Chapitre 15 - Possession

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R'yline se dirigeait avec légèreté vers les appartements du roi avant qu'elle ne réalise comme l'objectif qu'elle s'était fixé avait complètement été écarté à son insu. La favorite avait profité d'une conversation agréable, sans plus se préoccuper de son statut ni de celui de son interlocuteur. Que lui arrivait-il ?

Ses pensées continuèrent de dériver, cocktail savoureux de douceur, d'insouciance et d'un soupçon de frustration d'avoir délaisser ainsi ses projets. Elle eut l'impression que l'alcool avait momentanément embrumé son esprit. Pourtant ils n'avaient pas toucher le moindre verre.

À mesure qu'elle se rapprochait, ses traits s'assombrirent, cette nuit devenant un joli rêve dont la matérialité s'évaporait peu à peu pour laisser place à la contrariété du dessein avorté, et l'angoisse de son entrevue imminente  avec le roi.

Elle toqua à cinq reprises comme le lui avait demandé son maître. Lorsqu'elle ouvrit la porte, le roi était aussi nu qu'un nouveau-né, l'excitation exhibée entre ses jambes musclées. Il lui fit signe d'approcher. La danseuse referma la porte et s'avança d'un pas mesuré.

— Alors ? gronda-t-il.

La Naïadienne sourit. 

— Le prince sera bientôt à la hauteur de la réputation de son père. Il demandait encore après moi alors que je devais vous rejoindre. Je crois qu'il a vite pris goût aux plaisirs féminins.

Arrivée à portée de main, le souverain lui attrapa les poignets et la plaqua rudement contre le mur le plus proche. Il lui agrippa sans ménagement le menton.

— N'oublie pas à qui tu appartiens !

R'yline paniqua. Ses pensées s'affolaient. Le sourire timide du prince se peignit en grand dans son esprit. Une soudaine envie de pleurer la submergea. Son corps lui intimait de fuir, loin. Une douleur au flanc la percuta. Pourtant le roi n'avait pas bougé. Le souvenir avait ravivé le mal. Avant de succomber à la terreur, la Nymphe visualisa ses mains en cercle, l'eau en lévitation. La danseuse retrouva assez de calme pour accepter sans se débattre.

Au même instant, le roi pressa ses lèvres sur les siennes, poussa sa langue, la forçant à ouvrir la bouche pour laisser le serpent se faufiler. Il lui mordit la lèvre inférieure tout en venant frotter son membre durci contre ses jambes. Un nouveau souffle d'angoisse la pétrifia. Elle voulait fuir. Une larme risquait de rouler sur sa joue.

R'yline se vit petite fille hurler en silence alors que son premier propriétaire la pénétrait. Les griffes de l'horreur enserrèrent sa gorge.

Elle n'était plus une victime ! Elle était la favorite. La danseuse réduisit l'image de la fillette pour la placer dans un recoin de son âme et posa sur son visage le masque de séductrice. Sa langue titilla celle du roi alors que son bas-ventre ondulait sur le sexe tendu. Peu à peu les réflexes revinrent et le souverain ne tarda pas à la retourner contre le mur pour la prendre sauvagement par derrière. Il lui rappelait ainsi qui était son maître. Le prince n'avait été qu'une agréable parenthèse.

Les mouvements brutaux la ramenèrent au présent, son pubis en feu criait de douleur. Elle prit sur elle de contenter son roi, espérant le faire jouir plus rapidement. Enfin, ce dernier poussa un grognement bestial, agrippant rudement les hanches bleutées.

Alors qu'R'yline espérait être congédiée pour la matinée, son seigneur lui ordonna d'aller trouver D'lyss. La Nymphe frissonna.

— Je peux seule...

— Je n'ai pas requis ton avis ! Ramène-la et vite !

La danseuse courut à travers les couloirs alors que quelques perles de souffrance s’envolaient malgré elle dans les airs. Essoufflée, elle frappa à la porte de son amie et entra.

— Désolée D'lyss, le roi nous demande.

L'effroi envahit les traits de son amie avant qu'elle aussi ne pose son masque de courtisane. R'yline dut lutter contre son corps pour poser la main sur la poignée et ouvrir de nouveau la porte des appartements royaux.

— Touchez-vous !

D'lyss referma la porte puis les deux femmes s'approchèrent du lit et s'embrassèrent. Au moins, ce contact était délicat et tendre. Mais l'appétit de l'Eflamme était loin d'être rassasié. Plus le temps passait et plus la Nymphe agissait par automatisme, à demi-prédatrice, à demi-poupée de chiffon. Son corps était souffrance mais ses gestes jouaient pour elle les faux-semblants.

Ce ne fut qu'en rejoignant sa chambre que la jeune femme s'autorisa à verser en silence un flot continu de larmes. Le sourire du prince apparut de nouveau dans un coin de son esprit. Sa douceur était l'antithèse de la bestialité du souverain. Comment pouvait-il être le fils de cet animal ?

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