Chapitre 34 – Le revers de la médaille

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R’yline eut tout juste le temps d’arriver à la bassine avant de rendre de la bile. C’était la troisième fois qu’elle vomissait depuis que le roi l’avait congédiée. Seule sa volonté l’avait empêchée de flancher devant son maître. Ce dernier semblait décidé à lui faire payer chaque solaris passé à contenter l’héritier au trône. Elle n’avait même pas pu profiter des deux nuits d’absence du roi, trop meurtrie du vide laissé par le prince.

Elle sentit des larmes rouler sur ses joues. L’effet du prince sans doute ? Il avait ouvert les vannes qui ne semblaient pas s’être taries depuis. Elle tenta de se mettre debout malgré la douleur sur les côtes et dans le dos. Le tissu de la robe ravivait sans cesse les blessures encore fraîches.

Le souverain avait laissé libre court à son imagination et ses instincts les plus bas, l’attachant par les membres pour la fouetter allègrement dans le dos avant de la prendre directement dans cette posture inconfortable, le corps ruisselant d’un mélange de sang et de lymphe. Cela n’avait été que le début d’une longue nuit ponctuée de copulations brutales et de coups. Plusieurs courtisanes étaient venues les rejoindre pour pimenter les jeux sexuels royaux. Nouvelle montée acide qu’R’yline ne put contenir.

Le souverain avait été au-delà de toute la sauvagerie dont il avait jamais fait preuve à son égard. Pire que ses anciens maîtres ? Probablement. Son bas-ventre brûlait encore des assauts bestiaux. Elle n’osa pas regarder l’état de son entrejambe. Tremblante, la danseuse se força à se mettre debout afin de s’observer dans un miroir. Elle fit choir la tenue transparente dont il l’avait revêtue, désormais maculée de carmin. Il n’y était pas allé de main morte. Une dizaine d’ecchymoses auréolaient sa peau, sans parler de son dos où de longues estafilades tentaient tant bien que mal de sécher. Elle nota qu’il avait consciencieusement évité son visage.

Une peur panique l’envahit lorsqu’une pensée la traversa : survivrait-elle à ces sept solaris ?

On frappait à la porte.

Cette interruption fut comme une bénédiction, ne plus se centrer sur la douleur ni sur une possible fin tragique. Après tout ce qu’elle avait enduré, cela ne pouvait finir ainsi. La favorite attrapa le peignoir posé sur sa chaise, le noua et entrouvrit le battant.

Son cœur s’emballa.

La danseuse fut incapable du moindre mouvement. Il ne devait pas la voir ainsi. Elle ne voulait pas qu’il l’abandonne. Ces pensées contradictoires la figeaient.

Elle se sentit poussée en arrière, le vit entrer, refermer la porte et fixer le sol.

— Le fumier ! Il a recommencé !

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