Chapitre 47 – Préparatifs
Cette parenthèse d’intimité lui avait fait un bien fou. Ne plus penser à la captivité imminente. Ne plus penser à toutes les raisons portant à l’échec de cette mission ô combien périlleuse. Ne plus penser. Juste ressentir.
Comme toute parenthèse, éphémère comme une bulle de savon, elle venait d’éclater en morceaux.
Tôt le matin, Kamal c’était afférer à rédiger quelques missives, celles qui scellaient le dernier solaris de liberté de la Naïadienne. Certes, temporaire, mais la jeune femme était terrorisée à l’idée que ce ne fut pour toujours. L’idée d’une vie qui lui appartiendrait pleinement ne l’avait jamais traversé. Après tout, elle avait été vendue comme une vulgaire marchandise. Mais avoir goûter au libre-arbitre et à l’amour de surcroît, rendait l’idée de la captivité au-delà de la limite du supportable.
Fuir ? L’idée s’immisçait sournoisement susurrant à ses oreilles son égoïsme séduisant.
R’yline s’y refusa malgré tout. Elle avait fait un choix. Celui de ne plus se focaliser sur sa seule personne. La danseuse se leva pour trouver son point d’ancrage assis à son bureau. Elle arriva silencieusement derrière le dossier et enlaça Kamal. Celui-ci se raidit un court instant sous l’effet de la surprise avant de basculer la tête en arrière en soupirant.
— Tu es sûre ?
Sa tête hurla : Non !
— Oui.
Le prince caressa les joues de la danseuse.
— J’aurais aimé trouver une autre solution, souffla-t-il. Si tu changes d’avis sur la route, fais-le savoir. Tu es libre de ton choix. Entendu ?
Quelle chance elle avait ! Un homme si prévenant et soucieux de son bien-être et qui l’aimait de tout son cœur.
— Merci, dit-elle simplement en l’embrassant.
— C’est censé être une réponse ?
R’yline sourit.
— Oui. Je te remercie de me laisser les rênes de mon existence, et je ne changerais pas d’avis. Et puis, passer son temps à s’inquiéter de la menace de ton père, ce n’est pas une vie. À tes côtés, je veux une existence fabuleuse, pas une demi-vie.
Le visage de la danseuse devint soudain emplit d’une profonde tristesse.
— Que se passe-t-il ? s’inquiéta le prince.
— Aurais-je une place de choix auprès du roi Eflamme ? Car c’est bien qui tu seras après le décès de ton père…
— Tu… commença Kamal.
— Je sais, tu m’as demandé de te faire confiance. J’ai… J’ai juste peur que ce bonheur que je tiens en main pour la première fois de ma vie ne m’échappe. Je ne l’ai jamais désiré, mais l’avoir effleuré… Ce serait insupportable de ne pas t’avoir pour moi !
— Je suis tien, comme tu es mienne, la rassura Kamal en se levant pour la serrer contre lui.
Les bras d’R’yline agrippèrent fermement la chemise du prince.
— Merci d’être là. Je ne me sens plus seule grâce à toi.
— Merci à toi de m’ouvrir à l’amour. Je t’aime !
— Je t’aime par-dessus tout !
Par peur de craquer devant lui et ainsi le faire renoncer à leur mission, R’yline sortit prendre l’air. Incapable de rester seule, ses pas la menèrent directement chez L’Oïse. Cette dernière était en train d’affûter le tranchant d’une arme de jet. La favorite l’assista en silence. Elle ne voulait pas de mots. Juste s’oublier dans le travail.
V’gor parut peu avant le déjeuner, alors qu’elles étaient toujours absorbées à leur tâche.
— R’yline, il est temps.
Elle hocha la tête. La favorite serait capturée le lendemain, si tout se déroulait selon le plan, mais mieux valait quitter la rébellion maintenant pour éviter des adieux encore plus déchirants. Il aurait été trop difficile de passer sa dernière nuit auprès de Kamal sans risquer de perdre totalement ses moyens. V’gor resterait avec elle dans l’auberge qu’ils avaient réservée. Puis les soldats débarqueraient. Comme elle avait hâte que tout cela soit derrière elle ! Mais avait-elle le droit d’espérer la liberté ?
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