Chapitre 38 – Faire un choix

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R’yline avait répondu avant même de pouvoir étudier la question. Elle fut étonnée de cette réaction loin de ses habitudes. Elle s’était astreint à analyser chaque proposition et opportunité sous toutes les coutures avant de prendre position. Elle ne pouvait nier l’effet troublant provoqué par la proximité du prince.

La danseuse mit un point d’honneur à ne faire aucun bruit malgré la souffrance occasionnée par le changement de tenue. Cette dernière s’avérait de bien moindre facture, un coton grossier sans doute, mais du moins était-ce confortable et chaud.

Elle suivit Kamal jusqu’à une carriole. Au vue des détours et arrêts que ce dernier opérait dès qu’un bruit de pas se faisait entendre, cela ne faisait aucun doute qu’il optait pour une évasion. Elle prit sur elle de supporter dans un silence absolu les élancements électriques dans son buste et les brûlures croissantes dans son dos.

Sa main tremblait au moment où le prince lui fit signe de le suivre à l’intérieur :

— Je… Je ne peux pas.

Le regard de Kamal très dur était voilé d’une urgence désespérée qui la toucha en plein cœur :

— Tu préfères attendre un accident ? Cela ne fait que deux solaris et regarde l’état dans lequel il t’as mis ! Je ne vais pas attendre chaque prochain solaris jusqu’au terme de l’accord à me demander si tu es toujours en vie.

Que pouvait-elle répondre à cela ? Qui avait, un solaris, porté attention à son bien-être ? Pour autant, pouvait-elle risquer sa place pour une aventure assurément sans lendemain ? Une fois lassé, le prince rentrerait docilement chez lui, la queue entre les jambes alors qu’on la pendrait haut et court pour trahison. Si ce n’était pas un retour direct dans les bordels insalubres.

— Je… J’ai travaillé tellement dur pour cette place.

— Je ne peux pas vivre en te sachant menacée. Je ne peux concevoir les mains de mon père posées une nouvelle fois sur toi !

Une boule douloureuse naquit dans sa gorge, l’empêchant de parler.

— Fais-moi confiance veux-tu ? Certes, c’est risqué mais certainement moins que de rester ici.

— Pour toi, peut-être. Mais quand tu te seras ennuyé de m’avoir à tes côtés ?

Elle retint avec difficulté les larmes qui se pressaient.

— Comment peux-tu dire cela ? Je… Et de toute façon, tu crois sincèrement que mon père sera plus clément envers moi ? Je suis son seul héritier, mais rien ne lui interdit de s’en prendre à ceux que j’aime. Et leur fin sera longue… s’empressa-t-il de répondre, les phalanges blanchies de serrer fortement les poings. Je les mets d’ailleurs sans doute en danger en te conduisant à l’abri.

Il regarda le sol pour masquer l’anxiété à l’idée des tortures que le roi pourrait inventer pour Manielle et Enaëlle afin de lui faire regretter son départ. Cette déclaration fit tomber toutes les barrières de la Naïadienne. Personne ne s’était jamais mise à risque pour elle. D’lyss une fois en prenant un client violent à sa place pour lui épargner d’aggraver une fêlure à la côte. Devait-elle accepter ce cadeau ?

Le paysage chancela.

Le prince la retint dans ses bras.

N’avait-elle pas le droit au bonheur ? Sa tête s’embruma, les oreilles bourdonnaient et des points valsaient tels de petits insectes dans son champ de vision. Dans cet état second, elle s’entendit répondre :

— Allons-y !

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