III.
Quelques minutes de Jeep plus tard, le groupe de six personnes se retrouvent devant l'entrée de la grotte. Le soleil matinal se lève derrière le fjord.
- Bon alors c'est là ! annonce Dvorak en sortant son paquetage du coffre de la Jeep et le laissant tomber au sol, J'espère que l'hôtesse d'accueil sera une de ces beautés scandinaves qui me réchauffera le coeur... car on se les pèle ici !
- Désolé de vous décevoir Colonel, mais l'hôtesse ce sera moi !
- Je n'en doutais pas Docteur... Sergents, ouvrez la marche, je serais à l'arrière avec la demoiselle.
- Pfff... souffla Irina en se rapprochant de Jonas et Gregor.
Les deux sergents entrent en premier dans la grotte, leurs lampes torche dans l'axe de leurs mitraillettes.
Le Sergent Caballero est un homme d'origine hispanique, petit et sec, le regard d'un noir profond. Le Sergent Blanchet, quant à lui, n'a pas le profil du militaire avec son double menton et sa petite bedaine mais il inspire confiance. Les trois scientifiques les suivent à quelques mètres et Dvorak ferme la marche en pointant sa lampe torche sur le déhanché d'Irina.
- Bon, c'est pas fini ! Vous êtes un vicieux et je ne vous apprécie guère !
- Vous êtes belle quand vous vous énervez très chère, j'adore ! ... mais restons groupé !
- Grrrr... Et vous pensez qu'on va croiser quoi dans cette glace, le Yéti ? Ici, la seule bête poilu et rustre marche derrière moi en éclairant mon postérieur !
- Colonel Dvorak, respectez mes collègues s'il vous plaît, intervient Gregor en se retournant le doigt accusateur vers Dvorak.
- Si on ne peut plus s'amuser.
- Et en effet, comme le dit Irina, il n'y a rien ici de dangereux, nous n'avons rencontré aucune menace lors de nos précédentes expéditions.
- Tant mieux, mais restons prudent !
Une fois le premier couloir passé, les murs sont composés de glace, des gouttes tombent du plafond dans de petite flaque au sol prête à verglacer. Les bruits des pas et des gouttes d'eau rebondissent sur les parois, tout comme la lumière des torches qui paraît irréelle en ces lieux. Irina, a les yeux rivé sur un appareil de télémétrie qui trace en temps réels les plans en trois dimensions de la caverne en utilisant la résonance des parois avec des ultrasons.
- Prenez le couloir de gauche, dit-elle pour la troisième fois, après les quatre bifurcations à droite et les deux demi-tours.
- C'est quoi ces couloirs, c'est le nouveau labyrinthe de Mickey à la sauce « L'âge des glaces » ?
- Stop, annonça le sergent Caballero en levant la main et serrant le poing. Je viens d'entendre un bruit suspect.
- Euh ... moi aussi colonel ajoute le sergent Blanchet peu rassuré.
Tous se taisent et écoutent attentivement les bruits autour.
- Ce sont des bruits de rivières souterraines affirme Gregor
- Ces parois de glace augmente l'écho, pas de quoi s'inquiéter ironise Jonas en dépassant les deux sergents aux aguets.
- Oui, c'est ça, je la localise sur mon télémètre
- Bon continuons alors.
Le groupe s'aventure plus loin dans les souterrains glacés. Soudain un halo de lumière attire leur attention et se mette à courir dans sa direction. Gregor est le premier à fouler cette parcelle de glace lumineuse formant un cercle au sol. Il regarde au dessus et est stupéfait.
- C'est une sorte de cheminée, on voit le ciel.
- C'est haut ... ou plutôt c'est nous qui sommes bas, dit Jonas en rejoignant Gregor dans le cercle lumineux, les yeux rivés vers la cheminée.
- Nous sommes à 1600 mètres en dessous du niveau de la mer, annonce Irina en alternant son regard entre son télémètre et le conduit de la cheminée, Cette cheminée n'est pas naturelle, elle est trop ... parfaite !
- Comme vous trésor ! Je dis ça, je dis rien ... ce serait pas un système d'aération ? J'ai déjà vu ça dans des igloos ?
- Tout juste colonel, je pense que ceux qui ont construit ces galeries ont eu besoin de ces cheminées pour renouveler leur air. Vous êtes plus perspicace que je ne l'espérais ! On va faire une pause ici pour étudier cette cheminée.
- C'est juste un tuyau de glace ?
- Là, vous me décevez !
- Je me demande comment ils ont pu creuser ça autrement qu'avec une foreuse, se questionne Jonas.
- Bon, pause pour tout le monde ! Caballero, montez la garde !
- Oui mon colonel !
- Bon, ça fait cinq heures qu'on crapahute ... Elles sont où les toilettes ? Ils ne pissaient pas vos aliens ?
- ATTENTION, derrière vous crie Jonas.
Tout le monde se retourne et les militaires pointent leurs armes et leurs torches dans le dos de Dvorak
- J'avais cru voir passer Chewbacca et Maître Yoda derrière vos talons, Achille !
- Et tu te crois drôle l'avorton ?
- Je suis assez content de mon effet !
- Sacré Jonas, dit Gregor en lui tapotant le dos en souriant avant de réajuster son canotier.
- Tu m'as fait peur, ajoute irina en lui pinçant délicatement la joue droite et en posant un petit bisous sur l'autre.
- Ne t'avise pas à recommencer en tout cas, s'insurge Dvorak.
- Si j'ai droit à un bisou à chaque fois, j'vais pas m'priver. Hé hé !
SCRATCH ! SCRATCH ! SCROUNTCH ! SCRITCH !
- C'était quoi çà mon colonel ! S'écrie le Sergent Blanchet
- On dirait que ça vient de partout, ajoute le Sergent Caballero. Le sol tremble !
- Je sais pas, j'aime pas çà ! Vous, les trois intellos, placez-vous au centre du cercle, à genoux ! Caballero, Blanchet, en position !
Gregor, Irina et Jonas s'exécutent, se mettent au centre du cercle de lumière avec leur matériel et se positionnent à genoux. Jonas, s'assoie sur son sac en scrutant la cheminée. Les militaires les encerclent en couvrant toutes les issues, armes en joue.
- Vous ne pensez pas que ce sont des blocs de glaces qui tombent des parois, Docteur Giffard ?
- Possible Jonas, mais nos babysitters s'attendent à voir des monstres ?
- Vos babysitters, elles vous em....
BOUM! BROUM ! BLASTCH ! BRRRR! ZIIIIIII ! GLOUNCH !
Les militaires tombent à terre avec les secousses. Le colonel Dvorak, à genoux, un bras à terre, l'autre tenant sa mitraillette, relève la tête, le regard emplit de rage et de terreur mélangé.
- C'est quoi ce bordel ! J'espère que vous avez des explications Docteur !
- Comme Jonas l'a dit, je pense que ce sont juste des blocs de glace qui tombent des parois !
- Les tremblements paraissent provenir d'en dessous nous, annonce Irina l'air perplexe.
- Et c'est grave ma beauté ?
- Peut-être ...
CRAAAACC !
Tout à coup, la glace sur laquelle ils sont, se fissure en quelques secondes et ils sont tous entraînés dans l'éboulement dans un fracas assourdissant. Leurs cris se répercutent sur les parois glacés. Ils sont en train de glisser sur une sorte de plan incliné très pentu. Dvorak tente tant bien que mal d'essayer de planter un piolet qu'il avait dans son treillis pour freiner sa chute mais la glace est trop dure, et le piolet ne fait qu'effleurer la glace en émettant un crissement suraigu désagréable.
- Je ne sais pas si ça va vous rassurer, annonce Irina qui n'avait pas lâché son télémètre. Mais on est bientôt arrivé au fond !
- Et ça nous avance à quoi, crie Blanchet, on va tous crever !
- Irina, si on s'en sort, je peux t'embrasser ! Supplie Jonas
- En tout cas, la pente s'adoucit !
- Ça c'est une bonne nouvelle Irina ! Répond Gregor en tenant son canotier d'une main. J'ai déjà l'impression de freiner !
- Ok, bon si on ne meurt pas dans la chute, comment on va sortir de ce bourbier ?
- Je ne sais pas encore, Colonel !
- En tout cas, croyez-en mon expérience de parachutisme, ne vous crispez pas à l'atterrissage. Sinon vous allez vous blesser !
- Ne pas me crisper, t'en as de bonne Achille !
- JONAS, on dit colonel !
- Oui, ben, c'est pas le moment !
- Non, ça c'est sûr, ironise Gregor.
- Attention, ça va freiner sec !
- Jesus, sois miséricordieux avec nous, prie Caballero en se faisant des signes de croix, le regard dans le vide.
- Je ne sais pas si ça va nous aider, mais c'est bien de ne pas être égoïste sergent !
- Plus que cinquante mètres …
- Relaxez-vous !
- Je ne veux pas mourir, crie Blanchet. Pas comme çà !
- Tu ne m'as pas répondu Irina, ça me relaxerait ! implore Jonas les yeux fermés.
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