Chapitre 22 – Fissuré

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Son père avait-il envoyé R’yline pour parfaire d’achever son éducation en matière de femme ? Cela lui ressemblait bien.

Kamal ressentait toujours au fond de lui une vibration chaque fois que la voix mélodieuse de la Nymphe parvenait à ses oreilles. L’expérience tout juste vécue lui permit de repousser l’envoûtement de la danseuse. Il ne souhaitait qu’une chose : être seul et se laver. Il frissonna. Il sentait à nouveau la bouche de l’Eflamme sur ses parties intimes. L’odeur musquée de son parfum. Il eut un violent haut-le-cœur.

Un contact léger et doux.

— Répondez-moi, je vous en prie ! Vous avez l’air au plus mal.

L’inquiétude contrastait avec la douceur de sa voix. Une soudaine envie de rassurer R’yline prit possession de lui. Mue par une énergie qu’il ne savait définir, il sentit son corps pivoter, attraper les doigts fins et les poser sur sa joue. Le contact le transporta. Réminiscence des moments de réconforts offerts par sa nourrice. Étincelle au cœur de la nuit.

La danseuse posa sa main libre sur l’autre joue et s’approcha. Kamal croisa un court instant son regard. Cette parenthèse sembla durer une éternité, immergé dans l’océan infini de ce bleu hypnotique.

Une fissure. Il la sentait le lézarder en deux, déchirer sa raison d’un coup vif : presser ce corps frêle contre le sien tandis qu’une autre partie de lui voulait fuir. Loin. La frapper même, de le rendre ainsi démuni, hésitant, soumis à sa raison défendante.

Comment pouvait-elle ainsi lui faire perdre ses moyens ? Était-il… Non, il se refusait de mettre en mot ou en pensée cet élan qui le portait irrémédiablement vers elle. Il n’était pas comme les autres hommes. Si tel avait été le cas, il aurait sans aucun doute joui de la présence de Mutine. S’il tel était bien son nom.

Il devait simplement retourner à la bibliothèque pour y apaiser son esprit. Le jeune Eflamme tenta de faire un pas. Son corps refusa de bouger.

Seul.

Il voulait désespérément être seul.

Alors pourquoi ne pouvait-il ôter les mains sur ses joues ? Pourquoi toutes les fibres de son corps refusaient la perte de cette douce chaleur qui semblait lui maintenir la tête hors de l’eau ?

La main de la Nymphe se posât sur le front brûlant du prince.

— Mais, vous êtes souffrant !

A n’en pas douter. Mais aucunement du mal qu’elle s’imaginait.

R’yline lui attrapa la main, se retourna, et, s’en laisser la place à la moindre protestation, l’emmena à sa suite.

— Je vais vous préparer le remède miracle de mon amie D’lyss.

Il tenta de protester, mais son corps s’y opposait. Ses pieds suivirent la cadence de la danseuse et, étrangement, il se sentit d’un coup plus léger.

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