Tout a commencé avec un devoir de maths

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Un fichu devoir de maths, un exercice de géométrie, avec des triangles. Je m'en souviens parfaitement.

Je n'ai jamais beaucoup aimé l'école, mais c'est en neuvième année que les vrais ennuis sont arrivés. Pas que mes notes étaient mauvaises, non, j'étais plutôt une bonne élève. Mais je m'ennuyais, je tirais au flanc, je prenais place au fond de la classe, à côté de la fenêtre.

Et j'étais malade. Sans arrêt. Mal de tête, mal de ventre, de plus en plus forts, jusqu'à ce que je sois forcée de rentrer chez moi ou de filer à l'infirmerie. Où, bien entendu, je me sentais à nouveau parfaitement bien. Mes parents ne comprenaient pas. Mes amis m'accusaient de faire semblant.

Le jour d'une de ces absences, le professeur de maths avait donné un devoir. Un exercice du livre, à faire dans notre cahier. Construire des triangles, avec des mesures précises indiquées.

Et j'ai voulu rattraper chez moi le travail manqué.

J'ai cru à un piège. Construire une forme, c'est la dessiner sans règle ni équerre, sans mesurer. Je me suis dit que c'était un moyen de voir si l’on avait écouté en classe, une question-piège, donc je n'ai rien fait.

Retour en classe, j'ai appris qu'il y avait une faute dans le livre de maths. Une faute dans le livre, enfin ! Il fallait simplement dessiner ces fichus triangles. Et le professeur m'a accusé de ne pas avoir fait le devoir. Du reste, ça n'aurait pas été la première fois.

Sentence : une heure de colle. Le lendemain, à sept heures trente. Pour une fois que je faisais du zèle ! Pour une fois que j'avais écouté en classe !

Mais je suis venue à l'heure de retenue. Avec ma mère, à qui j'avais tout raconté et qui voulait tirer les choses au clair. Le professeur a prétendu qu'il allait me faire rattraper le travail soi-disant pas fait en classe. Apparemment, la classe avait copié des lignes. Copié des lignes en braille, avec une réglette et un poinçon. Je me souviens encore du message : IL VAUT MIEUX TRAVAILLER EN CLASSE QUE EN RETENUE

Ça m'avait mise hors de moi, mais je n'avais rien dit. Et, au milieu des mauvaises graines, j'avais copié cette phrase inepte. Au moment de partir, j'avais demandé au professeur pourquoi j'étais en retenue. Il avait semblé mal à l'aise.

— Ne fais pas l'idiote, m'avait-il finalement répondu d'un ton badin. Tu es bien assez intelligente pour comprendre.

Mais, de toute évidence, je ne l'étais pas.

Quand j'en avais parlé chez moi, tout le monde s'était un peu énervé. Un peu. Pendant quelques jours. Ma mère en avait parlé à une spécialiste de l'autisme d'Asperger qui suivait mon parcours scolaire, une médiation avec ce professeur a été entreprise.

Et moi, j'ai pensé que tout était réglé.

Je ne pouvais pas me tromper davantage.

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