Vous savez quoi ? Je rêve de beaucoup de choses.

Faisons la distinction maintenant : il y a deux sortes de rêves, les rêves conscients et les rêves inconscients. Ces derniers sont ceux que nous développons dans notre sommeil sans le choisir sciemment tandis que les premiers sont le fruit de notre réflexion.

Mes rêves inconscients sont si étranges que j'ai beau me creuser la tête, je ne vois pas ce que mon cerveau cherche à me dire. Par exemple, il y a quelques nuits, j'ai fait ce cauchemar... Vraiment trop bizarre. Je ne me rappelle pas tout, certains éléments sont flous, mais je me souviens des grandes lignes.

J'étais dans un car rempli d'enfants. Je crois que c'est mon père qui conduisait. Je connaissais ces enfants, mais je ne sais plus pourquoi. Par contre, je voulais sortir. Je suis allée à l'arrière dans le but de sauter par la grande fenêtre (oui, j'allais la casser et sauter sur la route, magnifique l'idée). Mon père s'en est rendu compte et a dit qu'il allait m'aider. Il a donné un coup de volant et nous avons heurté la balustrade, basculant vers le fleuve. Et je me suis donc aperçue que nous roulions sur un pont.

L'image suivante, je suis dans l'eau. Je ne me rappelle pas des mouvements de nage, c'est comme si j'avais juste été debout dans le tourbillon d'eau. J'essayais de grimper dans un grand canot où mon père me tendait la main. Oui, parce que le car s'est transformé en canot et maintenant je veux aller dedans et non plus en-dehors. Les enfants avaient disparu, mais il me semble que mon père n'était pas seul à bord. Sur ma droite, à quelques mètres, il y avait des sortes de talus avec des arbres, et de l'eau qui passait au milieu, entre deux. Le fleuve était un peu plus haut de l'autre côté. J'ai vu une grosse forme sombre et molle glisser par cette faille. Je me suis dit « oh ! Un cadavre » comme si c'était parfaitement normal. Je me souviens avoir songé qu'il y en avait beaucoup ces derniers temps. Alors que je poursuivais mes efforts dans l'approche du canot (bien que je ne me rappelle pas avoir bougé une seule fois), le corps a dérivé vers moi. Il m'a frôlée. Il flottait à la surface, le regard vers le fond. Il était vêtu tout de noir, avec des cheveux sombres, mi-longs, qui formaient un nuage au-dessus de sa tête. Il a commencé à couler devant moi et j'ai pensé que je devais faire quelque chose. Alors j'ai aidé le cadavre. J'ai essayé de le tirer vers l'air, il était vraiment très lourd. Je suppose qu'il a roulé sur le dos car, quand je suis parvenue à le faire crever la surface, c'est son visage que j'ai vu. Je ne m'en rappelle plus. Je sais juste que j'ai été terrifiée, et que j'ai hurlé. Comme si je comprenais l'horreur qui m'avait tout d'abord échappé, celle que j'avais esquivée avec mon insouciant « oh ! Un cadavre. »

Je me suis alors réveillée, à 4 h 30, et je n'ai plus dormi de la nuit. Après ça, les nuits qui ont suivi, j'étais persuadée de voir le noyé derrière ma moustiquaire, accroupi près de mon lit, son visage face au mien.

Vous voyez ? Rêve inconscient. Étrange, peu cohérent. Quel sens lui donner ? J'essaie de fuir (des responsabilités peut-être ? Étais-je mono d'une colo dans le car ?), mon père veut m'aider, ce qui tourne à la catastrophe ? Je me noie et je ne parviens pas à m'en sortir ce qui expliquerait la main vaine de mon père et le corps le lourd du cadavre ?

Un autre exemple : avant ça, mon dernier rêve inconscient est celui d'un bébé patate. Patate dans le sens pomme de terre. Oui, un bébé fait de pommes de terre. Il était vivant en plus. C'était ma petite sœur, je ne sais pas pourquoi je m'en souviens si clairement. Je devais m'en occuper, ou je ne sais plus quoi, et elle a fini par être pressée en purée. Quand mes parents m'ont demandé ce que j'en avais fait, j'ai montré le plat que je venais d'amener à table. Ils étaient horrifiés et j'ai répondu que ce n'était rien, elle était en patate, donc on pouvait la refaire facilement à partir de purée de pommes de terre. Fin. Étrange, n'est-ce pas ?

Mes rêves conscients sont bien plus cohérents, mais vous les trouverez probablement peu distrayants après ces bizarreries.