Jeudi 02 avril 2020

2 minutes de lecture

Je les ai senti avant de les voir.

Les chevaux sont de retour sur le terrain d’à côté. Ils sont là, tous les trois et me regardent faire ma marche quotidienne avec cet air supérieur. Oui, je suis une de ces étranges créatures à deux pattes que vous ne connaissez que trop bien. Et non, vous savez pertinemment que je ne viendrais pas vous donner de carotte !

Ils sont marrants ces chevaux, blancs tous les trois, des chevaux de traits, balèzes. Ils me suivent du regard un moment, mais finalement mes rondes incessantes les lassent et ils se détournent de ma condition futile d’être humain.

Heureusement que je peux compter sur mon chien, toujours fidèle !

Voilà où j’en suis !

Mes interactions sociales se font avec des animaux, qui se rient bien de nos soucis. Est-ce que je vais devenir folle ? Comment allons-nous sortir de cette période de nos vies ? Quelles vont avoir été les conséquences de ce confinement ? Pour ma part, je sens que le mince fil de raison qui me lie à la normalité de ce monde est sur le point de rompre. Je parle aux chevaux, je parle aux plantes, au vent au soleil.... Et quoi, je vais sortir ma dinette et prendre le thé avec les bourdons ???

Non, impossible, j’ai pas de dinette.

Je m’égare.

Pour ne pas devenir plus « étrange » je choisi de m’évader à travers l’écriture et la lecture. Je lis, encore et toujours plus, comme une boulimique je ne connais pas la satiété. De l’évasion, c’est ce dont j’ai besoin. Je deviens l’héroïne des contes que je découvre, et je m’envole. Je suis libérée de mes entraves, je voyage dans des terres lointaines, sur des continents imaginaires, je vis des histoires tragiques, magnifiques, surréalistes, et le temps poursuit sa route sans moi.

La journée est passée sans que je ne m’en rende compte, absorbée dans mes lectures, j’ai occulté le monde autour.

Que s’est-il passé chez moi aujourd’hui ?

Les évènements de la journée me reviennent comme filtrés, comme si je n’avais pas vraiment été là. Je me sens un peu coupable d’avoir déserter le monde réel aujourd’hui, d’avoir peu donner d’attention à ma famille. Cela m’arrive quand je pars dans mes lectures ou quand j’écris. Le monde s’efface, le temps s’arrête et je ne sais plus qui je suis.

Quand je suis revenue à moi en fin de journée, j’ai entendu parler du « déconfinement ». Dans déconfinement, ce que je retiens c’est « déconfit », est-ce un présage ?

Les hommes forts et intelligents de notre Etat, ceux qui ont toutes les réponses, qui ont géré cette crise de façon exemplaire, se pose la question du « après ». Comment sortir de ce confinement ? Région après région ? Par tranche d’âge ? (bah oui, laissons sortir les adultes et pas les enfants qui se retrouveront seuls chez eux ! Ha non... Les enfants d’abord, pour qu’ils errent dans la rue sans adultes pour les surveiller ? Ha, non plus...)

Quelle mascarade.

Je préfère ne plus écouter ces inepties, et me concentrer sur le vrai. Je suis toujours là, saine de corps et d’esprit (quoique...) avec mes enfants et l’amour de ma vie.

Et si les choses empirent, si nous restons coincés ici encore longtemps, que les magasins se vident et que nous ne puissions plus faire de course...

Je vous ai dit que le voisin avait des moutons ?

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