Chapitre 13 : Proposition insolite

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R'yline fut traversée par un flot d'émotions contradictoires : tout d'abord la surprise, rapidement suivie de la peur, un soulagement de courte durée muant en appréhension.

Elle suivait le prince dans un silence de mort. Cela l'angoissait davantage que les éclats orageux de son paternel. Finalement, il était le digne fils de son père. Certes, il ne la prendrait pas dans le couloir mais la forcerait à partager sa couche comme n'importe quel homme. Il profiterait sans aucun doute de l'occasion pour punir sa témérité. Quels sévices lui réservait-il ? Elle préférait ne pas y penser.

Sa main effleurait déjà ses côtes.

Il la fit entrer sans ménagement dans sa chambre.

— Ôte ta capuche.

Serrant le livre d'une main, elle souleva le vêtement avec hésitation.

— Il m'est difficile de parler à une ombre.

Le regard du prince était à la fois dur et doux, un mélange des plus déroutants.

— Voilà ce que je te propose : ce soir, tu dois partager mon lit.

La Naïadienne se raidit.

— Je n'ai aucune envie de te prendre ce soir, poursuivit-il d'une voix neutre. Et tu n'as aucun droit sur l'ouvrage que tu tiens dans tes mains. Tu diras à mon père que tu m'as dépucelé comme il s'y attend et je ne dirai rien sur le livre que tu as subtilisé. Si on me le demande, je répondrais que je l'ai moi-même emprunté.

R'yline n'en croyait pas ses oreilles ! Son visage ahuri induisit le prince en erreur.

— Je ne pense pas que ce soit un si grand secret qu'aucune femme, Eflamme ou non, n'a partagé mon lit.

R'yline devait lui répondre. Il lui offrait sa protection. Il devait sûrement préférer les hommes. Pourquoi cette pensée explosa en elle à ce moment précis ? Cela lui donna envie de rigoler. Elle fit passer cela pour une quinte de toux.

Il posa sa main sur son bras. Le contact était chaud et tendre, comme rarement elle en avait connu de la gent masculine.

— Est-ce que vous allez bien ?

Elle redressa sa tête et osa le regarder dans les yeux. Les ombres orangées dansant dans ses yeux bruns l'hypnotisèrent.

— Je... Veuillez m'excuser. Je ne veux pas vous sembler impolie. En toute honnêteté, je n'étais pas préparée à une telle proposition. Habituellement, quand un homme invite une femme dans ses appartements, il...

La main du prince se crispa légèrement sur son bras. Cela l'incita à poursuivre.

— Je ne sais comment vous remercier. J'accepte votre proposition. Que souhaitez-vous que je transmette au roi concernant...

Elle pointa le lit par des mouvements des yeux. Il passa sa main sur son visage puis soupira :

— Je crois que tu es mieux placée que moi pour savoir ce qu'il faut répondre. Je te fais confiance.

— Merci, votre Altesse.

— Je ne suis que prince.

Il lâcha son bras. Une sensation de vide l'envahit au même instant, suivi de peu par une vague de chaleur ondoyante qui la parcourut de la tête aux pieds.

— À partir de ce jour, vous êtes mon roi, affirma la Naïadienne avec conviction.

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