Chapitre 11 : Le choix du roi
Un silence pesant s'abattit sur les loges. Les mains de ses sœurs restèrent figées telles des statues de glace. R'yline se retourna pour voir se découper la silhouette massive du roi dans l'encadrement de la porte.
— Femmes ! Ce soir, mon fils choisira l'une d'entre vous pour partager sa couche. Soyez conscientes du privilège qui vous est offert. Je compte sur vous pour vous montrer à la hauteur, vous savez ce qui attend celle qui me décevra.
Les pensées de la favorite s'agitèrent. Le roi tournait déjà les talons. Elle devait saisir cette opportunité en or. Alors que sa main se posait sur son flanc, son corps se redressa et se dirigea vers la sortie. Elle rattrapa le souverain quelques toises plus loin.
— Mon Seigneur, pour la première de votre héritier, il lui faut découvrir le meilleur de ce que la gent féminine a à lui offrir. Ainsi, il vous sera redevable.
— Débrouillez-vous avec la matrienne !
— Je vous propose de dépuceler votre héritier.
Le regard ombrageux du roi se posa sur elle. La Naïadienne peinait à contrôler les tremblements de son corps. Elle attendit le coup, tête baissée, les yeux fixés sur les chausses de son maître.
— Tu es mienne, une autre peut s'en occuper, asséna-t-il d'un ton plus affûté qu'une lame.
— Mais...
— M'eline fera très bien l'affaire. Elle est experte des jeunes premiers et saura l'initier comme il se doit.
Pas cette garce ! pensa aussitôt la favorite. Elle ne laisserait sa place à aucune autre, encore moins à cette arriviste de première.
— Sir Oyfos s'est plaint d'un manque d'entrain récemment, osa-t-elle.
Heureusement, cette indiscrétion lui revint à point nommée à l'esprit. Mieux valait ne pas mentir, mais évincer ses concurrentes aussi longtemps qu'il le faudrait.
— Eh bien D'lyss ! Tu commences à me faire perdre patience !
R'yline frémit mais ne perdit pas courage. Ses années de pratique lui permirent de maîtriser sa voix pour en effacer les chevrotements et y insuffler des notes suaves.
— Vous connaissez sa rétience pour certaines... formes de pénétration. En offrant le plus prestigieux à votre fils, il sera en devoir de vous offrir le meilleur en retour.
— Tu as conscience que tu m'appartiens, rappela-t-il.
Elle s'approcha pour baiser les doigts de son roi et lécher délicatement chaque extrémité.
— Je vous suis toute dévouée. Vos intérêts sont ma priorité.
Un instant d'éternité s'écoula. La favorite attendait la sanction. Le roi lui attrapa rudement le menton, leva sa tête vers son visage, serrant sa prise.
— Soit, et demain tu seras de nouveau mienne.
La danseuse vit dans l'éclat du regard ce qu'il lui en coûterait. Elle déglutit avec peine. Puis un afflux victorieux parcourut ses veines : ce soir, elle s'épargnerait son bourreau et ferait de l'héritier son amant.
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