Chapitre 36 – Alitée

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R’yline sentait des mains s’activer sur elle, et une voix de femme grave et douce. Puis une porte que l’on ouvre et une voix plus jeune et celle de… de Kamal.

Elle ouvrit les yeux pour voir le prince répondre avec empressement aux commandes des deux O’rocs qui s’activaient autour d’elle. Il semblait proche de la plus jeune. Trop proche ? Malgré son corps endolori, la Naïadienne sentit un étau serré sa poitrine.

Elle voulut se redresser mais une main la guida de nouveau vers les couvertures :

— Ne bouge pas.

La voix pourtant douce renfermait une autorité naturelle qu’R’yline se sentit incapable de contredire. Il lui fut impossible d’estimer le temps passé. On lui déposait sur son dos une substance douce et légère qui emportait une part de sa douleur. Puis on la fit rouler d’un côté puis de l’autre pour appliquer un bandage.

— Kamal, sors.

Elle vit le prince hésiter avant de se positionner juste devant sa chambre et de fermer la porte. Alors la vieille O’Roc écarta les jambes rougies en douceur, retint une expression contrite puis appliqua les soins sur les chairs meurtries. Lorsque les cataplasmes furent posés sur plus de la moitié du corps, la jeune O’roc tendit une tasse à la soigneuse qui l’offrit à R’yline.

— Tiens, bois ceci, cela aidera à soigner les plaies. Ma fille prépare une autre décoction pour favoriser ton sommeil, je ne peux ôter toute la douleur mais dormir est nécessaire à ta guérison.

— Merci. Pour tout.

— Kamal me l’a demandé et de toute façon je n’ai jamais refusé un soin à celui qui en avait besoin.

— Je préfère qu’il ne me voit pas ainsi. Pouvez-vous lui demander de partir, je vous prie ?

— Je pense que cela te ferait du bien mais je comprends. Je n’ai jamais supporter que l’on me voit affaiblie, encore plus ceux qui me sont proches. N’est-ce pas ma fille ?

— Attends, laisse-moi réfléchir. J’ai bien dû te voir pleurer une fois…Mmmh, il y a plus d’une dizaine de solaris quand papa est décédé.

La vieille dame soupira et hocha la tête.

— Il me manque toujours autant.

La jeune O’roc vint poser ses mains sur les épaules de la soigneuse.

— Nous avons quelques visites à faire chez nos patients.

— Tu as raison et cette jeune demoiselle a besoin de repos.

R’yline n’entendait pas distinctement les échanges entre les deux femmes et Kamal mais elle entendit ses protestations répétées jusqu’à ce qu’il finisse par capituler. Cette femme avait décidément une autorité naturelle impressionnante. Combien pouvait se targuer de tenir ainsi tête à un prince ? La favorite en fut soulagée, elle ne voulait pas de pitié ni d’excuses. Elle avait fait un choix et se devait de l’assumer, jusqu’au bout.

La disparition de la souffrance déposa sur R’yline un voile d’épuisement et la Naïadienne sombra dans un profond sommeil.

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