Chapitre 19 - Le masque

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Le vide. Froid, angoissant, immense.

R’yline sentit l’eau de son corps se geler, ses membres pris de tremblements de plus en plus violents. Une parcelle de sa conscience se dirigea instinctivement vers la source de son pouvoir pour raviver le flot du liquide vital. Mais elle fut balayée par les éclats de givre qui menaçaient son équilibre mental.

Elle avait cru…

Qu’avait-elle cru au final ? Que l'héritier la désirait toute entière ? Qu’il avait de l’intérêt pour qui elle était ?

La persona construite solemnum après solemnum refit d’un coup surface. Elle ne devait se centrer que sur ses intérêts, asseoir sa position de favorite sur la prochaine génération royale. Cela seul comptait. Cela seul avait un sens.

Elle était la favorite.

Et le resterait.

Les chevrotements incontrôlés cessèrent peu à peu. Pour autant, la Nymphe se sentait toujours aussi sèche de toute étincelle de vie. Son feu crépitant qui avait soudain dansé en elle avait été soufflé sec sous les claquements des pas puis le clic de la serrure fermée désormais, comme son cœur.

On toqua à sa porte.

L’espace d’un instant, elle espéra. Son corps réagit aussitôt pour se précipiter vers le battant avant que la voix de D’lyss ne lui parvienne .

— R’yline, on nous attend pour répéter l’spectacle d’la fête sélénaire.

— Je suis là, répondit la danseuse en ouvrant d’un geste brusque.

Les deux amies marchèrent en silence.

— Tu vas bien ? s’enquit son amie.

— Oui, répondit R’yline de son air hautain coutumier.

D’lyss expira.

— Tant mieux. Tu m’as fait une d'ces drôle d’impression toute à l’heure et j'n’aime pas t'savoir en peine.

Le corps de la favorite se raidit imperceptiblement avant de se tourner vers sa compagne .

— Le prince est, et sera mien, déclama-t-elle avec conviction, le menton légèrement relevé.

— Tu n’as pas peur qu’il soit pire que son père ?

— On a appris à encaisser, rétorqua-t-elle plus froidement qu’elle ne l’aurait voulu.

D’lyss avait touché la vérité sans le vouloir : d’une certaine manière, le prince était pire que son père, il l’avait faite espérer, l’avait rendue vulnérable l’espace d’un instant. Cette faiblesse était pire que tout. Les coups, la vie lui avait appris à les encaisser. Le cœur brisé était plus dur à réparer.

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