Chapitre 17 - Paralysée
Une douleur la saisit en essuyant ses yeux inondés de larmes. R'yline s'approcha du miroir et constata la longue griffure sur sa tempe et le bleu sur sa pommette. Elle frémit à l'idée de ce qu'elle allait découvrir sous ses vêtements, elle voyait déjà les stigmates sur ses membres dénudés : de larges ecchymoses sur ses jambes et les marques de lacérations sur son bras gauche.
La Nymphe s'assit devant sa coiffeuse et attrapa son maquillage. Mue par une longue pratique, elle recouvrit le prix de sa nuit avec le prince. Son visage flottait toujours devant ses yeux. Elle n'avait pas souvenir de s'être sentie aussi apaisée auprès d'un homme. Même avec son ancien et unique amant. Kamal l'avait écoutée avec un intérêt non feint, elle avait apprécié l'étendue de ses connaissances et la façon de les conter avec pédagogie. R'yline ne regrettait pas la souffrance subie en échange de ce moment de douceur. Elle constata avec étonnement que si c'était à refaire, elle en paierait de nouveau le prix sans hésitation. Une douce chaleur naquit dans le creux de son ventre et se diffusa dans sa poitrine.
Elle sursauta. On toquait à sa porte.
La favorite se figea avant de déposer son masque de courtisane sur ses traits couverts de maquillage. Le roi la faisait-il de nouveau mander ? Il devait pourtant lui aussi être fatigué de ces ébats prolongés. R'yline pensa à son amie, elle espérait que D'lyss avait été plus épargnée. Elle pleura intérieurement le supplice de D'lyss qui n'était responsable de rien.
On frappa à nouveau avec plus d'insistance.
R'yline se leva d'un mouvement fluide, ses médaillons tintèrent. Elle ouvrit la porte et se figea. La main sur la poignée tremblait. C'était la première fois depuis de très nombreux solemnum qu'elle perdait le contrôle d'elle-même. Que faisait-il ici ?
— Comment allez-vous ?
— Bien, merci. Puis-je vous être utile ? se força-t-elle à articuler.
Kamal fronça les sourcils, la poussa doucement sur la gauche et referma la porte. Il se tourna de nouveau vers elle et l'observa longtemps. R'yline était incapable du moindre mouvement. Elle aurait voulu l'effleurer ou engager une conversation badine pour tenter de le séduire. Son corps refusait. Elle contenait du mieux possible les tremblements qui la gagnait peu à peu.
— Qu'a-t-il fait ?
— De qui parlez-vous ?
— De mon père.
Son air se fit soudain sévère et ses poings se crispèrent. Avant qu'elle ne réponde, il passa ses doigts sur le maquillage le long de sa tempe.
— Qu'a-t-il fait ? demanda-t-il à nouveau d'une voix glaciale.
Son corps resta paralysé. Ses idées se bousculaient. R'yline était convaincue qu'il n'était pas dans les habitudes du prince de s'emporter froidement. Que savait-il ? Pouvait-elle tirer parti de la situation ? Était-elle capable de l'utiliser de la sorte ? Pourquoi la chaleur dans son ventre s'intensifiait ? Ne sachant que faire, la Naïadienner restât immobile comme une statue de glace miroitant sous les rayons du soleil.
Soudain, il mit ses mains sur ses épaules tout en pénétrant son regard, puis la serra dans ses bras.
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