L'ogresse

Une minute de lecture

C’est une femme, la paupière avinée. Harnachée à son corps, l’odeur rance de la soupe oignonesque desquame ses pelures molles jusqu’au tout-à-l'égout.

Elle roule ses fesses amples comme des marmites de ragout et sous ses godasses vertes, les pavés se tassent comme les caribous quand on les prend en chasse. Elle tressaille et s’effondre sur un banc qui grince son décontenancement. Les pigeons se révulsent, leurs ardeurs printanières entravées par des relents d’angoisse.

Du buste du comédien (1800-1875), dont l’impassibilité est de mise depuis qu’on l’a planté, pédant, le regard à la merci des putrides passants, se décèle un rictus qu’il n’avait pas avant. L’air fonce, dégueulasse et l’eau croupie, bouillasse, laisse éclater des bulles au nez des hannetons. Un rat pelé détale, un platane s’enivre d’une chaude pisse.

Sur son banc, la gorgone a sorti d’une poche caverne, les doigts gourds et couverts de résidus visqueux, l’emballage lisse et jaune d’un carambar d’antan.

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