V.
Chacun leur tour, ils traversent le mur translucide et restent bouche bée quant à ce qu'ils y voient derrière. Le sol est recouvert d'herbe, d'arbres, des animaux inconnus gambadent un peu partout. Le plus curieux est ce ciel rougeoyant, à première vue, il n'est pas naturel, il a la forme d'un dôme. Plus loin, on aperçoit un lac, une forêt et des chutes d'eau.
- C'est paradisiaque ?
- C'est le paradis, je vous dit !
- Caballero, arrêtez avec vos insinuations religieuses !
- C'est tout bonnement magnifique, allons explorer les lieux ! Je veux en savoir plus, ordonne Gregor avec impatience.
- Gregor, mon télémètre ne fonctionne plus, il n'a pas dû apprécier de franchir ce champ de force.
- Ah ? On fera sans alors !
- Euh, C'est curieux, je n'ai plus du tout mal à la cheville.
- Un miracle, je vous dit, un miracle !
- Lâchez-le Caballero ! Blanchet, essayez de marcher !
Caballero s'exécute et lâche avec prudence Blanchet, ce dernier pose le pied au sol. Puis il commence à marcher. Puis il se met à courir dans l'herbe et à se rouler de joie dans l'herbe.
- Merci Blanchet pour la démonstration ! Sergents, reprenez vos armes !
- Bien Colonel ! ... un miracle chuchota Caballero.
- Je propose d'aller au centre du Dôme, qu'en pensez-vous Docteur ?
- J'allais le dire !
- Sergents, couvrez nos arrières, je ne sais pas quels bêtes se terrent ici. Soyons prudents !
- A vos ordres Colonel !
Le petit groupe marche en direction du lac en traversant une plaine dont l'herbe est grasse et verdoyante. L'écoulement d'une chute d'eau se fait de plus en plus fort. Le plus curieux est le vent, un vent faible et chaud mais agréable qui leur caresse la peau du visage. Le groupe fait une petite halte pour enlever les anoraks avant de reprendre leur route en longeant le lac. Ce dernier recèle de vie animale, dont certaines espèces n'existent pas ou ont disparus il y a bien longtemps de nos ruisseaux.
- Je me demande bien où on peut être ?
- Là, c'est sûr personne ne va vous croire Docteur, ironise Jonas
- La faune ici me rappelle mes études du Crétacé ... J'ai l'impression que l'évolution ici a suivi une voie différente de celles en surface.
- Tant que vous me dites que l'on ne va pas croiser de dinosaures, ça me va ma belle !
- Je n'ai pas dit ça ! Ce que je dis, c'est que l'évolution s'adapte à l'environnement. Et ici, l'environnement est restreint au Dôme. Nous sommes dans une espèce de Microcosme.
- Ce qui implique qu'il doit y avoir des prédateurs mais qu'ils n'ont pas la taille d'un T-Rex !
- Exactement, Jonas ! Mais rien ne dit qu'une autre espèce plus féroce soit au sommet de la chaîne alimentaire.
- Sur terre, c'est bien nous qui sommes au sommet, non ?
- Euh ... oui colonel ! Pourquoi cette question ?
- Et bien ce sera pareil ici ! Sergents, ouvrez grand les yeux !
Les animaux regardent passer le groupe avec méfiance et le suivent du regard. Il y a même des animaux volants velus qui les surveillent d'en haut. Soudain, Dvorak fait un signe du poing, et incite le groupe à s'asseoir dans la broussaille.
- Qu'y a t'il colonel ? Murmure Jonas
- J'ai cru voir briller quelque chose à la lisière de la forêt ! Sergent, mes jumelles !
Blanchet lui tend les jumelles et Dvorak regarde dans la direction de la forêt.
- Effectivement, nous sommes épiés par une grosse bête !
- Elle ressemble à quoi ? Demande Gregor
- Une grosse bête avec des écailles sur le corps, une tête velu avec une crinière et des ailes …
- Dans notre jargon, on appellerait ça une chimère. Passez moi les jumelles Colonel.
- C'est un sphinx, un gardien des portes du monde souterrain dans la mythologie Égyptienne, s'exclame Caballero.
- Vous dites n'importe quoi sergent !
- Peut-être pas colonel, dans beaucoup de légende, le Sphinx existe, mais il est souvent représenté avec une tête d'humain et un corps de lion comme le Sphinx de Gizeh. Mais apparemment, nous avons à faire à une sorte de chimère s'en rapprochant.
- Vous allez pas me dire qu'on va croiser des chiens à trois têtes, des dragons et plein d'autres bêtes affreuses …
- Rien n'est moins sûr, colonel. Vaut mieux rester prudent !
- On n'a qu'à lui coller un pruneau entre les yeux et continuer notre route.
- Je suggère qu'on reste discret et qu'on avance doucement suggère Irina
- Des coups de feux risqueraient de rameuter des bêtes encore plus féroce.
- Soit ! Alors, contournons la forêt à bonne distance.
Dvorak distribua une arme à chacun d'eux, la menace des chimères étant là, il fallait pouvoir se défendre. Chacun eut droit à une ceinture avec un couteau de chasse et un pistolet à main. Une fois harnaché, le groupe poursuit son avancée dans les plaines en restant à plusieurs centaines de mètres de la forêt, alerte aux moindres bruits suspects.
- Comment un espace aussi grand a put être dissimulé de nos sondes ?
- Je pense que le champ de force s'étend à tout le dôme, Gregor. Et je pense qu'il a dû perturber nos appareils terrestres ... si je peux dire terrestre !
- Ce champ de force a peut être aussi le rôle de cacher l'existence de ce lieu, ajoute Jonas
- Ben moi, j'ai deux mots à dire à ceux qui ont fait ce bordel !
- C'est le créateur ! C'est Dieu ! Nous sommes dans son vivier à expérimentation génétique !
- Caballero, vous commencer à vraiment me les gonfler avec vos bondieuseries.
- Oui, en tout cas, je ne suis pas du tout rassuré, conclue Blanchet. Même si je n'ai plus mal à la cheville.
- Dvorak, j'aperçois un édifice à quelques kilomètres, annonce Gregor.
- Ça c'est une bonne nouvelle !
De loin, l'édifice ressemble à un igloo géant en pierre recouvert de verdure, il est sur une île parfaitement ronde à première vue et de la lumière s'échappe de son toît. Le groupe s'en approche avec méfiance et reste aux aguets d'une chimère opportuniste. Devant l'arche d'entrée de l'édifice, Gregor s'arrête face à un grand écriteau taillé dans la roche écrit dans un dialecte inconnu.
- ça ressemble à des runes !
- On va faire une pause ici, Sergents, sécuriser le périmètre et établissez un campement.
- Bien colonel !
- Des runes ? Mais de quand date cette stelle ? Demande Irina.
- Je ne sais pas, ma connaissance des runes est des plus primaires.
- D'après ce que j'arrive à comprendre, dit Jonas, un passage parle de naissance et de renouveau.
- Je vois que tu as plus de notion que moi dans les runes cher Jonas, tu m'étonneras toujours.
- Un autre passage parle d'évasion et de grand voyage, mais c'est assez obscure.
- Je pense que pour en avoir le coeur net, il faut entrer !
- Avant ça, on va ripailler, j'ai faim ! Exulte Dvorak. Et il fait presque nuit !
- C'est vrai, je ne l'avais pas remarqué ? Pourtant le ciel est artificiel, c'est une image, nous sommes sous terre.
- Il doit y avoir un système dans ce bâtiment qui régule les journées et le temps. Il doit surement aussi gérer les saisons virtuellement, explique Jonas.
- C'est une technologie qui me dépasse, imaginez une telle technologie appliquée à toute la planète. On pourrait choisir la météo au jour le jour. Du soleil sur les plages, de la pluie sur les récoltes, de la neige sur les montagnes, de la …
- Oui, bon, ça va, on a compris ma belle ! À table, le cassoulet lyophilisé est servi !
Le repas donna lieu à divers échange sur la technologie, sur les hypothèses d'un tel lieu. Caballero soutenait sa thèse divine, Jonas argumentait sa thèse d'une civilisation antérieure à l'humanité actuelle, Dvorak proposait des idées saugrenues à propos d'extra-terrestres. Blanchet, quant à lui restait prostré et silencieux. Gregor et Irina étaient confrontés à leurs idéologies de scientifiques et à ce qui les entouraient.
- Sergents, on va passer la nuit ici, on fera des roulements de surveillance toutes les 90 minutes. Je prends le premier tour. Aider nos amis à s'installer confortablement.
- A vos ordres mon Colonel !
- Bonne nuit Achille, clame Jonas en s'emmitouflant dans son duvet.
- Bonne nuit petit ! Bonne nuit à tous !
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