jaune. Je regarde la mère de Juliana. Et, je me retiens de l'engueuler. Même si je sais que je devrais. Mais, je ne veux pas la rendre plus mal qu'elle ne l'est déjà. Et puis, est-ce que c'est vraiment de sa faute ? Si elle avait réagit, si elle avait empêché ces gens d'emmener sa fille, qu'est ce qui se serait passé ? Je ne suis pas sûr de vouloir connaitre la réponse. Des gens ont peut-être emmenés Juliana. Mais où ? Qu'est-ce qu'ils ont l'intention de lui faire ?
Je me demande si...Non. Ma Juliana, elle est forte. Elle ne va pas laisser ces gens lui faire du mal. Je le sais. Je la connais.
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