Chapitre 31 – Mensonge ?
Le doute s’insinuait sournoisement en son sein. Il s’était joué d’elle ! Et elle avait plongé corps et âme ! Comment l’idée d’entrouvrir le cadenas de son cœur avait-il pu ne serait-ce que l’effleurer ?
Il y avait toujours un prix.
Celui-ci serait la désillusion, l’espoir brisé.
La Naïadienne désirait ardemment la colère, légitime et salvatrice. Pourtant, dès que l’image du prince se présentait à elle, la danseuse ne percevait qu’un élan d’affection suivi de peu par des remous mélancoliques.
La courtisane n’était qu’un fantasme, une brève illusion de beauté et de jouissance. Ce qu’elle était et désirait importait peu, du moment que le client se voyait contenter. Le prince lui avait offert une nuit d’extase, aurait-elle pu espérer autant d’une transaction ? Car après tout, leur relation n’avait été rien d’autre que cela, un contrat commercial : un mensonge contre un secret.
R’yline sentit enfin une colère sourde monter peu à peu, embraser son corps, irradier dans chacun de ses membres. Une fureur à l’image de l’Essence Eflamme : sauvage, brute et corrosive. Cette dernière était dirigée contre elle, de s’être laissé piéger par l’appel des sirènes de l’amour. Elle était la sirène qui appelait à cette illusion et non l’inverse. Comment en être arrivée là, à risquer ainsi sa place ?
Pourtant…
Pourtant, sans pouvoir le formuler, elle percevait quelque chose de singulier avec Kamal. La favorite se sentait en confiance, à l’abri, chez elle. Avait-elle le droit désespérer ?
Partager entre toutes ces émotions contradictoires et ces doutes incessants R’yline fut prise dans un vent violent qui s’obstinait à souffler par rafales pour la mettre sens dessus dessous.
D’une façon ou d’une autre, cela devait prendre fin : soit elle étouffait dans l’œuf ses sentiments naissants et déjà ô combien trop envahissants, soit elle succombait, acceptant les périls que cet élan engendrerait.
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