Célia soupire avec l'air du supplicié.

- J'espère que t'as une bonne raison, menace-t-elle en le rejoignant.

Pour unique réponse, il pointe un doigt légèrement tremblant vers les roues. Une main ensanglantée est collée à l'enjoliveur.

- Ah bah c'est moche.

Elle fronce le front, en état de réflexion intense.

- Les mains c'est pas attaché à un corps d'hab ? Genre là elle est toute seule ?

- Euh... Je pense que le corps c'est celui derrière non ?

Célia fait le tour et éclate de rire.

- Comment c'est trop beau comme rouge ! Je veux le même en rouge à lèvre ! Ou en fard à paupière. Ça serait joli sur les paupières.

Calen la fixe comme si elle est folle - ce qui est probablement le cas, par ailleurs.

- Comme tu peux dire que ça là c'est beau ? On dirait... la viande dans les boucheries sur les sites sur internet de sur mon ordinateur !

- Non mais regarde comment c'est beau ! Y'a des bouts blancs en plus !

Elle bat des mains.

- C'est super trop beau.

Calen lève un sourcil mais ne réplique pas. Après tout, comment la raisonner ?

- Bref, allez, la voiture c'est pas bien finalement.

Guillerette, Célia le suit vers le jardin de derrière.

Maxime, leader

- J'étais toujours par terre quand j'ai entendu tous les cris. Du coup j'ai essayé de me relever parce que j'ai eu peur que le méchant a attrapé Calen et Célia. Pas pour eux hein, je m'en fous d'eux ils sont trop nuls et moches mais je voulais pas être celui que le méchant aurait après. Du coup j'ai été trop fort et je me suis mis sur mes pieds même si j'avais trop mal au cul. J'ai un gros bleu super douloureux sur les fesses. Vous voulez voir ?

Le barbu se lève et tourne le dos. Il tire sur sa ceinture. La caméra se coupe.

Maxime clopine vers le jardin, pensant que le coupable ne l'y trouverait pas s'il est sur le parking. C'est non sans surprise qu'il tombe nez à nez avec Calen et Célia. Si le premier semble avoir pris un coup dans le visage au vu de sa mine choquée, la seconde semble absolument aux anges.

- Vous est arrivé quoi ?

- Rien de bien important, élude Calen.

Le leader plisse le front.

- Si je pose une question c'est pour que moi je veux une réponse même !

Calen croise les bras.

- Oui bah même que je veux pas répondre.

- Oui mais je suis le chef !

- Oui bah t'es nul. Moi je dis faut que tu prouves que t'es mieux que moi.

Maxime réfléchit intensément un instant et de manière surprenante, trouve une idée - une idée ridiculement dangereuse, mais une idée tout de même.

- Tous à la cuisine ! crie-t-il en levant le bras.

Célia et Calen échangent un coup d’œil suspicieux avant de décréter que Max est à suivre. Ils lui emboîtent le pas. Pénétrant la pièce, ils remarquent le leader, planté au centre, l'air absolument ravi. Il tient à la main deux briquets.

La jeune femme s'immobilise.

- Max... Tu sais que c'est pas euh... pas bien comme objet. C'est dangereux. Faut pas faire commencer un feu hein ?

Le barbu éclate d'un rire peu sain d'esprit. Il lève haut ses mains.

- C'est une idée pour savoir qui est le mieux comme chef. On va en prendre un chacun et puis après sous le menton, et puis on allume.

Maxime lance un briquet à Calen qui l'attrape au vol. Un large sourire illumine le visage du second. La mention du feu l’a ragaillardi et il trépigne, excité. Célia, à côté, recule d'un pas. Légèrement plus futée, elle commence à se demander si cette idée est si bonne que le dit le leader. De plus, elle apprécie la petite barbiche de son compagnon, à la fois douce et rugueuse, même si elle est loin d'atteindre le poil dru de Maxime.

Calen approche le briquet de son visage. Il actionne le déclencheur. Le feu projette une lueur dans ses yeux, les faisant briller de folie.

- Que la barbe la plus longue à brûler gagne !

Maxime enfouit le briquet entre ses mèches brunes alors que Calen l'imite. Les poils de ce dernier réagissent instantanément en une brusque et vive flamme. Il hurle. Le feu envahit son visage. Le leader, en face, recule. Son propre déclencheur n'a pas marché.